LEGAY Adrien [pseudonyme dans la Résistance : Maurice Rabut]

Par Éric Panthou

Né le 11 novembre 1900 à Virlet (Puy-de-Dôme), achevé après avoir été torturé le 10 février 1944 à Vichy (Allier) ; agent général d’assurances ; militant au Parti communiste (PCF) ; résistant, Commissaire aux Effectifs chez les Francs-tireurs et partisans (FTP).

Adrien Legay était fils de paysans propriétaires ; son père avait été conseiller municipal de 1896 à 1900. Adrien travailla la terre jusqu’à dix-neuf ans. Pendant la Première Guerre mondiale, en l’absence de son père mobilisé, il dirigea l’exploitation familiale. En 1919, il dut travailler aux mines de La Bouble (commune de Saint-Éloy-les-Mines), pour gagner un peu d’argent avant de partir au régiment. Affecté au 60e régiment d’infanterie de Besançon (Doubs), il en sortit sergent. Détenteur du brevet, il devint agent général d’assurances.
Il épousa Jeanne Begon et eut une fille, née en 1926 à Lezoux (Puy-de-Dôme).

Dès 1924, Legay était sympathisant communiste. En 1927, appelé à accomplir la première des périodes de réserve d’après-guerre, il lutta énergiquement à la tête de ses camarades contre ce rétablissement et les autorités militaires le dégradèrent. Employé dans une maison de commerce, il fut successivement comptable, inventoriste, inspecteur. En 1932 -ou 1933 selon son épouse-, une compagnie d’assurances le nomma agent général à Thiers (Puy-de-Dôme). Legay adhéra au Parti communiste en 1935 et y occupa rapidement des responsabilités locales. Il était trésorier de la section locale des Amis de l’Union soviétique qui le délégua, en septembre 1937, au rassemblement universel pour la paix de Bruxelles. Le Parti communiste le présenta au conseil général dans le canton d’Olliergues, en octobre 1937. Il était secrétaire adjoint de la section du PCF de Thiers et un militant actif très connu ans la région au moment du déclenchement de la Seconde guerre mondiale.

Mobilisé en 1939 avec le grade de sergent, il fut fait prisonnier de guerre au sein du 132ème Régiment. Il s’évada de Fourchambault (Nièvre) le 15 août 1940.
Dès son retour à Thiers, il rejoint les premiers noyaux de militants communistes s’organisant clandestinement. Le 5 novembre 1940, certains des militants communistes d’avant-guerre les plus connus parmi ceux encore présents dans le département sont arrêtés suite à la distribution de tracts et de papillons dans plusieurs villes du département, en particulier à Clermont-Ferrand et sa banlieue. Adrien Legay en fait partie et il est interné par mesure administrative dans le camp d’internement de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn) à partir du 1er novembre 1940, et non Nexon comme signalé dans un rapport de police. Selon Serge Combret, il aurait été envoyé dans un premier temps au camp de Rivel (Aude) avant Saint-Sulpice, mais Rivel n’est pas mentionné dans le dossier ONAC de Legay.
Il fut libéré suite à la décision de Pétain du 1er janvier 1942 concernant 138 militants, dont 20 du Puy-de-Dôme. Un rapport de 1951 concernant son activité de résistant indique pour sa part qu’il n’aurait pas été interné mais assigné à résidence à Mons (Puy-de-Dôme) et qu’il aurait bénéficié à partir du 31 décembre 1941 d’une mise en liberté provisoire de trois mois, renouvelable.
Une fois libéré, une attestation affirme qu’il a rejoint immédiatement la Résistance alors qu’une enquête de police date son entrée en résistance au 1er novembre 1943, date où il fut nommé commissaire aux effectifs. Il est devenu Commandant FTP, commissaire aux effectifs sans doute en janvier 1944 dans l’Allier.
Roger Roucaute, alias Colonel Lazare, commandant militaire des FTP Zone-Sud, certifie que Legay fut responsable départemental des FTP de l’Allier avec le grade de commandant pour la période allant du 1er novembre 1943 au 2 février 1944.
Il était notamment en contact régulier avec René Dumont, responsable des FUJP pour orienter les jeunes vers les maquis FTP du département. Il fut arrêté le 2 février 1944 alors qu’il était en mission après avoir été reconnu à Montluçon par un ancien coiffeur de Thiers, la ville où il habitait avant guerre. L’ancien coiffeur, membre de la Milice, était un agent français du service de renseignement allemand et arrêta immédiatement Adrien Legay. Celui-ci fut transféré à Vichy puis torturé pendant plusieurs jours à la villa Chabrol, refusant de parler, avant d’être achevé le 10 février. Mais son corps n’a jamais été retrouvé. Henri Barge, qui a partagé avec lui la cellule n°3 à la villa Chabrol, avenue des États-Unis à Vichy, utilisée par la Gestapo comme annexe de l’hôtel du Portugal, témoignera le 4 janvier 1946 : « M. Legay a été torturé en ma présence et battu à coup de canon de fusil d’une telle façon qu’à mon avis, il est impossible qu’il soit en vie ». Il ajoute qu’il n’a pas parlé sous la torture.
Le 5 février, son épouse est arrêtée à Thiers, conduite à Vichy et internée au camp de Brens près de Gaillac (Tarn). Ce n’est qu’en 1951, grâce au témoignage de l’ancien FTP, M. Jouk, témoin direct de ces événements que ceux-ci ont été connus. Cette même année, un rapport sur l’activité résistante d’Adrien Legay avait conclu par erreur à sa mort suite à déportation.

Il a été homologué déportés et internés de la résistance (DIR), forces françaises de l’intérieur (FFI), reconnu "Mort pour la France". Sa durée de services homologués comme FFI va du 13 septembre 1942 au 1er février 1944. Il fut homologué commandant. Le 29 juin 1954 il a reçu à titre posthume la carte de Combattant volontaire de la Résistance (CVR). Le 11 février 1954, il a reçu à titre posthume la carte d’Interné-Résistant. Il fut homologué FFI au titre de l’état-major FTP de l’Allier pour la période du 1er novembre 1943 au 2 février 1944.

Le 9 mars 1956, le commandant Legay a été nommé dans l’ordre National de la Légion d’Honneur, au grade de Chevalier, à titre posthume. Une rue porte son nom à Thiers et son nom figure sur le monument au mort de cette ville.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article117246, notice LEGAY Adrien [pseudonyme dans la Résistance : Maurice Rabut] par Éric Panthou, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 9 février 2022.

Par Éric Panthou

SOURCES : SHD Vincennes, dossier Adrien Legay : GR 16 P 355183 .— Arch. départ. du Puy-de-Dôme, 2546 W 7064. Dossier demande attribution carte CVR à Adrien Legay .— Arch. départ. du Puy-de-Dôme : 1296 W 75. Commissaire Buffet à inspecteur police criminelle Vichy, 5 novembre 1940.— Le Moniteur, 6 novembre 1940.— Le Moniteur, 3 janvier 1942.— "La belle figure de la Résistance : René Dumont, alias Valentin", in Pierre Louty, Histoires tragiques du maquis, Neuvic-Entier, éd. La Veytizou, 2011.—Serge Combret, Auvergne, j’écris ton nom..., éd. AEDIS, 1994 .— La Voix du Peuple, septembre 1937 .— "Hommage à Adrien Legay", Bulletin du Cercle d’études Deuxième Guerre mondiale sur Thiers et sa région, n°10.

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