LE MINTER François

Par Marcel Boivin, Jean-Jacques Doré

Né le 14 mai 1902 à Plourivo (Côtes-du-Nord), mort le 16 juin 1973 à Oissel (Seine-Maritime) ; inscrit maritime à Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) ; membre permanent de la commission exécutive de la Fédération CGTU des Marins ; communiste.

Fils d’un marin, François Le Minter, inscrit au Parti communiste et permanent de la Fédération unitaire (CGTU) des Marins fut délégué à Rouen en 1931 avec pour mission de réorganiser le syndicat local, affaibli par le départ de Jules Milox en 1930.

Dès le 19 avril, il fut invité à siéger comme membre suppléant de la commission exécutive de la 19e Union régionale où il tisse avec le secrétaire Jean Rivière des liens durables d’amitié puis prit, en mai, la direction du syndicat unitaire des Marins de Rouen. Très présent sur les quais, au gré de l’arrivée des bateaux, il menait une intense propagande. Le 22 octobre, il fut arrêté sur le port en compagnie d’un Letton (Waldemar Birsinsch) et d’un Polonais (Joseph Grzyb), alors qu’il transportait en cachette des brochures de propagande révolutionnaire en langues finlandaise, polonaise et lettone. Au cours de la perquisition qui suivit, au siége des marins, la police découvrit un ressortissant hongrois, Alex Popovics, venu d’Anvers pour mettre sur pied en France un syndicat des marins étrangers.

Remis en liberté le 29 octobre, Le Minter organisa une série de manifestations et de meetings qui réunissaient, une fois n’était coutume, les principaux militants de la région, toutes tendances confondues. Constamment sur le port, l’activité qu’il déployait favorisa le renaissance d’un syndicat moribond qui comptait en 1933 plus de 300 membres. Aussi la Fédération lui demanda-t-elle d’accomplir la même besogne à Marseille.

Après avoir confié la direction du syndicat à Yves Trétou, il quitta Rouen au début du mois de juillet 1933, pour se rendre à l’étranger (selon un rapport de police), vraisemblablement à Anvers, ce qui corrobore les renseignements fournis par Jan Valtin à la Gestapo en 1937 ; Le Minter aurait été responsable de l’appareil clandestin du Komintern à Anvers (Belgique), ( l’épisode fut confirmé par Paul Lemarchand).

Arrivé à Marseille (Bouches-du-Rhône) en octobre 1933, il y reproduit le même scénario qu’à Rouen, élu secrétaire du syndicat des Marins unitaires qui ne comptait alors qu’une cinquantaine d’adhérents ; il orchestra une campagne très active contre le syndicat confédéré (CGT) et les socialistes dont témoignaient plusieurs articles publiés publiés sur Rouge-Midi en 1934. Il aurait été là encore responsable de l’appareil clandestin du Komintern pour l’Afrique du Nord et le Proche-Orient.

De retour à Rouen début 1935, sa rencontre avec Suzanne Chénel qu’il épousa le 13 juillet 1936 mit un terme à sa carrière de missi dominici de la Fédération. Réélu secrétaire du syndicat des Marins unitaire, il participa au congrès national de la CGTU tenu à Issy-les-Moulineaux du 24 au 27 septembre 1935 puis au congrès de fusion avec les confédérés les 8 et 9 janvier 1936.

Secrétaire du syndicat CGT des Marins de Rouen jusqu’en 1939, il siégea à la commission administrative de l’Union départementale après le congès de Sotteviile-lès-Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) les 17 et 18 décembre 1938. Il était alors entouré d’un groupe de militants dont la carrière dépassait largement le cadre de la Seine-Inférieure, comme le mystérieux Abdelaiz Menouer que tous les militants du port appelaient "Albert" ou "Béber".

En 1944, il reconstitua le syndicat dont il était encore secrétaire dans les années 1950. Il fut élu membre du bureau de l’UD CGT de Seine Inférieure le 28 octobre 1944 à Rouen, mais n’y resta qu’un mandat. Il fut de nouveau élu à la CE de l’UD lors du congrès des 14 et 15 novembre 1953. Il était alors âgé de 50 ans et habitait "Les Communaux", à Blosseville-Bonsecours (Seine-Inférieure). Il resta membre de la CA de l’UD puis de la CE jusqu’à la fin des années 1960. A partir de 1962, il y fut élu au titre des retraités .

Il fut présenté par la CGT sur la « liste d’union des travailleurs » aux élections au Conseil d’Administration de la Caisse Primaire de Sécurité Sociale de Rouen le 17 novembre 1955.

Le 25 novembre 1966 il reçut une médaille au titre de membre ou ancien membre de la CA de l’UD CGT de Seine Maritime ayant plus de 30 années de fidélité à la CGT, à l’occasion de son 25ème congrès.

Remarié à Blosseville-Bonsecours (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) en 1947, Le Minter qui résidait toujours à Rouen dans les années soixante, avait probablement joué un rôle occulte beaucoup plus important qu’il n’y paraissait.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article117719, notice LE MINTER François par Marcel Boivin, Jean-Jacques Doré, version mise en ligne le 7 juin 2020, dernière modification le 7 juin 2020.

Par Marcel Boivin, Jean-Jacques Doré

SOURCES : Arch. Nat. F7/13768, Rouen, 31 octobre 1931. — Arch. Dép. Seine-Maritime, 1 MP 535 Manifestations politiques et syndicales, 1 MP 597 Communisme. — Arch. Com. Rouen, 7 F 3, 2 I 10. — Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, M6/11379 (rapport préfectoral) ; XIV M 24/62. — Rouge-Midi, 24 février et 15 décembre 1934. — V. Avellan, Le syndicat des Inscrits maritimes, Mémoire de Maîtrise, op. cit. — S. Courtois, La politique du PCF et ses aspects syndicaux, 1939-1944, Annexe n° 18, thèse, op. cit. — État civil de Rouen. — Constance Micalef, Le roman de Jan Valtin Sans patrie, ni frontière, comme sujet d’histoire politique, DEA, 2002, Paris I. — Arch. de l’Union départementale CGT de Seine-Maritime, déposées aux Arch. Dép. de Seine-Maritime. — Témoignage de Paul Lemarchand.

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