LAURENT Marcel.

Par Jean Gaumont, Gaston Prache

Né le 15 septembre 1859 à Bourbonne-les-Bains (Haute-Marne), mort le 18 septembre 1932 à Lyon (Rhône) ; négociant puis employé ; archiviste à la mairie de Roanne et bibliothécaire du Musée de Roanne ; syndicaliste ; militant socialiste de la Loire ; franc-maçon.

Après l’école primaire, Marcel Laurent, autodidacte, travailla comme commis épicier et vint habiter dans le Xe arr. de Paris. Adhérent du syndicat des employés d’épicerie de la Seine qu’il représenta au XIIe congrès de la CGT (1912), il se lia avec Léon Jouhaux.

Pendant la Première Guerre mondiale, il fut mobilisé comme infirmier à l’hôpital militaire rue des Récollets dans le Xe arr. Il soutenait la majorité de la CGT et la thèse de la défense nationale. En 1917, après la conférence syndicale de Clermont-Ferrand, il participa aux entretiens avec Clemenceau devenu chef de gouvernement En février 1918, il fit partie de la délégation de la CGT à la Conférence de Londres qui groupait les représentants des organisations ouvrières, syndicales et politiques des pays de l’Entente. Il participa aux travaux du congrès fédéral de juillet 1918 et, en décembre, devint secrétaire de la Fédération de l’Alimentation. Léon Jouhaux lui confia, de 1918 à 1922, la fonction de secrétaire adjoint de la CGT, responsable de La Voix du Peuple. Il collabora à l’élaboration du programme de relèvement des régions libérées, dirigeant lui-même, à la demande de Jouhaux, la mission d’enquête confédérale dans ces régions, en 1921, organisant ensuite toute une série de meetings pour dénoncer la carence des pouvoirs publics. Cette même année, il œuvra activement au secrétariat du Conseil économique du travail où, avec Jouhaux, il fit la connaissance du grand coopérateur Charles Gide, contribuant à faire accepter par la CGT une définition de l’entreprise nationalisée proposée par Gide : « Une entreprise est nationalisée lorsqu’elle n’est plus exploitée qu’en vue des besoins de la communauté et qu’elle n’a d’autre but que de procurer aux consommateurs le maximum d’utilité et d’économie. » Il se montra aussi un ardent protagoniste de l’établissement de conventions collectives. En 1923, il participa à la fondation du journal Le Peuple ainsi qu’à celle du Quotidien. Avec Georges Dumoulin, il aida Jouhaux dans sa résistance aux entreprises des syndicalistes révolutionnaires, minoritaires de la CGT.

Militant socialiste, rédacteur à l’Humanité en 1910 et collaborateur de Marcel Sembat (1916-1918), Marcel Laurent resta au Parti socialiste après le congrès de Tours (décembre 1920). Il fit partie de la liste du Cartel des gauches et des intérêts de la banlieue pour les élections législatives du 11 mai 1924 (92 248 voix sur 406 547 inscrits et 342 584 votants).

Coopérateur à la Famille nouvelle à Paris, c’est à la coopération qu’il consacra la seconde partie de sa vie. Au début de la Seconde Guerre mondiale, il fut appelé par la Fédération nationale des coopératives de consommation et se vit confier par elle la direction de la Société coopérative des travailleurs de Châteauroux (Indre), sauvant cette entreprise d’une mesure de dissolution décidée par les pouvoirs publics qui la considéraient comme communiste. Il assura cette fonction jusqu’en 1950, ayant alors amené la coopérative à fusionner avec l’Union régionale UDC de la Creuse, à Guéret. En juillet 1945, Marcel Laurent s’était prononcé pour la motion Boully de confiance et de solidarité avec Gaston Prache. Dans le même esprit, il avait, l’année suivante, signé le Manifeste coopératif et adhéré à l’Association des Amis de la coopération. La Fédération nationale des coopératives de consommation l’appela en 1950 à diriger à Paris les services administratifs de son hebdomadaire Le Coopérateur de France ainsi que la Société coopérative d’édition et de librairie créée en 1953. A la fin de l’année 1963, Marcel Laurent se trouva dans l’obligation, pour de graves raisons de santé, de cesser ses fonctions.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article116450, notice LAURENT Marcel. par Jean Gaumont, Gaston Prache, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 24 novembre 2010.

Par Jean Gaumont, Gaston Prache

SOURCES : Arch. Nat. F7/13053, F7/13630. — La Clairière, 1er août 1917-15 mai 1919, dont il fut l’administrateur. — La Revue du Travail, 15 octobre 1919-1er avril 1921. — L’Atelier, 1920-1923. — Le Coopérateur de France, 16 avril 1966 (avec iconographie). — Le Monde, 26 mars 1966. — R. Brécy, Le Mouvement syndical en France, op. cit. — B. Georges, D. Tintant, Cinquante ans de syndicalisme : Léon Jouhaux, PUF, 1962. — Fonds d’archives Jean Gaumont, Gaston Prache.

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