Par Julien Chuzeville
Né le 12 avril 1893 à Paris, mort en septembre 1966 ; mécanicien, puis chauffeur ; militant de la SFIO, secrétaire de la 14e section de Paris, signataire et porte-parole de l’amendement Heine lors du congrès de Tours ; militant du Parti communiste, oppositionnel à partir de la « bolchevisation », exclu en 1926 ; coopérateur ; proche de La Révolution prolétarienne.
Domicilié dans le XIVe arr. et militant de la 14e section socialiste, Georges Leroy était certainement aussi adhérent de la Fédération communiste des soviets. Il fit partie des délégués du Comité de la IIIe Internationale de la fédération socialiste de la Seine au Conseil national de la SFIO du 4 juillet 1920. En novembre 1920, il était secrétaire de sa section socialiste. Il habitait alors au 27 rue Vercingétorix. Il fut à l’occasion du congrès de Tours (décembre 1920) un des signataires, avec Maurice Heine et six autres militants, d’un amendement à la motion « présentée par le Comité de la IIIe Internationale » (dite Loriot-Souvarine ou « Cachin-Frossard »). Le texte Heine-Leroy proposait l’adoption intégrale des 21 conditions de l’Internationale communiste, contrairement à la motion qui fut effectivement votée par le congrès. Lui-même délégué au congrès, Leroy intervint le 27 décembre pour défendre son amendement. Il se présenta comme « coopérateur communiste ». Lors de l’avant-dernière séance, il indiqua que les quarante-quatre mandats de sa motion devaient être ajoutés à ceux se prononçant pour l’adhésion à la IIIe Internationale. Le congrès le désigna à la commission de contrôle du Parti communiste naissant. Selon des témoignages, il fit plusieurs voyages à l’étranger, en particulier en Allemagne, en liaison avec l’Internationale.
En 1920, il fut l’un des fondateurs du Comité des coopérateurs communistes : Leroy était désigné comme secrétaire de sa commission provisoire dans un appel paru dans L’Humanité du 17 novembre 1920. L’assemblée constitutive des coopérateurs communistes se tint le 20 novembre 1920, Leroy étant élu membre de sa commission exécutive et co-secrétaire du groupe avec Georges Marrane. L’assemblée générale des coopérateurs communistes du 10 avril 1921 le maintint comme membre de la commission exécutive.
En octobre 1922, la section communiste du XIVe arrondissement de Paris le délégua au congrès fédéral de la Seine. Il s’était alors éloigné du courant de Heine, et rapproché de la gauche du parti autour de Boris Souvarine et Alfred Rosmer. Au début de l’année 1924, Georges Leroy intégra la commission coloniale du PC, et le bureau politique du 10 mars 1924 le nomma secrétaire de cette commission. Il rédigea à cette période plusieurs rapports au comité exécutif de l’Internationale à propos de l’action communiste en directions des coloniaux. Dans un autre domaine, le 12 mars 1924, il publia dans l’Humanité un article demandant à la Fédération sportive du travail (FST, dont il semble qu’il était membre) de réformer les matchs de boxe afin qu’ils soient moins violents, et en particulier afin d’empêcher les blessures.
En février 1925, il fut l’un des 80 signataires de la lettre de l’opposition communiste au comité exécutif de l’Internationale (initiée par Fernand Loriot, Amédée Dunois, etc.). Le 9 août, il figurait de nouveau parmi les signataires d’un texte collectif des oppositionnels, dénonçant les « grossières erreurs » de la direction du PC. En octobre 1925, il apparaissait comme « G. Leroy, chauffeur, domicilié à Paris », parmi les signataires de la Lettre des 250 à l’Internationale communiste. Le 5 octobre 1925, l’Humanité publia une tribune libre de Leroy qui dénonçait « une recrudescence de centralisme » au sein du Parti communiste. En janvier 1926, Leroy figurait au comité de rédaction du Bulletin communiste, organe oppositionnel animé par Boris Souvarine.
Le 17 janvier 1926, l’Humanité publia un communiqué du comité du 6e rayon proposant l’exclusion de Leroy, aux côtés de A. Mahouy, César Hattenberger et Lacoste. Lors du comité régional du PC de la région parisienne du 24 mars, était lue une « lettre de Leroy, Hattenberger et Mahouy », document non-retrouvé.
Le 15 mars 1926, l’Humanité annonça son exclusion qui fut ratifiée par le comité central le 1er avril 1926.
En juillet 1926, La Révolution prolétarienne publia une lettre de Georges Leroy dénonçant une campagne xénophobe menée parmi les chauffeurs. Leroy y écrivait qu’il ne fallait « pas oublier que les prolétaires n’ont pas de patrie ».
Leroy avait été un temps chauffeur de tramways. Dans les années trente, il aurait tenu un café à Mantes avant de devenir chauffeur de taxi, puis chauffeur de car à Hyères (Var). Il resta proche de La Révolution prolétarienne jusqu’à son décès en 1966.
Par Julien Chuzeville
ICONOGRAPHIE : dessin dans l’Humanité du 29 décembre 1920, photo dans Floréal du 15 janvier 1921.
SOURCES : Arch. Nat. F7/12992 et 13090. — Renseignements communiqués par Colette Chambelland. — Lettres à Marcel Martinet, non-datées (BNF NAF 28352). — RGASPI 517/1/172, 517/1/185, 517/1/241, et 517/1/432. — Julien Chuzeville, Fernand Loriot, le fondateur oublié du Parti communiste, 2012, p. 225. — Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, tome 16, p. 474-481. — Le Populaire du 17 novembre 1920. — Le Soviet, 15 janvier 1921. — L’Humanité, 22 et 24 novembre 1920, 14 avril 1921, 15 février et 6 avril 1926, et dates citées. — Le Journal du peuple, 4 juillet 1920. — La Révolution prolétarienne. — Notice DBMOF, par Jacques Girault. — Julien Chuzeville, Un court moment révolutionnaire, la création du Parti communiste en France, Libertalia, 2017.