LE MAUX Philippe, Pierre, Marie

Par Yves Le Floch

Né et mort à Lannion, section de Brélévenez (Côtes-du-Nord) : 9 février 1898-17 février 1958 ; cultivateur à Convenant-le-Saux en Brel (Côtes-du-Nord) ; élu député socialiste en 1936.

Philippe Le Maux, issu d’une famille d’exploitants agricoles, participa aux combats de la Première Guerre mondiale, notamment à la bataille de Verdun.

Élu adjoint au maire de Brélévenez en mai 1929 sur une liste de défense paysanne, Philippe Le Maux fut candidat socialiste en octobre 1931 aux élections cantonales dans l’arrondissement de Lannion. Il fut élu au second tour. Sa victoire traduisait la poussée socialiste paysanne dans l’Ouest du département et, à partir de 1932, Le Maux se fit le défenseur ardent des producteurs de lin. Le congrès des sections de l’arrondissement de Lannion, le choisit comme candidat aux élections législatives de mai 1932, choix ratifié par le conseil fédéral. Il réunit 5 695 voix au premier tour (sur 25 896 inscrits) et se désista pour le radical Le Gac qui le distançait de 250 voix. Son accord était total avec l’équipe de la Charrue rouge (voir A. Hamon et Y. Le Lay) et il se prononça comme elle contre le soutien du Parti socialiste à Édouard Herriot. Il milita de plus en plus activement dans les syndicats de défense paysanne alors en plein essor. En 1933, la Charrue rouge devint leur organe, ce qui ne pouvait satisfaire la direction fédérale. Au congrès d’avril 1933, la fédération admit que l’Éveil breton continuerait d’appuyer l’action de Le Maux pour les comités paysans, mais elle ne se prononça pas, sur la « légitimité » de cette campagne. Ces comités avaient une organisation propre, hors des structures du Parti, et les socialistes craignaient un débordement sur leur gauche, bien que l’implantation communiste fût alors très faible dans le département. Cependant, comme la radicalisation croissante de la Charrue rouge le montra, ce danger n’était pas entièrement illusoire.

La Charrue rouge se lança en même temps dans la lutte contre la guerre. Le 1er avril 1933, Le Maux participa à un meeting pacifiste à Tréguier avec Le Lay et Hamon. Il devint à cette époque très populaire dans la région. Militant dans les syndicats de paysans travailleurs, il écrivait dans la Charrue Rouge et dans l’Éveil breton de nombreux articles sur les différents types de baux, publiant des modèles de statuts de syndicats. Il écrivit aussi dans la Voix paysanne et devint, en juin 1933, président du syndicat des paysans travailleurs de Lannion. Il accomplit une tournée dans les sections rurales de la région de Glomel où une importante activité dorgériste se déployait. Notons que la Charrue rouge employait la langue bretonne, fait exceptionnel dans la presse de gauche. Les réunions socialistes dans l’ouest du département se faisaient aussi en breton et Le Maux fit en partie sa campagne électorale de 1936 en cette langue.

Il travailla avec la Confédération générale des paysans travailleurs, dont il fut avec Marzin le responsable dans l’arrondissement de Lannion. On le vit à Plouaret lors d’une action des comités paysans contre une saisie en mars 1934. Cette année-là, il appela les syndicats paysans à se mobiliser « contre le fascisme et les affameurs ». Fait notable dans son évolution : il tint des réunions unitaires avec les communistes Cachin et Hamon. Qualifiant le syndicat de paysans travailleurs de « syndicat de classe », il lança une violente attaque contre les « koulaks » ; il était alors vice-président du bureau du comité national de la CGPT. Démissionnant de ses postes d’adjoint au maire de Brélévenez, et de conseiller d’arrondissement, il fut candidat au conseil général en octobre 1934 à Lannion. Il fut également battu aux élections municipales de Brélévenez en 1935. Cette même année, il participa avec Frédéric Choffé et Marcel Hamon aux réunions de Front populaire dans le Trégor et fut le candidat socialiste à Lannion en avril 1936 (5 120 voix sur 26 388 inscrits). Hamon, candidat communiste, se désista pour Philippe Le Maux qui fut élu avec 10 591 voix contre 10 350 à son adversaire, confirmant la poussée de la gauche en milieu paysan.

À l’Assemblée nationale, il devint secrétaire de la commission de la Marine marchande mais intervint peu aux séances publiques. Il continua de participer à la défense des ouvriers et des paysans de la région, soutint les grévistes des carrières de granit de la région de Perros en 1936, et ceux des cuivreries de Bretagne (Lannion) où il fut à l’origine d’une enquête préfectorale à propos de la tentative d’un contremaître de l’usine de briser le syndicat. Le 3 novembre, lors d’une réunion des Amis de l’URSS à Lannion, il affirma sa sympathie pour l’URSS, seul pays, à défendre la classe ouvrière, souligna-t-il. Il redevint conseiller d’arrondissement de Lannion.

La guerre venue, Philippe Le Maux vota les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, puis reprit ses activités agricoles.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article117678, notice LE MAUX Philippe, Pierre, Marie par Yves Le Floch, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 9 avril 2012.

Par Yves Le Floch

SOURCES : Arch. Dép. Côtes-du-Nord, série M, grèves et conflits du travail, réunion syndicales et coopératives. — La Charrue rouge. — L’Éveil breton. — Le Combat. — Le Combat social. — État civil de Lannion.

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