LATARGET Raymond

Par René Lemarquis, Antoine Olivesi et Claude Pennetier

Né le 17 juillet 1911 à Laon (Aisne), mort le 2 septembre 1946 à Jouy-en-Josas (Seine-et-Oise) ; dirigeant régional puis national de la Jeunesse communiste avant 1939 ; membre suppléant du comité central du PCF en 1945.

Raymond Latarget
Raymond Latarget

Raymond Latarget était le fils d’Alexis Latarget*, retraité des PTT et membre du PC depuis le congrès de Tours, et d’une mère qui cultivait un jardin maraîcher dont elle vendait des légumes au marché de Laon. Son frère et deux beaux-frères étaient sympathisants communistes ainsi qu’une sœur mais l’autre sœur s’était mariée à un Camelot du Roy, clerc de notaire à Laon, alors qu’il faisait son service militaire. Après l’école primaire, Raymond Latarget fut éleve de treize à seize ans à l’école pratique de Laon (annexe du lycée) et obtint un certificat d’études pratiques industrielles. Il commença à travailler en octobre 1928 comme apprenti menuisier puis fit son service militaire au 168e RI à Thionville d’octobre 1932 à octobre 1933. Il suivit le peloton d’élève caporal mais, absent à l’examen car malade, il quitta l’armée soldat de 1re classe. Il fit par la suite ses 21 jours de réserve au Camp de Sissonne en avril 1935 et diffusa alors La Caserne. Il se maria le 22 avril 1939 à Saint-Jean-Cap-Ferrat (Alpes-Maritimes). Amateur de football, il était membre dès 1929 de l’Association sportive des cheminots de Laon.

Raymond Latarget affirmait, dans son autobiographie du 31 août 1935, avoir eu « l’Humanité dans ses mains » depuis l’âge de huit ans et demi mais il adhéra en 1931 à la section de Laon des Jeunesses socialistes « en accord avec le PC [car] il n’y avait pas de JC à Laon ». Il devint sociétaire de la section puis, en février 1932, secrétaire départemental de l’Aisne. Au congrès national de Clermont-Ferrand des JS de cette année, il s’éleva contre le rapport moral de René Dumon et démissionna le 5 mai 1932, entraînant la majorité des adhérents d’Athies-sous-Laon dans l’adhésion à la Jeunesse communiste entre les deux tours des élections législatives. A partir de cette date, il milita aux JC, sauf pendant son service militaire, et au PC auquel il adhéra le 1er janvier 1935.

Il participa au 7e congrès national des Jeunesses communistes à Montigny-en-Gohelle (Pas-de-Calais) du 11 au 15 juin 1932, comme délégué de la région Nord-Est. Nommé secrétaire de la région Aisne-Marne, il fut délégué au congrès d’Ivry en février 1934. En juin de cette année, il suivit une école du parti d’un mois. Il fut ensuite nommé secrétaire de Paris-Ville des JC jusque avril 1935 puis participa à la direction nationale de la fédération des Jeunesses communistes soit à l’administration, soit dans des réunions de propagande (dans les Côtes-du-Nord). Après avoir travaillé à la Famille nouvelle, il devint permanent rétribué par l’organisation. Il faisait partie de la cellule Clignancourt des JC et de la cellule Championnet du PC. Après s’être rendu à Moscou en octobre 1935, il fut, à son retour en mars 1936, nommé secrétaire adjoint des JC et, en août 1938, il fit partie de la délégation française au IIe congrès mondial de la Jeunesse, à Vassar College (New-York). Depuis 1929, il faisait partie du Syndicat unitaire du bâtiment puis du syndicat des HCRB après 1934 par suite de son emploi à la Famille nouvelle et à la Région Paris-Ville des JC. Il fut également secrétaire (« jeunes ») du Comité d’Amsterdam et au SRI (Secours rouge international)

En 1938, le Conseil exécutif de l’ICJ avait prévu, en accord avec Raymond (sans soute Guyot), le séjour à Moscou d’un dirigeant de la Jeunesse communiste française pour un travail prolongé. Léonce Granjon* était prévu pour ce détachement. Or, dans une lettre du 15 octobre 1938, le secrétaire du CE, Michel Wolff, qui avait préparé les visas pour Granjon et sa famille s’étonnait auprès de G. Cogniot de leur remplacement par Latarget et lui demandait la cause de ce changement. Cogniot répondait qu’il ignorait tout de cette question mais qu’il pouvait assurer « que le camarade Latarget est un très bon camarade parfaitement capable ». Le Xe congrès des JC tenu à Paris en mars 1939 fut marqué par le renouvellement de la direction et le renforcement du pouvoir de Victor Joannès*, André Leroy et R. Latarget. Selon la police, sa femme était aussi présente à Moscou.

La déclaration de la Seconde Guerre mondiale le surprit alors qu’il était à Moscou avec Julien Airoldi et Raymond Guyot. Ils revinrent en France en passant par Stockholm vers le 7 ou le 8 septembre 1939.

D’après le témoignage de Raymond Barbé* (Laffaurie) — qui avait demandé à Latarget de prendre la direction du PC clandestin dans le Var et les Alpes-Maritimes avant son arrestation le 19 octobre — Latarget fut désigné pour le remplacer à Marseille, sous les ordres d’André Caresmel*, et se trouva donc responsable unique de la Région marseillaise de la fin décembre 1940 au début avril 1941. Pendant l’hiver 1940-1941, il rencontra [ Jacques Duclos. Selon Madeleine Baudoin, Latarget accepta l’appui de Joseph Pastor*, qu’il rencontra à Marseille en décembre chez le militant Dell’Anno où il logeait. Il le nomma instructeur dans le Var et convoqua également Jacques Mecker. Au mois d’avril 1941, Latarget échappa de justesse à l’arrestation et dut quitter Marseille où il fut remplacé, semble-t-il, par un syndicaliste venu de Lyon, Antonin Dumas.
Il travailla alors pour les services clandestins du parti, sous le pseudonyme de Nestor, et assura ainsi, en septembre 1943, l’accueil d’Aurore Thorez, de Maria Pauker et de Maurice Thorez Junior d’Aliens à Senlis, après l’assassinat de Fried à Bruxelles.

Le Xe congrès du PCF (Paris, 26-30 juin 1945) le désigna comme membre suppléant du comité central. Latarget fut premier secrétaire de la Fédération Seine-Nord, puis, à partir de mars 1946, un des secrétaires de la fédération de la Seine, derrière Raymond Guyot, et avec Raymond Bossus et Louis Picard. Domicilié chez Yvonne Bonin (2e adjointe de Clichy-sous-Bois), il fut élu conseiller municipal de Clichy en mai 1945.

Il mourut, victime d’un accident d’avion en septembre 1946. Il avait emprunté un vol militaire à Villacoublay pour se rendre à Nice et rejoindre Saint-Jean-Cap-Ferrat. Une rumeur de sabotage circula sans que rien ne vienne l’étayer. Selon son chauffeur, il serait descendu plusieurs fois de l’avion avant le départ, sans doute inquiet devant l’état de l’appareil. Le Parti communiste organisa des obsèques grandioses. Raymond Latarget repose au Père Lachaise dans le carré des dirigeants communistes et ouvriers.

Il avait trois enfants, un fils né en juillet 1939 à Moscou, un autre né en 1944 en Normandie, et une fille, Raymonde, épouse Doizié, née le 11 juin 1941 à Saint-Jean-Cap-Ferrat où sa mère habitait chez ses parents.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article116184, notice LATARGET Raymond par René Lemarquis, Antoine Olivesi et Claude Pennetier, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 12 novembre 2022.

Par René Lemarquis, Antoine Olivesi et Claude Pennetier

Raymond Latarget
Raymond Latarget

SOURCES : Arch. PPo. 89, 11 mars 1941 ; Arch. PPo. 100, 31 janvier 1937. — État civil de Laon. — Archives du Komintern, Moscou, RGASPI 495 270 41 (autobiographies des 3 février 1934 et 31 août 1935). Questionnaire d’entrée en URSS du 25 octobre 1935. Lettre du secrétaire du CE de l’ICJ, Michel Wolf, à Georges Cogniot du 15 octobre 1938. — Cahiers du bolchevisme, n° 10, octobre 1938. — Cahiers de l’Institut Maurice Thorez, n° 5, octobre-novembre 1973. — Madeleine Baudoin, Témoins de la Résistance en région 2, Thèse, dact., t. III, p. 642-643. — M.-P. Bernard, Les Communistes dans la Résistance, op. cit., t. 1, p. 82, 95. — J. Varin, Jeune comme JC, Paris, Éditions sociales, 1975. — Jacques Duclos, Mémoires, op. cit., t. 3, p. 111. — G. Bourgeois, Communistes et anticommunistes pendant la drôle de guerre, Thèse de IIIe cycle, Paris X Nanterre, 1983. — Témoignage de Raymond Barbé. — Renseignements communiqués par sa fille, Raymonde Doizié-Latarget.

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