LAZARE Joseph

Par Jean Sagnes

Né et mort à Béziers (Hérault), 16 décembre 1885-28 décembre 1967 ; ouvrier ébéniste ; socialiste puis communiste ; maire de Béziers, conseiller de la République.

Joseph Lazare
Joseph Lazare
Conseiller de la république

Fils d’une journalière et d’un ouvrier agricole, Joseph Lazare alla à l’école primaire jusqu’au Certificat d’études. Puis, en apprentissage chez un artisan ébéniste, il fréquenta les cours du soir. À l’âge de quinze ans, il adhéra au syndicat des ouvriers ébénistes et, très jeune, il en fut le secrétaire, fonction qu’il occupa à plusieurs reprises jusqu’en 1939. Il adhéra au Parti socialiste le 30 avril 1905, lors du meeting d’unification tenu à Béziers par Jean Jaurès. Il fut candidat aux élections municipales de 1912 et secrétaire de la section socialiste de Béziers en 1913-1914.

Mobilisé en 1914, il fit toute la guerre et en revint avec la Croix de guerre avec palmes, la Médaille militaire et une citation à l’ordre de l’armée. Dès 1919, il se plaça à la gauche de la Fédération socialiste de l’Hérault, avec les partisans de la IIIe Internationale. En février 1920, il devint secrétaire adjoint de la Fédération socialiste de l’Hérault. Il démissionna de cette fonction après le congrès de Strasbourg pour protester contre le fait que les délégués de l’Hérault avaient émis un vote contraire à celui pour lequel ils étaient mandatés. A Béziers, il était également un des dirigeants du Comité de la IIIe Internationale. Après le congrès de Tours, il devint, le 23 janvier 1921, premier secrétaire de la Fédération de l’Hérault du Parti communiste SFIC, poste qu’il conserva jusqu’au 4 décembre 1921. A cette date en effet, il donna sa démission en raison de ses multiples responsabilités : il était secrétaire du syndicat des ébénistes, des sections locales de l’ARAC, du mouvement « Clarté », responsable des Comités syndicalistes révolutionnaires de Béziers, délégué régional de la Fédération CGT de l’Ameublement. Il devint alors secrétaire de la section communiste de Béziers pour de longues années. Le 28 mai 1922, lors d’une manifestation contre la guerre, à Béziers, il fut arrêté et condamné à la prison. En 1923, il était responsable de la commission agraire de la Fédération communiste et fut délégué au Conseil national du Parti communiste. Il assista à son Ve congrès qui se tint à Lille, les 20-26 juin 1926. Lors de la fondation de la 10e Union régionale des syndicats unitaires, en juin 1926, il en fut le secrétaire adjoint, puis le trésorier en juin 1931. Il fut arrêté à nouveau le 22 juin 1930, lors d’une manifestation viticole, et condamné à un mois de prison.

Il fut candidat aux élections municipales à Béziers en 1925, 1929 et 1935, à de multiples élections cantonales et aux élections législatives de 1924, 1928 et 1936. En 1924, sur la liste du Bloc ouvrier et paysan (3 671 voix de moyenne), il obtint 3 772 voix sur 110 768 votants. Quatre ans plus tard, dans la première circonscription de Béziers, 1 599 suffrages (sur 16 238 votants) se portèrent sur son nom. Enfin, en 1936, dans la même circonscription, il en rassembla 1837 (sur 17 117 votants). Durant la période de l’entre-deux-guerres, Joseph Lazare fut également responsable du Secours rouge international en 1930-1931, délégué au congrès national du Parti communiste tenu à Villeurbanne en juin 1936 et secrétaire du comité de Béziers du Rassemblement populaire en 1936-1937. A partir de 1936, boycotté par tous les patrons de Béziers, il dut aller travailler, pendant cinq ans, au bassin de Radoub à la réparation des péniches et cela entrava ses activités militantes.

Après la dissolution du Parti communiste, il participa à son activité illégale à Béziers jusqu’à son arrestation le 1er juillet 1941. Ses enfants étaient également engagés dans la Résistance. Son fils Léon Lazare, qui avait combattu dans les Brigades internationales, fut également arrêté en 1941 et déporté. Sa fille Marguerite, condamnée à trois ans de prison, fut ensuite déportée à Ravensbrück tandis que son mari était interné politique. Enfin sa fille Raymonde participa également à la Résistance dans la région lyonnaise. Joseph Lazare fut successivement interné à Saint-Sulpice, à la Centrale d’Eysses, du 23 octobre au 24 décembre 1943, puis à la citadelle de Sisteron d’où il fut libéré par les FTPF le 19 juillet 1944. Il rejoignit alors le maquis et participa à divers combats. Le 10 septembre 1944, il était démobilisé de la 17e compagnie des FTPF des Basses-Alpes et rejoignit Béziers où il entra au comité de Libération.

Du 13 décembre 1944 au 13 mai 1945, il fut président du comité de Libération de Béziers. Élu au conseil municipal, il devint maire de la ville le 21 mai 1945. Durant son mandat, il présida, en juin 1946, le grand meeting communiste des arènes de Béziers avec Marcel Cachin ainsi que les cérémonies en l’honneur du biterrois Jean Moulin avec Vincent Auriol, président de la République, et Georges Bidault, président du Conseil des ministres. Le 8 décembre 1946, il fut élu conseiller de la République et le demeura jusqu’au 8 novembre 1947. Réélu conseiller municipal en octobre 1947, il fut battu pour le poste de maire par la coalition anticommuniste mais demeura au conseil municipal jusqu’en 1959. De 1947 à 1950, Joseph Lazare dut s’embaucher comme ouvrier métallurgiste à l’entreprise Fouga.

Il prit ensuite sa retraite. Son activité militante n’était pas terminée. Le 30 septembre 1945, il avait été élu conseiller général du deuxième canton de Béziers. Il fut conseiller de la République jusqu’au renouvellement du 7 novembre 1948. Il fut réélu en 1949 et en 1955. De 1945 à 1961, il siégea donc au conseil général de l’Hérault dont il fut, pendant des années, le doyen d’âge. A ce titre, il prononça le traditionnel discours de la session d’automne dans lequel il s’éleva avec vigueur, de 1955 à 1961, contre la guerre d’Algérie et les fermetures d’entreprises industrielles qui frappaient le département. Joseph Lazare fut également candidat à plusieurs élections : à l’Assemblée nationale sur la liste du PCF, en octobre 1945 et avril 1946 ; aux Constituantes, en octobre 1946 ; aux législatives, en 1951 et en 1956. En 1958 et 1962, il fut encore candidat aux législatives dans la circonscription de Béziers-Saint-Pons. En 1958, il obtint 8 458 voix sur 33 682 votants (17 %) et quatre ans plus tard 7 977 voix sur 31 689 votants (16,1 %). Sa disparition en 1967 fut celle d’une « figure » du mouvement ouvrier héraultais. Une avenue de Béziers porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article116585, notice LAZARE Joseph par Jean Sagnes, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 5 août 2021.

Par Jean Sagnes

Joseph Lazare
Joseph Lazare
Conseiller de la république

SOURCES : RGASPI, 495 270 4199, autobiographie, Béziers, 01.03.1938, classé A. — Arch. Nat. F7/13130. — Arch. Dép. Hérault 15 M 70 -73, 78, 80 et 195 M 8. — L’Ordre communiste, 1921. — L’Humanité du Midi, 1923-1925. — Le Travailleur du Languedoc, 1925-1939 et 1944-1967. — La Marseillaise du Languedoc, 25 décembre 1965. — Autobiographie de Joseph Lazare (papiers Étienne Fabre).

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable