LEFEBVRE Henri [Tourcoing]

Par Biographie élaborée par M. Lentacker.

Né le 7 mars 1885 à Tourcoing (Nord), mort à Mouvaux (Nord) le 25 mai 1953 ; trieur de laine, secrétaire permanent du syndicat textile CGT durant quarante ans (1911-1953) et secrétaire adjoint de l’Union locale CGT de Tourcoing et environs.

Son père était trieur de laine, sa mère ouvrière textile, puis ménagère. Troisième enfant d’une famille qui en comptait huit, H. Lefebvre connut la misère.Il fit des études primaires jusqu’à treize ans. Dès son entrée à l’usine dans la corporation des trieurs de laine, très organisée, il adhéra au syndicat et, à quinze ans, au Parti socialiste. En 1903, à dix-huit ans, il fut élu secrétaire du syndicat des trieurs de laine et dirigea, à compter de cette date, les nombreuses grèves des trieurs de laine de Tourcoing et environs.

Les syndicats ouvriers des différentes professions du textile fusionnèrent vers 1911 pour former le syndicat du Textile adhérent de la CGT dont Lefebvre fut nommé secrétaire. Il fut également contrôleur de la coopérative « la Solidarité ouvrière », dont le siège était la Maison du Peuple de Tourcoing.

Entré en 1900 au Parti socialiste, Henri Lefebvre y milita activement en même temps qu’il luttait sur le plan syndical. Très souvent victime de représailles patronales pour son action syndicale et politique, il trouva difficilement du travail dans son métier de trieur de laine, et fut parfois dans l’obligation d’exercer, pour subsister, des emplois de manœuvre dans d’autres industries que dans le textile.

Mobilisé le 2 août 1914 au 29e régiment d’artillerie, il fut libéré le 29 mars 1919. Immédiatement après sa libération, il reprit son activité syndicale et politique. En août 1921, après le congrès de Tours du Parti socialiste, il fut, en qualité de secrétaire permanent du syndicat du Textile, l’un des dirigeants de la grève générale des ouvriers de Roubaix-Tourcoing, qui dura trois mois et tendait à obtenir une augmentation du salaire horaire de 20 centimes.

Après le congrès socialiste de Tours de 1920, après les congrès syndicaux de Lille (1921) et de Saint-Étienne (1922), congrès de scission, Henri Lefebvre resta fidèle à la CGT et au Parti socialiste. À partir de 1922, il engagea une âpre lutte contre les syndicats d’obédience communiste, et contre le Parti communiste lui-même. Il fut très souvent l’objet de violentes attaques diffusées par la presse communiste régionale et locale en tant que secrétaire permanent du syndicat textile CGT.

En 1925, il fut candidat sur la liste du Parti socialiste aux élections municipales et élu conseiller municipal de Tourcoing, puis réélu en 1929. À partir de 1925, il fut aussi nommé administrateur des Hospices de Tourcoing et le resta jusqu’à sa mort.

En 1930, il dirigea la grève générale des travailleurs de Tourcoing et des environs. La raison de cette grève, qui dura six semaines, était la cotisation aux assurances sociales que le patronat voulait mettre à la charge totale des salariés. En 1931, il dirigea une nouvelle grève des travailleurs du textile qui se prolongea également six semaines, et dont le but était la suppression de la prime de fidélité instituée par le consortium textile de Roubaix-Tourcoing.

Son syndicat le dirigea naturellement vers toutes les œuvres sociales intéressant la classe ouvrière. Dès 1930, il était administrateur de la caisse d’Assurances sociales « Le Travail » et le resta jusqu’en 1946, date de la création de la Sécurité sociale, dont il fut un ardent défenseur. En juin 1946, il fut élu président du conseil d’administration de la Caisse primaire de Sécurité sociale de Tourcoing, il fut régulièrement réélu jusqu’à sa mort. En 1943, il fut nommé administrateur des Hospices de Mouvaux (Nord). Il fut durant plus de trente années conseiller prud’homme à Tourcoing et fut d’ailleurs élu en 1943 président du conseil des Prud’hommes. Il était titulaire de la médaille d’honneur des Prud’hommes.

De 1921 à 1938, Henri Lefebvre fut secrétaire adjoint de l’union locale des syndicats CGT de Tourcoing et environs. De 1938 à 1945, il fut secrétaire général de ladite union locale. Il participa à tous les congrès de la CGT depuis 1912, de la Fédération nationale du textile CGT et de l’Union départementale des syndicats ouvriers du Nord.

Il fut membre de la commission de la Fédération nationale du textile durant une trentaine d’années. Il fut également secrétaire adjoint de l’union départementale des syndicats ouvriers du Nord CGT.

En 1936, il refusa de faire l’unité syndicale avec la CGTU. Le syndicat textile de Tourcoing, fort de 7 000 membres à cette époque, fut le seul syndicat dans toute la CGT qui se refusa absolument à faire l’unité syndicale malgré l’insistance, en 1938, de Léon Jouhaux.

En 1945, il s’opposa de nouveau à l’unité syndicale, mais fut dans l’obligation de la subir. Comme représentant des organisations syndicales ouvrières, il fut l’un des promoteurs du Comité interprofessionnel du logement de Roubaix-Tourcoing, dont il fut administrateur jusqu’à son décès. Il était également administrateur de la Société coopérative des habitations à loyer modéré de Tourcoing « Notre Maison ».

En 1948, lors de la scission, il dirigea la fraction « Force ouvrière » à Tourcoing et resta à la tête de cette organisation jusqu’à son décès.

Son action s’étendit à l’apprentissage, à la médecine du travail et à l’éducation physique interentreprises.

Sur le plan politique H. Lefebvre fut membre de la commission administrative de la fédération du Nord du Parti socialiste jusqu’en 1938, trésorier de la section tourquennoise et secrétaire du Comité cantonal du Parti.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article117099, notice LEFEBVRE Henri [Tourcoing] par Biographie élaborée par M. Lentacker., version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 5 avril 2012.

Par Biographie élaborée par M. Lentacker.

ŒUVRE : Durant plusieurs années, H. Lefebvre fut chargé de la rédaction de l’hebdomadaire de la section tourquennoise du Parti socialiste L’Action ouvrière (1928-1935). Il collabora également à la rédaction de La Bataille, organe hebdomadaire de la fédération du Nord du Parti socialiste, en ce qui concerne la rubrique tourquennoise. Il écrivit également de nombreux articles dans L’Ouvrier textile, publication trimestrielle de la Fédération nationale du Textile CGT.

SOURCES : Arch. Dép. Nord, 595 M 41 et 70. — Interviews de H. Lefebvre.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable