BONNEAU Louis, Étienne

Par Jacques Girault

Né le 14 octobre 1895 à Avrée (Nièvre), mort le 13 avril 1966 aux Arcs (Var) ; cheminot dans la Nièvre puis dans le Var ; syndicaliste CGTU ; militant communiste ; conseiller municipal des Arcs ; résistant.

Fils d’un ouvrier agricole et d’une matelassière, Louis Bonneau avait deux frères. Il fut baptisé et fit sa première communion. Il obtint le Certificat d’études primaires à Rémilly (Nièvre). Après avoir travaillé comme domestique, mobilisé la deuxième année de la guerre dans l’infanterie, gazé, il participa à l’occupation de l’Allemagne. Volontaire pour entrer dans les chemins de fer, il fut démobilisé au début de 1919. Engagé comme homme d’équipe à la gare de Rémilly, sa connaissance du morse lui permit de devenir « garde-signaux ». Muté comme aiguilleur à la gare de Saincaize (Nièvre), il se syndiqua et ne sembla pas avoir participé à la grève des cheminots en 1920. Il se maria uniquement civilement à Sémelay (Nièvre). Son fils ne fut pas baptisé à la différence de sa fille.
Pour raison de santé, Bonneau demanda une mutation dans le Midi et fut affecté comme agent de train à la gare des Arcs en février 1923. Il devint secrétaire de la section des Arcs du syndicat CGTU des employés de chemins de fer du Vr qu’il avait contribué à créer. Membre du Parti communiste, devenu chef de train, il fut signalé comme gréviste, le 12 octobre 1925, dans le mouvement contre la guerre du Maroc. Selon la police, il était, en 1926, secrétaire général du secteur qui comprenait les syndicats de Nice, Cannes, Toulon, La Seyne, Carnoules et les Arcs. Délégué du personnel de troisième catégorie de la région auprès de la direction régionale de la compagnie du PLM pendant douze années, Bonneau participa à la plupart des congrès départementaux, puis régionaux de la CGTU, ainsi naturellement qu’aux congrès de sa corporation. Lors de la grève de 12 février 1934, à la suite d’une réunion syndicale des cheminots à Marseille, il fut blessé.
Non-candidat au premier tour des élections municipales aux Arcs, Bonneau s’était porté candidat au deuxième tour pour le siège restant en ballottage et avait été élu avec 233 voix sur 855 inscrits, le 12 mai 1929. Cinq jours plus tard, il protestait par lettre auprès du préfet après les « affiches injurieuses » collées par son adversaire, socialiste SFIO. Sa réponse sur affiche rouge, dont le texte n’a pu être retrouvé, avait-elle permis aux responsables régionaux du Parti communiste d’émettre des doutes sur son attachement au Parti ? Quoi qu’il en soit, lors de la conférence du rayon, à Carnoules, le 26 janvier 1930, on lui demanda d’affirmer son accord avec le Parti.
Dans les réunions du conseil municipal où les socialistes SFIO dominaient, Bonneau mettait le plus souvent l’intérêt général au-dessus des intérêts partisans, ainsi dans la question du terrain de sports ; il proposa cette création dans le terrain « Morard » beaucoup plus près du village, mais ne fut pas suivi. Il entretenait de bonnes relations avec l’ancien maire radical Passerin qui lui fournissait souvent des renseignements d’ordre administratif. Cette expérience municipale renforça sa méfiance profonde à l’égard des socialistes, méfiance qui dura bien au-delà du Front populaire.
Le 10 mai 1933, Bonneau démissionnait de sa fonction de conseiller municipal et s’en expliquait : « En 1929, lors de la discussion à la Chambre sur la réforme électorale concernant les élus municipaux, les membres de mon parti se sont élevés avec vigueur contre le mandat de six ans. De ce fait lorsque j’ai été candidat [...] j’ai pris l’engagement [de démissionner au bout de quatre ans] ». Il ajoutait, « j’ai travaillé dans l’intérêt de la classe ouvrière dans la mesure du temps que me permettait mon service ».
Louis Bonneau ne se représenta pas aux élections municipales de 1935 et fut candidat pour le conseil général (canton de Lorgues). Arrivé en troisième position, avec 104 voix sur 1925 inscrits, il se désista, le 7 octobre 1934 pour le candidat socialiste.
Orateur dans diverses réunions communistes et antifascistes dans la région, secrétaire de la section communiste des Arcs dès sa création, correspondant du CDLP, Bonneau ne s’entendait pas très bien avec le dirigeant communiste Antoine Foucard, instituteur aux Arcs.
Gréviste le 30 novembre 1938, Bonneau, à la déclaration de la guerre, fut déplacé à Langeac (Haute-Loire). Selon le témoignage de son fils, désigné comme chef de train dans le convoi servant à une tournée du maréchal Pétain, il aurait exprimé à ses supérieurs, par lettre, ses distances politiques avec le gouvernement de Vichy. Il participa à la collecte de renseignements pour la Résistance concernant les mouvements ferroviaires.
À la Libération, Bonneau revint aux Arcs et fut réformé en 1945. Candidat communiste aux élections municipales, il conserva le secrétariat de la section communiste des Arcs jusqu’au début des années 1950. Il resta membre du Parti communiste français jusqu’à son décès.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article1180, notice BONNEAU Louis, Étienne par Jacques Girault, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 14 septembre 2022.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat., F7/13123, 13672. — Arch. Dép. Var, 2 M 3.52 ; 2 M 5.285 ; 2 M 7.32.1 ; 4 M 59.2 ; 4 M 59.4.1 ; 4 M 59.4.4 ; 3 Z 4.5 ; 3 Z 4.21 ; 3 Z 4.29. — Renseignements fournis par Marcel Bonneau, son fils.

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