LEBRET René, Alexandre

Par Claude Pennetier et Justinien Raymond.

Né le 16 octobre 1886 au Neubourg (Eure), mort le 19 juin 1971 à Evreux (Eure) ; ouvrier typographe, contremaître, directeur d’imprimerie puis journaliste ; maire socialiste d’Elbeuf (Seine-Inférieure) de 1928 à 1944 et député de la Seine-Inférieure (1928-1942).

Fils d’un ouvrier scieur de pierre et pareur et d’une modiste, René Lebret quitta l’école à douze ans après avoir obtenu le Certificat d’études pour faire son apprentissage de typographe dans la région parisienne. Membre des Jeunesses socialistes d’Asnières (Seine), il exerça des responsabilités régionales avec le soutien d’Adrien Meslier jusqu’à son retour dans l’Eure à l’âge de vingt ans.

René Lebret milita dans les organisations républicaines et socialistes : Libre pensée, Ligue des droits de l’Homme. Rédacteur en chef de deux journaux du Bloc des gauches (l’Écho républicain et le Combat républicain) à partir de 1912, il s’engagea le 5 août 1914 et se fixa après la guerre à Elbeuf comme journaliste. Il reconstitua le syndicat du Livre dont il assura la direction jusqu’en 1921. À ce titre, il fut délégué au congrès extraordinaire de la CGT des 24 et 25 novembre 1912 et fut assesseur à la présidence de la 2e journée.

Conseiller municipal et d’arrondissement dès 1919, Lebret fonda le bi-hebdomadaire l’Avenir d’Elbeuf. Il devint maire de la commune en 1928 et conseiller général en 1931. Le Parti socialiste SFIO le présenta aux élections législatives des 22 et 29 avril 1928 dans la circonscription de Rouen. En tête devant cinq autres candidats dont le député sortant de la Gauche radicale, il obtint 3 495 voix sur 14 433 suffrages exprimés (24,2 %). Bénéficiant du désistement du candidat radical-socialiste Devillers (1 705) et malgré le maintien du communiste Paul Bouthonnier qui conserva 2 190 voix sur 2 554, René Lebret l’emporta avec 6 688 voix contre 5 784 à Périer, candidat de la droite. Au renouvellement des 1er et 8 mai 1932, il rassembla 7 345 voix sur 18 096 inscrits (40,5 %), devant Facque, démocrate populaire (5 547) et Rivière, communiste (2 458). Il fut réélu au ballottage par 7 882 suffrages contre 5 467 et 1 677 à ses adversaires du premier tour.

Pendant ses mandats, Lebret participa activement aux travaux de la commission du travail et de celle du commerce et de l’industrie. Il siégea à la commission supérieure du travail (sur le détail de son activité parlementaire, voir Dictionnaire des Parlementaires, op. cit.)

En 1933, à l’issue de la crise qui secoua la SFIO et conduisit à la scission dite néo-socialiste, René Lebret rallia le Parti socialiste de France, derrière Pierre Renaudel et Marcel Déat, parti qui, uni à d’autres organisations socialistes indépendantes, créa l’Union socialiste républicaine. Sous cette étiquette, il fut réélu député aux élections des 26 avril et 3 mai 1936, mais contre la discipline du Front populaire. En effet, sur 19 428 inscrits, il obtint 4 670 voix, derrière le candidat communiste Henri Courtade doté de 4 692 voix et devant cinq autres candidats dont le dernier était le socialiste SFIO Lageix (880 voix) qui se désista pour Courtade ainsi que le candidat radical-socialiste. Lebret fit presque le plein des voix modérés et battit Courtade par 8 220 suffrages contre 7 617. Dans la Chambre du Front populaire, il présida la commission du commerce et de l’industrie. Comme rapporteur de la commission du travail, il prit une part active à l’œuvre d’amélioration des Assurances sociales.

Le 10 juillet 1940, il vota pour l’octroi des pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Après la Libération, il renonça à toute activité politique.

Selon le Dictionnaire des Francs-maçons français, René Lebret était membre de l’Association fraternelle des journalistes. Il fut enterré religieusement.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article116755, notice LEBRET René, Alexandre par Claude Pennetier et Justinien Raymond., version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 13 mai 2018.

Par Claude Pennetier et Justinien Raymond.

SOURCES : Jean Jolly, Dictionnaire des Parlementaires, op. cit., t. VI. — G. Lachapelle, Les élections législatives, op.cit. — Dictionnaire industriel de Seine-Inférieure. — Michel Gaudart de Soulages et Hubert Lamant, Dictionnaire des Francs-maçons français, Albatros, 1980. — Le Monde, 23 juin 1971. — Laurent Bossavie, La politique dans le canton d’Elbeuf de 1919 à 1939, Mémoire de Maîtrise, Faculté des Lettres et sciences humaines de Mont-Saint-Aignan, 1984. — Renseignements communiqués par la mairie d’Elbeuf. — Pierre Largesse, La Bourse du Travail et les lutttes ouvrières. Elbeuf 1892-1927, Édité par l’Union locale des syndicats CGT de l’agglomération elbeuvienne, 1996.

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