LEBRUN René, Paul, Eugène

Réné Lebrun était le fils de Paul Lebrun, instituteur, et de Berthe Chantegrain, sans profession. Sa sœur, ses oncles, ses cousins exercèrent en tant qu’institutrice ou instituteurs dans le département. Il resta toute sa vie attaché à la profession enseignante et à ses racines beauceronnes.

Il fut d’abord instituteur à Maintenon, à Nogent-le-Rotrou, et après son service militaire, de novembre 1904 à septembre 1905, il épousa le 21 septembre 1905 à Viabon, Charlotte Buffetrille, institutrice. Le couple eut deux filles : l’une mourut en 1922, à quinze ans, l’autre, née en 1923, devint institutrice.

René Lebrun fut nommé à l’école primaire supérieure de Bonneval en 1906 puis à celle de Dreux.

En 1914, il fut classé dans les services auxiliaires et passa la guerre comme secrétaire d’Etat major de 1915 à juin 1918 puis revint sur son poste à Dreux avant d’être démobilisé en mars 1919.

Il devint ensuite professeur d’école normale, nommé en 1923 à Saint-Lô, puis en 1924 au Mans où il enseigna l’histoire et la géographie pendant douze ans et fut distingué officier d’Instruction publique dans la promotion d’août 1929. René Lebrun se consacra d’abord à ses obligations professionnelles, ajoutant cependant à celles-ci une contribution régulière aux conférences de l’Université populaire et une participation de plus en plus importante à la vie militante.

En 1932, il siégea à la commission exécutive de la Fédération socialiste SFIO du Mans. Cette même année, à la suite de la dissolution du conseil municipal, il fit son entrée à l’assemblée communale sur la liste de Félix Geneslay. Le rapport général du budget lui fut confié. Il le conserva jusqu’en 1935, date à laquelle il fut nommé adjoint au maire, chargé de l’Instruction publique.

Retraité au 1er septembre 1936, il succéda le 17 décembre suivant à Félix Geneslay, décédé brutalement à quarante et un ans, comme maire socialiste du Mans. Il ignorait alors l’ampleur de l’impasse financière due à la gestion précédente. Le redressement de la situation fut le souci constant de Lebrun qui voulait éviter une exploitation politique de ce legs dangereux. Pour faire face aux problèmes le budget 1938 comporta une très forte augmentation des centimes additionnels. Le vote acquis, René Lebrun invoqua un prétexte (une grève envisagée par le personnel communal) pour démissionner le 24 janvier 1938. Son court mandat à la mairie avait été marqué par une attention particulière aux problèmes de l’école et aux œuvres de l’enfance. Henri Lefeuvre lui succéda à la mairie.

Polémiste, contradicteur aguerri, il fut un des animateurs de la propagande socialiste dans le département et devint secrétaire général de la Fédération socialiste de la Sarthe le 19 février 1939. Il fit venir Léon Blum au Mans le 14 mai 1939 pour un meeting qui obtint un grand succès.

Dans les années qui précédèrent 1939, il défendit des positions de synthèse dans les congrès fédéraux. La guerre d’Espagne et l’accord de Munich lui posèrent des problèmes politiques. Au lendemain des accords de Munich il écrivit : « La paix est maintenue : à quel prix et pour combien de temps ? Pouvons-nous oublier, nous autres Français, les vociférations belliqueuses de Nuremberg et du Palais des sports ? Pouvons-nous oublier Mein Kampf et les menaces directes qu’il renferme contre notre pays... N’y aurait-il plus de troupes italiennes en Espagne et les « caproni » auraient-ils cessé le massacre d’innocentes victimes dans la péninsule ibérique ? »

Peu après la déclaration de guerre, René Lebrun tomba gravement malade et mourut au Mans le 8 juillet 1943.