LAURENS Léon

Par Yves Le Floch

Né le 19 octobre 1883 à Cherbourg (Manche), mort le 11 août 1921 à Cherbourg (Manche) ; ouvrier typographe, puis journaliste et imprimeur ; fondateur des Jeunesses syndicalistes de Cherbourg en 1904 ; secrétaire général de la Bourse du Travail de 1906 à 1913.

Né dans une famille très misérable de Cherbourg, Léon Laurens, apprenti typographe à l’âge de quatorze ans, travailla ensuite à l’imprimerie Le Maout puis au journal radical Le Réveil. Encouragé par son milieu professionnel et très travailleur, il s’attacha, aidé en cela par deux professeurs du lycée, à connaître les doctrines socialistes, fondant en février 1904 un groupe de Jeunesses syndicalistes, dont il fut le secrétaire actif jusqu’en 1906. Devenu alors secrétaire général de la Bourse du Travail de Cherbourg, il fut élu secrétaire de l’Union départementale à son troisième congrès (juin 1909). Présent à ces titres aux congrès confédéraux d’Amiens (1906), Marseille (1908), Toulouse (1910) et Le Havre (1912), il fut durant ces quelques années, avec Hippolyte Mars, le principal militant syndical de la Manche. C’est à cette époque qu’il rejoignit la SFIO, ainsi que la Libre pensée, la Franc-maçonnerie et la Ligue des droits de l’Homme à la tête de laquelle il fut un court moment sur le plan local.

En 1910, les organisations ouvrières de la Manche, c’est-à-dire la SFIO et la CGT de l’agglomération cherbourgeoise, se dotèrent d’un journal commun, Le Travailleur, devenu peu après L’Avenir de la Manche. Bon orateur, déjà secrétaire de la « Lyre syndicale », Léon Laurens était animé du désir d’écrire et une véritable vocation de journaliste se révéla chez lui. Il publia régulièrement dans l’organe ouvrier diverses chroniques artistiques et littéraires, ainsi qu’un premier roman feuilleton. Ayant perdu sa femme Germaine en avril 1910, il s’installa à la Bourse, travaillant à l’imprimerie de L’Avenir de la Manche, dont il devint facilement rédacteur en chef en novembre 1913, abandonnant le secrétariat de l’Union départementale. C’est à cette occasion qu’Alexandre Burnouf accéda à la tête de l’Union. En août 1914, la mobilisation ayant considérablement réduit les effectifs des diverses organisations, L’Avenir de la Manche devint le centre du mouvement socialiste et syndical dans la Manche et Léon Laurens l’investit facilement, lui imprimant une ligne extrêmement chauvine, et devint le délégué de la Fédération socialiste au Conseil national. Il remplit durant sept mois le journal d’articles contre les « Teutons » en général et la social-démocratie en particulier, l’associant au comité de la presse locale qui, toutes tendances confondues, organisait des dons à l’armée et des journées patriotiques. Mobilisé en mars 1915, il resta sur place au service de ce comité et décida le sabordage de L’Avenir, qui avait perdu ses lecteurs, au mois de juin suivant. Après le retour de Burnouf (évadé en 1916), il fut de ceux qui s’inquiétèrent de son pacifisme et le contraignirent à quitter le logement qu’il s’était vu attribuer à la Maison du Peuple.

Secrétaire de la section socialiste de Cherbourg en 1918, et toujours membre du conseil d’administration de la Bourse, il perdit du terrain lorsque la fin des hostilités amena le retour des mobilisés. Candidat au conseil d’arrondissement, avec Léon Agneray, en décembre 1919, il se vit préférer Charles Voisin par la Fédération. Sa nouvelle qualité de petit patron imprimeur et d’éditeur de son propre journal, Le Crachin, le desservit certainement auprès des militants qui attendaient de grandes batailles syndicales en 1919 et 1920.

Seule la scission du Parti socialiste SFIO le fit revenir au premier plan. Il fut membre en décembre 1920, avec A. Burnouf, H. Mars et A. Morel, du comité de résistance socialiste local, puis du bureau provisoire de la Fédération, reconstituée sans lendemain le 25 janvier 1921.

Léon Laurens mourut en août 1921 et fut enterré à Cherbourg : l’Union départementale, la Loge maçonnique et la Ligue des droits de l’Homme s’associèrent à la cérémonie pour un dernier hommage.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article116324, notice LAURENS Léon par Yves Le Floch, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 4 janvier 2021.

Par Yves Le Floch

ŒUVRE : Chroniques dans L’Avenir de la Manche ; articles dans Le Crachin. — La Revanche (roman), 1910 et Le revers de la médaille (roman) publiés en feuilleton dans L’Avenir.

SOURCES : Arch Nat F7/13607. — Le Travailleur. — L’Avenir de la Manche. — Revue de la société normande littéraire et artistique, novembre 1921.

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