LASMARIES Roger, Eugène

Par Jean-Claude Paul-Dejean, Claude Pennetier

Né le 22 mars 1898 à Hendaye (Basses-Pyrénées), mort le 17 janvier 1977 à La Tremblade (Charente-Maritime) ; docker, calibreur, petit commerçant en charbon ; militant syndicaliste et communiste des Basses-Pyrénées.

Fils d’un « matelot des douanes », Eugène Lasmaries dit Mimiou, titulaire du CEP, fut clerc d’huissier de treize à quatorze ans puis docker. Il adhéra, en 1913, au syndicat des ouvriers métallurgistes de Boucau, peu de temps après son entrée aux Forges de l’Adour comme apprenti. Mobilisé en 1918, il revint à l’usine d’où il fut renvoyé pour sa participation aux grèves de mai et d’octobre-décembre 1920. Il alla travailler alors à Tarbes aux « Constructions électriques de France » ; il fut secrétaire du syndicat de l’entreprise et, à ce titre, prit la tête d’un mouvement de grève en 1923 qui toucha les Ports-et-docks ; licencié une deuxième fois, il s’établit à Boucau ; il fut embauché au DAVUM comme chef d’équipe et contre-maître.

Il avait adhéré au Parti socialiste en 1920 puis au Parti communiste après le congrès de Tours. Son autobiographie de 1933 fut bien accueillie par la commission des cadres qui le classa « A » et ajouta « bon ». Elle précisa cependant : « Ne donne rien sur situation militaire. A dû s’engager puisque la classe 18 n’a été incorporée qu’en 1917 ». Lasmaries indiquait en effet, sans précisions, qu’il avait été matelot électricien.

Jusqu’en 1935, il déploya une grande activité et exerça d’importantes responsabilités. Secrétaire du comité d’action et d’unité prolétarienne de Boucau, membre du bureau régional (Région pyrénéenne), secrétaire régional du Parti communiste dès la création de la région en 1926, il fut délégué au congrès de Saint-Denis en 1929.

Il avait été élu, en 1925, sur la liste du Bloc ouvrier et paysan, conseiller municipal et adjoint au maire, Maurice Perse. Il fut reconduit dans ces fonctions en 1929. Candidat aux élections législatives de 1928 dans la 1re circonscription de Mont-de-Marsan (Landes), il recueillit 920 voix, 5 % des suffrages exprimés.

Eugène Lasmaries fut, sinon l’initiateur, du moins un des principaux animateurs de la grève qui, en mai-juin 1930, paralysa les Forges de l’Adour. Cette attitude lui valut d’être révoqué de son poste d’adjoint au maire, d’être condamné par le tribunal de Bayonne à deux mois de prison « pour entraves à la liberté du travail et provocation de militaires à la désobéissance », enfin d’être renvoyé du DAVUM ; il devint alors marchand de charbon. « Je gagne modestement ma vie » écrit-il.

Ces incidents ne l’empêchèrent pas de poursuivre son activité militante. Il fut candidat du parti dans le canton de Saint-Jean-de-Luz (Basses-Pyrénées) en 1931 (58 voix), dans la 1re circonscription de Mont-de-Marsan pour les élections législatives de 1932 (2 070 voix, 13 % des suffrages exprimés), dans le canton de Morcenx à deux reprises en 1934 (il obtint 703 et 741 voix). Le 17 juillet 1934, il succéda à Maurice Perse à la tête de la mairie de Boucau et, au mois de décembre, il fut élu membre du secrétariat collectif du rayon Boucau-Bayonne qui venait d’être réorganisé.

Après cette date, son rôle politique décrut et il ne figura pas sur la liste des candidats au conseil municipal de 1935. Il se consacra au secrétariat du bureau fédéral de l’ARAC et à la présidence du comité d’entraide des réfugiés espagnols.

En janvier 1936 il fit l’objet d’une sanction de la part du bureau régional et d’une menace d’exclusion. Une conférence d’information du rayon de Boucau fut réunie par le secrétaire de la commission des cadres et elle approuva à l’unanimité les sanctions et le retrait de sa présentation aux élections de Mont-de-Marsan au profit de Landabaure. : « Toute faute nouvelle de Lasmaries entraînerait l’examen de son exclusion. » On ignore ce qui est reproché à ce militant.

En 1942, Eugène Lasmaries était astreint à résidence surveillée à Boucau.

Il était marié avec Lucie Marcaut, fille d’un blanchisseuse, ménagère, sympathisante communiste. Lasmaries garantissait sa discrétion en la disant « très renfermée ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article116124, notice LASMARIES Roger, Eugène par Jean-Claude Paul-Dejean, Claude Pennetier, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 3 décembre 2020.

Par Jean-Claude Paul-Dejean, Claude Pennetier

SOURCES : RGASPI, 495 270 776, vers 1933 : classé A. — Arch. Nat. F7/12760, F7/13013. — Arch. Dép. Landes, 3 M 180, 181, 498, 502, 503, 504 et 5 Ms 167. — L’Étincelle. — État civil de Hendaye.

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