LAURENT Eugène [LAURENT Edme, Eugène]

Par Justinien Raymond

Né le 30 mars 1863 à Jouet-sur-l’Aubois, ci-devant Saint-Germain-sur-l’Aubois (Cher), mort le 22 novembre 1933 à Nevers (Nièvre) ; ouvrier ferblantier-plombier ; militant socialiste et député de la Nièvre.

Eugène Laurent était le fils aîné d’une famille de quatre enfants ; son père était garde-canal. Après avoir fréquenté l’école primaire et appris son métier, il se fixa à Nevers et bientôt adhéra au premier groupe socialiste du département fondé en 1894 et qui était affilié au Parti ouvrier socialiste révolutionnaire (POSR). S’il fut surtout un militant politique, il ne négligea pas l’action corporative : il fut à l’origine de la création de la Bourse du Travail de Nevers en décembre 1895 et fut délégué aux 2e et 3e congrès de la CGT : Tours (septembre 1896) et Toulouse (septembre 1897) où il fut rapporteur de la 4e commission sur la grève générale (cf. c. rendu, p. 105).

Il fut un des fondateurs de la fédération socialiste de la Nièvre. Beaucoup de ses groupes constituants étaient dus à l’effort de propagande de ce militant à la parole vibrante ; il joua un rôle déterminant au congrès d’organisation tenu à Nevers le 13 février 1897. Le 23 décembre 1899, la fédération nivernaise décida de quitter le POSR ; sous l’influence d’Eugène Laurent, fort engagé dans la bataille dreyfusarde, elle se rapprocha de Jean Jaurès et elle adhéra au Parti socialiste français (PSF) au lendemain du congrès de Lyon (1901). Avec lui, elle entra dans la SFIO en 1905 et Eugène Laurent la représenta au congrès d’Amiens (1914).

Il la conduisit avant la Première Guerre mondiale à maints succès électoraux. S’il fut battu aux élections cantonales à Nevers (juillet 1898), avec 1 469 voix sur 4 065 votants, il y fut élu premier conseiller général socialiste du département, en 1904, par 3 448 suffrages, et réélu en 1910 par 3 622. Après avoir quitté pendant un an Nevers pour Moulins, Laurent s’était, au début du siècle, établi à son compte à la tête d’une petite entreprise de ferblanterie-plomberie : plus libre, il continua à militer comme au temps où il était salarié. En 1902 et en 1906, il échoua aux élections législatives dans la 1re circonscription de Nevers avec 3 455 et 6 441 voix. En 1910, il fut battu de quelques centaines de suffrages (il en réunissait 4 570) dans l’arrondissement de Cosne-sur-Loire. En 1914, il y battit le député sortant par 9 047 voix au scrutin de ballottage : il en avait réuni 5 605 au premier tour. Il était alors conseiller municipal de Nevers. Candidat aux élections sénatoriales de 1906, Laurent avait obtenu 85 voix.

Pendant la guerre, il défendit jusqu’au bout la politique de défense nationale. Aux élections du 16 novembre 1919, J. Locquin, placé en tête de la liste socialiste, fut seul élu : Laurent recueillit 21 983 voix, la moyenne étant de 22 027. Il ne fut pas non plus réélu au conseil général en 1919. En 1920, en tête des trois candidats socialistes aux élections sénatoriales, il obtint 129 suffrages. Au lendemain du congrès de la scission de Tours (décembre 1920), Laurent se classa dans la minorité départementale et nationale qui conserva le sigle SFIO. Mais sa carrière politique était terminée et, bientôt, son activité générale ralentie par la longue maladie dont il devait mourir.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article116365, notice LAURENT Eugène [LAURENT Edme, Eugène] par Justinien Raymond, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 23 novembre 2022.

Par Justinien Raymond

Arch. Dép. Nièvre

ŒUVRE : Laurent collabora à l’Observateur du Centre que son propriétaire-imprimeur mettait à la disposition des socialistes. À partir de 1912, il l’abandonna pour Le Socialiste nivernais, organe de la Fédération socialiste.

SOURCES : Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Arch. Dép. Nièvre, série M, 1er mai 1890-1898, élections de 1906. — Comptes rendus des congrès du Parti socialiste, notamment ceux d’Amiens (1914) et de Tours (1920). — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes II, op. cit., pp. 410 à 420, passim.Observateur du Centre, 1892-1912. — Le Socialiste nivernais.L’Humanité, 2 juillet 1914. — Le Progrès social du Centre, 1948.

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