LELIÈVRE Victor, Joseph

Par André Caudron

Né le 8 mai 1858 à Moulins-Lille (Nord), imprimeur puis cafetier, socialiste, élu local.

Né en1858 à Moulins-Lille (Nord), faubourg ouvrier peu après annexé par la cité voisine, Victor Lelièvre effectua trois années de service militaire, de 1879 à 1882, au 54e régiment d’infanterie, stationné à Dunkerque. Il servit un temps au Tonkin, avant d’être démobilisé comme caporal.

Il se lança aussitôt dans l’action politique, au sein de la jeune fédération socialiste du Nord. Au moment de son mariage en 1889 avec Adélaïde Fiefvet, journalière, qui le laissa veuf en 1909 avec deux fils jumeaux de treize ans, il exerçait la profession d’ouvrier imprimeur. Mais en raison de son militantisme il quitta bientôt la condition de salarié pour celle de marchand colporteur en mercerie. Il sillonna la campagne environnante avec une charrette tirée par son chien et diffusait en même temps les publications du Parti ouvrier français jusqu’au jour où il reprit, en 1899, un débit de boisson à Mons-en-Barœul (Nord).

Aux élections municipales de 1900, c’est l’une des communes où, « sans abandonner aucune parcelle du programme », le POF « s’est entendu avec les républicains avancés ». La liste républicaine, comprenant neuf socialiste, fut élue au deuxième tour. Lelièvre devint premier adjoint du maire radical Dodancthun. Celui-ci le délégua aux fonctions de maire du 5 au 19 août 1900. Dès le 6 août, Lelièvre prit un arrêté de suppression des processions, conformément aux délibérations récentes du conseil municipal. Après la disparition de Dodancthun, en 1901, Lelièvre fut nommé maire, premier socialiste à accéder à ce poste dans sa ville. Lors des renouvellements suivants, en 1904, 1908 et 1912, il fut réélu à la tête d’une liste de coalition, où les socialistes furent désormais majoritaires, avec un nombre de voix chaque fois plus élevé, dès le premier tour.

Délégué de la Fédération du Nord aux congrès nationaux du POF à Roubaix (1901) et à Lille (1904), Lelièvre fonda et dirigea, après l’unification, la section socialiste SFIO de Mons-en-Barœul qui comptait 55 adhérents en 1905 et 101 six ans plus tard. Élu du canton de Lille-Nord-Est, il fut appelé à présider le conseil d’arrondissement de Lille où siégeaient alors neuf socialistes (1910-1919). Il contribua aussi à la création de la brasserie coopérative L’Avenir de Fives-Lille, affiliée à la Fédération des coopératives socialistes du Nord.

Les quatre années d’occupation mirent le premier magistrat de Mons-en-Barœul à rude épreuve. Sa santé fut compromise. En 1919, il renonça à ses mandats de maire et de représentant du canton. Après quarante années de vie militante, il resta encore un an au conseil municipal, dirigé par un radical, puis démissionna. Avec lui, le parti socialiste perdit la mairie de Mons-en-Barœul pour plus d’un demi-siècle. Lelièvre, demeuré à la SFIO après la scission mourut le 3 octobre 1922 dans sa ville. Porté catholique sur son livret militaire, il avait déclaré, dans un testament du 6 mars 1904, s’être « affranchi pendant [sa] vie de toutes les obligations d’un culte quelconque ». Il demandait qu’il n’y ait pas de cérémonie religieuses à ses funérailles et que son corps soit déposé « dans les fosses communes ». Un stèle fut toutefois érigée à sa mémoire au cimetière de Mons-en-Barœul, dont une rue porte son nom. En 1920, il protesta auprès du curé contre l’inscription de son fils Georges, tué à Douamont en 1916, sur la plaque commémorative des morts de la Grande Guerre, à l’intérieur de l’église.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article117561, notice LELIÈVRE Victor, Joseph par André Caudron, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 30 mai 2020.

Par André Caudron

SOURCES : Arch. familiale et témoignage de Georgette Dutriez-Lelièvre. —Le Cri du Nord, 30 août 1919. — Le Réveil du Nord, 21 janvier 1921, 6 octobre 1922 (portrait). — Encyclopédie socialiste, les fédérations socialistes, I, 1913.

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