LE LÉAP Alain, Henry, Hervé, Joseph

Par Jean Maitron

Né le 29 septembre 1905 à Lanmeur (Finistère), mort le 26 décembre 1986 au Pradet (Var) ; syndicaliste des Contributions directes au ministère des Finances, secrétaire général de l’Union Générale des Fédérations de Fonctionnaires CGT (1946-1948) ; membre du bureau de la CGT et secrétaire général (1947-1957) ; vice-président de la Fédération syndicale mondiale ; « compagnon de route » du Parti communiste.

Alain Le Léap
Alain Le Léap
Cliché par Gérald Bloncourt (Droits réservés)

Fils d’un directeur d’école, Alain Le Léap fit des études de droit à la Faculté de Rennes. Maître d’internat, il participa à la fondation du syndicat de cette corporation en 1925 et, l’année suivante, au bureau syndical de l’académie de Rennes. Reçu au concours des Contributions directes, il devint inspecteur des impôts en 1928, et adhéra au syndicat CGT des agents de cette profession. En 1938, il fut élu au bureau national de son syndicat et en devint le secrétaire général, en 1939.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Alain Le Léap participa à la reconstitution clandestine de l’Union des fédérations de fonctionnaires. À la Libération, il fut commissaire du Conseil national de la Résistance auprès du ministre des Finances.

La coopération avec les communistes dans le cadre de la Résistance l’avait amené à réviser ses positions sur ces derniers. Cette évolution se poursuivit après la guerre, notamment grâce aux contacts qu’il eut, en tant que secrétaire général de la Fédération des Finances et secrétaire de l’Union générale des Fédérations de fonctionnaires, avec Maurice Thorez alors ministre d’État chargé de la Fonction publique.

Il fut membre du Conseil économique de 1947 à 1950 (il démissionna parce que « trop absorbé par ses autres fonctions pour trouver le temps de siéger »).

En décembre 1947, lors de la scission de la CGT, il signa, en tant que membre de la commission administrative, avec Louis Saillant, secrétaire de la FSM, Édouard Ehni, secrétaire général de la Fédération du Livre, une lettre ouverte affirmant son attachement à l’unité syndicale. En janvier 1948, le CCN de la CGT le désigna pour occuper le poste de secrétaire général laissé vacant par Léon Jouhaux. Chargé de suivre les questions internationales, il fut ensuite désigné, toujours à la place de Jouhaux, à la vice-présidence de la FSM, mais les britanniques refusèrent d’entériner cette nomination et elle ne devint effective qu’en avril.

Proche du Parti socialiste unitaire, il accorda, à partir de janvier 1949, son patronage à la revue Cahiers internationaux.

Cette même année, il fut membre du bureau du comité mondial des partisans de la paix.

En 1950, Alain Le Léap participa à l’éviction d’Yves Dellac, secrétaire général de la CGT, qui désapprouvait l’attitude de la Confédération dans l’affaire yougoslave. À la suite des manifestations contre la venue à Paris du général Ridgway, il fut arrêté le 10 octobre 1952, incarcéré à la prison de Fresnes, pour participation à une « entreprise de démoralisation de l’armée ». Il ne fut libéré que dix mois plus tard, le 23 août 1953, après une importante campagne de soutien. En décembre 1954, il reçut le prix Staline de la Paix. Vice-président de France-URSS, membre du bureau du mouvement de la Paix et du Conseil mondial de la Paix, l’engagement de Le Léap aux côtés des communistes fut ébranlé, en 1956, par le rapport Khrouchtchev. Il envoya, le 28 mai 1956, une lettre aux secrétaires des unions locales dans laquelle il exprimait son regret d’avoir condamné, « sur la base d’informations erronées », Tito et ses camarades. L’insurrection hongroise et l’intervention soviétique, en octobre suivant, ajoutèrent à son désarroi. Il parvint à imposer à la CGT la non-prise de position sur l’intervention en Hongrie. Souffrant d’une dépression nerveuse depuis la fin de l’année 1956, il n’assista pas au XXXIe congrès de la CGT en juin 1957. Réélu cependant à son poste de secrétaire général, il démissionna le 27 septembre de la même année. Sa carrière syndicale était terminée.

En juillet 1966, il donna son adhésion au « Mouvement des 29 » qui regroupait des personnalités de gauche favorables à la politique extérieure du général de Gaulle.

Retiré au Pradet (Var) en 1961, Alain Le Léap fut élu conseiller municipal communiste (sans être membre du Parti communiste) en 1971. Il adhéra au PCF par la suite. Élu maire en 1977, il démissionna en 1979, mais resta conseiller jusqu’en 1983, année où sa liste fut battue.

Marié avec Alice Rigaud, Alain Le Léap était père d’une fille.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article117542, notice LE LÉAP Alain, Henry, Hervé, Joseph par Jean Maitron, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 2 mars 2012.

Par Jean Maitron

Alain Le Léap
Alain Le Léap
Cliché par Gérald Bloncourt (Droits réservés)

SOURCES : Mouvement syndical mondial, 1-15 novembre 1952, n° 21. — Les Cahiers de l’Institut CGT d’histoire sociale, n° 21, mars 1987. — Les Études sociales et syndicales, n° 27 et 28, février et mars 1987. — Le Monde, 9 novembre 1957, 31 décembre 1986 et 1er janvier 1987. — Dominique Andolfatto, Le personnel dirigeant de la CGT (1944-1996), CERAT, Grenoble, 1996, 212 p. — CAC 19960325 article 1, rapport RG PCF 1950 (communiqué par l’IHTP). — Notes de Jean-François Michel. — État civil de Lanmeur et du Pradet.

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