LE GOUILL Jean

Par Christian Bougeard

Né le 30 juillet 1909 à Douarnenez (Finistère) ; secrétaire comptable à l’arsenal de Brest ; militant SFIO, CAGI, NG (secrétaire fédéral en 1957), UGS, PSU.

Employé à l’arsenal, Jean Le Gouill fut un important militant socialiste brestois après la guerre. Représentant les milieux ouvriers dans la SFIO, il fut élu au comité fédéral au congrès de décembre 1945, réélu en 1946. En 1952, il était le secrétaire de la section de Saint-Pierre-Quilbignon, l’une des quatre sections de la ville, animées par Aimé Le Cozannet. En octobre 1947, considéré comme « ouvrier », il devint conseiller municipal d’opposition de Brest (4 328 voix) dans la municipalité présidée par le RPF Chupin, réélu en 1953 (7 248 voix, 7 socialistes) et 1954 (7 576 voix, 8 socialistes) dans la municipalité dirigée par le sénateur MRP Yves Jaouen. Militant à la CGT de l’arsenal, Jean Le Gouill était partisan de l’unité d’action avec le PCF au point de signer un appel allant dans ce sens publié par le quotidien régional du PCF L’Ouest-Matin le 19 janvier 1952. C’était une position minoritaire désavouée par une SFIO qui pratiquait encore la troisième force et soutenait FO contre la CGT. Mais c’est sur la CED en 1954 que se produisit la rupture avec la SFIO. La fédération SFIO du Finistère se prononça pour l’approbation de la CED alors que trois sections brestoises sur quatre dont celle de Le Gouill y étaient hostiles. Le 4 janvier 1955, Aimé Le Cozannet et Jean Le Gouill, proches des positions du PCF sur la CED, annoncèrent leur démission de la SFIO. Dans une lettre à Tanguy Prigent, « camarade que j’ai toujours admiré et défendu jusqu’ici » Le Gouill expliqua sa décision par l’incompréhension des positions de la SFIO en milieu ouvrier et par le refus de l’anticommunisme de son parti. Suivis seulement par deux militants, les deux partants démissionnèrent de leur fonction municipale et rejoignirent le CAGI, le Centre d’action des gauches indépendantes qui fusionna avec l’Union progressiste au sein de la Nouvelle Gauche (NG) où ils retrouvèrent des militants du Sud Finistère comme Alain Le Dilosquer.

En mai 1955, Jean Le Gouill entra dans la commission exécutive de la Nouvelle Gauche dont il devint secrétaire fédéral en février 1957. Le 17 avril 1955, il se présenta sous les couleurs de la Nouvelle Gauche au élections cantonales dans le 3e canton de Brest obtenant 7,5% des voix, se désistant pour le communiste Henri Menès au second tour. Le 18 décembre 1957, la NG fusionna avec le MLP, représenté par un groupe brestois, au sein de l’UGS et au congrès d’avril 1958, il en devint secrétaire fédéral adjoint chargé du Nord Finistère alors que le secrétaire fédéral était l’ouvrier de l’arsenal Henri Berlivet venant du MLP. L’UGS diffusa Tribune du Peuple et défendit le droit à l’indépendance de l’Algérie. Lors des élections municipales de mars 1959, Jean Le Gouill était sur la liste UGS-PSA puis en 7e position sur la liste d’union de la gauche brestoise (SFIO-PCF-PSA-UGS) battue au second tour. Il retrouva ses camarades socialistes partis au PSA au sein du PSU en 1960. En janvier 1963, il appartenait au comité politique fédéral du PSU (25 membres) mais n’en faisait plus partie en juin 1967. En juin 1961, Jean Le Gouill s’était représenté aux élections cantonales à Brest 3 obtenant 11,9% des voix. Cette fois, il avait distancé le candidat de la SFIO Cosléou (9,4%) et se désista pour le communiste François Echardour (16,3%) qui fut battu par le candidat du CNI.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article117325, notice LE GOUILL Jean par Christian Bougeard, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 24 novembre 2010.

Par Christian Bougeard

SOURCES : Arch. départ. du Finistère. 145 W 129 et 130. Elections cantonales 1961. — Le Breton Socialiste et Le Socialiste. — Fichier Gilles Morin. — Marc Guivarch, Les élections à Brest de 1954 à 1959, maîtrise d’histoire, UBO, Brest, 1993. — Marie Férec, L’impact de la guerre d’Algérie sur la vie politique à gauche dans le Finistère (1954-1962), maîtrise d’histoire, UBO, Brest, 1999. — Pierre Brigant, La fédération socialiste SFIO du Finistère (1908-1969), thèse, Rennes 2, 2002.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable