LEMOINE Marcel, Georges, Lucien

Par Claude Pennetier

Né le 23 décembre 1918 à Châteauroux (Indre), mort le 29 janvier 1998 à Châteauroux ; employé de bureau ; militant communiste de l’Indre ; adjoint au maire de Châteauroux (1945-1947) ; maire de Déols (1959-1977, 1983-1989) ; conseiller général ; député (1967-1968 ; 1973-1978).

Fils d’un employé des chemins de fer et d’une ouvrière des tabacs (cigarière), né dans une femille de quatre enfants, Marcel Lemoine, titulaire du brevet élémentaire, employé de bureau, adhéra aux Jeunesses communistes en 1936 et au Parti communiste en 1937. Il fut secrétaire des Jeunesses communistes de l’Indre dès 1937 et, en 1938, membre du comité départemental communiste. Il devint secrétaire de la section communiste locale en septembre 1939 et le resta, clandestinement, jusqu’à son arrestation à Châteauroux en janvier 1941, « donné » dit-il par le responsable des Jeunes.

Dans une "biographie" de juin 1945, répondant à la question sur le Pacte germano-soviétique, il affirmait en juin 1945 : "Dès la disparition de l’Huma, deux tracts furent édités à Châteauroux, les 28 et 30 août par le bureau de section. Ces tracts dénonçaient la politique criminelle de Daladier et de Chamberlain et affirmaient notre confiance dans la politique de paix de l’Union soviétique. Ces tracts furent tirés chacun à 2000 exemplaires et distribués avant le 1er septembre. Dans le courant de ce mois et en octobre, d’autres journaux l’Huma et la Vérité furent édités et distribués". Il était en contact avec le « Centre », par Albert Rigal.

Emprisonné à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), il fut condamné à mort le 11 septembre 1941 par un conseil de guerre. Le maire de Châteauroux intervint en sa faveur en déclarant « Que cette condamnation avait soulevé dans la population, même dans les milieux bourgeois et sains, beaucoup d’émotion. » et qu’une « mesure de bienveillance consécutive à un recourt en grâce serait très appréciée par l’unanimité de la population ». De son côté, sa mère se manifesta : « M. le Préfet de l’Indre informe le Ministère de l’Intérieur que madame Lemoine, mère de Lemoine, récemment condamné à mort par le tribunal militaire de Clermont, se rendra à Vichy demain soir 14 septembre. Elle demandera à être reçue par M. le Maréchal de France, Chef de l’État, pour solliciter la grâce de son fils ». Sa peine ayant été commuée en travaux forcés à perpétuité, Lemoine fut interné à la prison de Saint-Étienne (Loire) d’où il s’évada le 26 septembre 1943 avec Robert Marchadier, Guidicelli, Rieu, Guillemot, Dutour. « En rééducation à Grenoble de novembre 1943 à janvier 1944 avec Raoul », il fut instructeur inter-régional sous le pseudo d’Étienne, en 1943-1944. La police allemande l’arrêta en mai 1944 à Nîmes (Gard) et le tortura. Il prit des contacts pour une évasion mais sans succès. Interné à Compiègne (Oise) puis déporté le 21 août 1944 à Buchenwald, il revint physiquement affaibli par un pneumothorax.

À la Libération, Marcel Lemoine reprit ses activités militantes. Les responsables communistes portaient sur lui des appréciations positives : « Bon camarade solide. Une tenue exemplaire pendant l’illégalité. Il est en très mauvais état de santé mais malgré tout il peut se remettre puisqu’il va déjà un peu mieux. Il vient d’être nommé au Comité régional. »

Secrétaire de la fédération communiste de 1947 à 1967, il fut adjoint au maire de Châteauroux de 1945 à 1947, conseiller municipal de 1947 à 1959 et maire de Déols de 1959 à 1977 et de 1983 à 1989. Il fut conseiller général de Châteauroux de 1967 à 1985.

Candidat aux élections législatives de 1967 dans la deuxième circonscription de l’Indre (Issoudun, La Châtre), il obtint 13 994 voix au premier tour, en tête de tous les candidats, et fut élu au second tour en dépit du maintien du candidat de la FGDS. En 1968, bien qu’en forte progression (15 885 voix), il fut battu par le candidat républicain indépendant Tissandier. En 1973, il se présenta dans la première circonscription, celle de Châteauroux, arriva en tête au premier tour avec 15 051 voix sur 45 857 suffrages exprimés et fut élu au second tour.

Marcel Lemoine était, dans les années quatre-vingt, membre du bureau de l’Amicale des vétérans du PCF.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article117750, notice LEMOINE Marcel, Georges, Lucien par Claude Pennetier, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 11 février 2017.

Par Claude Pennetier

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Renseignements recueillis par Georges Thomas. — L’Émancipateur. — L’Humanité, 28 février 1980. — Lettre de Marcel Lemoine, 10 février 1989.— Le Monde. — Frédéric Aufrère, Les grèves de mai-juin 1968 dans l’Indre, Mémoire de maîtrise, Université d’Orléans, 1997. — État civil.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable