Par Jacques Girault
Né le 14 septembre 1905 à Chirac (Charente), mort le 29 août 1996 à Saint-Michel (Charente) ; instituteur en Charente ; militant syndicaliste du SNI.
Jean Lendrevie était le fils d’un cultivateur propriétaire, d’opinions plutôt conservatrices. Ses parents lui firent donner une instruction catholique mais il devint par la suite très anticlérical, faisant seulement baptiser ses quatre enfants. Ayant fréquenté l’école primaire supérieure de Chasseneuil (Charente), il entra à l’École normale d’instituteurs de La Rochelle (Charente-Inférieure) en 1922. Après son service militaire dans l’artillerie en Allemagne, puis à Joigny (Yonne), il enseigna dans diverses communes de Charente-Inférieure : Surgères (1925), Montguyon (1927) puis Thézac (1928) et Meursac (1932) où il exerça aussi les fonctions de secrétaire de mairie. Il réintégra ensuite la Charente : La Forêt-de-Tessé (1936) et Champagne-Mouton (1938).
Membre du Syndicat national des instituteurs (CGT) depuis 1928, militant du Groupe de jeunes, Jean Lendrevie appartint au bureau de la section départementale du SNI unifié en 1938. Il adhéra au Comité Amsterdam-Pleyel et, en 1937, au Parti socialiste SFIO. Il perdit, à cette époque, temporairement, son poste de secrétaire de mairie pour avoir critiqué publiquement le député radical-socialiste qui refusait le Front populaire. Membre de la Ligue des droits de l’homme, en liaison avec le mouvement « La Paix par le Droit », d’accord avec les analyses de Léon Émery, il se déclara « soulagé » lors des accords de Munich.
Jean Lendrevie se maria religieusement à l’église en avril 1929 à Saujon (Charente-Inférieure). Le couple eut un enfant. Divorcé en 1939, il se remaria à Saujon en janvier 1940 avec une institutrice, ancienne élève de l’École normale d’institutrices de Niort (Deux-Sèvres), qui fut directrice de l’école de Sillac à Angoulême jusqu’en 1968. Le couple eut trois enfants.
Mobilisé dans l’artillerie en septembre 1939, fait prisonnier en juillet 1940, il s’évada à Trèves (Allemagne) en mai 1941 et retrouva un poste d’instituteur à Excideuil-sur-Vienne en octobre suivant. Il y resta quinze ans.
Après la guerre, adepte des méthodes de Célestin Freinet pour l’enseignement du français, Jean Lendrevie exerça des responsabilités syndicales (conseil et bureau syndicaux). Il fut réélu secrétaire pédagogique de la section départementale du SNI, le 8 janvier 1948. Lors de l’assemblée générale du 19 février 1948, il considéra que le débat sur l’affiliation ne devait pas mettre en danger l’unité du syndicat qui devait être maintenue par l’autonomie. Pendant deux années, il fut très actif dans la direction syndicale et devint secrétaire de la section départementale, de 1950 à 1958. Instituteur à l’école Bel Air à Angoulême à partir de 1956, il termina sa carrière en 1960 comme directeur d’école à Angoulême.
Au congrès national du SNI à Saint-Malo, le 19 juillet 1951, dans son intervention, il reprocha à la FEN-CGT de nuire à l’unité. Peu de temps après, lors de la réunion du conseil national, le 11 octobre 1951, il intervint dans la discussion sur l’action de défense de l’école laïque et prolongea ses idées sur ce thème lors de la réunion du 15 avril 1957, où il regretta que le Comité national d’action laïque ne popularise pas le projet du SNI de réforme de l’enseignement. Il fut un des vingt candidats, en quinzième position sur la liste « Pour un syndicalisme indépendant et constructif » pour l’élection du bureau national à la fin de 1953. Il participa à la commission des conflits décidée par le conseil national, le 26 décembre 1953.
Lors de la réunion du conseil national, le 31 mars 1958, il souhaita que le SNI puisse préciser dès maintenant les interlocuteurs pour la négociation pour la paix en Algérie. Déjà, au retour d’un voyage en URSS, sans mettre en cause l’autonomie du syndicat, après avoir proposé que le bureau syndical soit composé de militants des diverses tendances, il refusa de conduire la liste « autonome » aux élections du conseil syndical. Le dirigeant de la tendance unitaire Robert Vergnaud* proposa qu’il soit réélu au poste de secrétaire général, lors de la réunion du conseil syndical, le 19 avril 1956. Sa réélection fut acquise puisqu’il était plus âgé que le syndiqué ayant obtenu le même total de voix. Il démissionna aussitôt mais revint sur sa décision à la suite de la discussion avec les autres dirigeants. Pour affirmer son indépendance syndicale, il n’avait pas repris pas sa carte du Parti socialiste SFIO tout en restant très attaché au socialisme. Il abandonna le secrétariat général de la section le 19 juin 1958, en raison de fortes divergences dans le bureau, devenant secrétaire administratif, responsabilité qu’il conserva jusqu’à sa retraite en 1960. Il continua à participer au conseil syndical comme retraité.
Jean Lendrevie avait élu suppléant au Conseil d’enseignement du premier degré en novembre 1958 avec 7 881 voix sur 9 131 suffrages exprimés.
Il reconstitua la section départementale de la Ligue des droits de l’homme dont il assura la présidence départementale de 1960 à 1975.
Par Jacques Girault
SOURCES : Arch. SE-UNSA Charente. — L’École libératrice. — Renseignements fournis par l’intéressé.