LE NORMAND Guy

Par Yves Le Floch

Né le 12 juin 1894 à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord) ; abattu le 26 mars 1944 à Relecq-Kerhuon (Finistère). Professeur de lycée ; secrétaire des Fédérations SFIO des Côtes-du-Nord et du Finistère.

Licencié ès-lettres en 1913, blessé à Verdun le 12 mars 1916, Guy Le Normand enseigna, à partir de 1919, l’histoire au collège de Dinan (Côtes-du-Nord). À cette époque, il se consacra surtout aux luttes corporatives : il était secrétaire de la section de Dinan de la Ligue des droits de l’Homme et secrétaire de la section locale de la Fédération des fonctionnaires. Il représenta les Côtes-du-Nord au congrès national du Cartel des fonctionnaires qui se tint à Paris les 11 et 12 novembre 1922. Les luttes furent alors centrées sur la reconnaissance du droit syndical aux fonctionnaires. De 1922 à 1929, il fut aussi secrétaire du comité de Dinan des anciens combattants. Il fit évoluer cette organisation vers la gauche, ce qui provoqua des scissions dans ses rangs et inquiéta la sous-préfecture.

Le Normand fut l’un des militants plus actifs de la SFIO à Dinan. Secrétaire de la section socialiste de cette ville, écrivant de nombreux articles dans le journal départemental, l’Éveil breton, entre 1925 et 1928, il se présenta aux élections législatives à Dinan en 1924 puis à Guingamp en 1928 — où il recueillit 22 % des voix — de même qu’aux élections cantonales de 1928 à Belle-Isle-en-Terre. Au congrès fédéral qui se tint à Tréguier en juillet 1928, il fut élu secrétaire fédéral et délégué au conseil national du parti. Bien que nommé sur sa demande au collège de Morlaix (Finistère) à la rentrée de 1926, Le Normand resta membre de la Fédération des Côtes-du-Nord qui, en 1929, le mandata pour se concerter avec Masson, député socialiste du Finistère, sur la création d’une Fédération SFIO de l’Ouest. L’idée d’un regroupement des Fédérations socialistes de la région revenait périodiquement, peut-être à cause du fait qu’elles étaient issues de l’ancienne Fédération socialiste de Bretagne, dissoute en 1907, mais il n’y avait jamais eu de projet effectif de regroupement. Finalement, au printemps de 1929, Guy Le Normand fut élu secrétaire de la Fédération socialiste du Finistère et démissionna du secrétariat des Côtes-du-Nord au congrès du 23 juin.

La même année, il fonda, avec Masson, le Breton socialiste à la suite d’un différend avec E. Goude, qui maintint le Cri du peuple. En 1932, il fut candidat aux élections législatives, dans la première circonscription de Morlaix contre François Bourgot* (ex-socialiste) et le docteur Mazé, radical-socialiste qui fut élu. Après le décès de Bourgot, maire de Morlaix, Le Normand devint conseiller municipal, en décembre 1936. Le 31 janvier 1937, il entra au conseil général et fut reconduit le 17 octobre 1937.

Lors de l’arrivée des Allemands en juin 1940, à la demande du maire de Morlaix, le docteur Lejeune, il accepta de se rendre à leur rencontre pour éviter toutes destructions en ville. Réquisitionné comme interprète, rendant de nombreux services à la population, il s’estima, en 1942, toujours élu du peuple et accepta de devenir conseiller départemental du régime de Vichy. Il fut abattu en même temps que son frère, le contre-amiral Le Normand, dans la maison de celui-ci, au Relecq-Kerhuon (Finistère) le 26 mars 1944. Le contre-amiral Le Normand assurait les fonctions de préfet maritime par intérim et passait, à tort, pour un collaborateur, un point qui reste discuté (Lars Hellwinkel, op.cit).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article117838, notice LE NORMAND Guy par Yves Le Floch, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 19 octobre 2022.

Par Yves Le Floch

SOURCES : Arch. Dép. Côtes-du-Nord, série M, réunions syndicales et corporatives ; réunions diverses. — L’Éveil breton. — Collection du Breton socialiste et de La Dépêche de Brest. — Notes communiquées par M. Gérard Morvan. — Comptes rendus du conseil général du Finistère. — Jeannine Guichoux, La Résistance dans la région morlaisienne sous l’occupation allemande, Mémoire, 1970, Faculté des lettres, Brest. — Vuillez, Brest au combat. op. cit. — Lars Hellwinkel, La base navale allemande de Brest 1940-1944, PU Rennes, 2022.

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