LESART Xavier, Fleury

Par Yves Le Maner

Né et mort à Armentières (Nord) : 3 juin 1882-1er février 1945 ; ouvrier du textile ; militant syndicaliste chrétien du Nord.

Tisseur comme ses parents, Xavier Lesart commença à travailler dans une usine d’Armentières, à une époque où le syndicalisme était interdit de séjour dans la cité de la toile. En 1903, lorsqu’éclata le très dur mouvement de grève mené par les syndicalistes d’inspiration guesdiste, Émile Sohier* et Maurice Daudrumez, Lesart, hostile à la CGT en raison de son catholicisme fervent, refusa d’adhérer au syndicat du Textile d’Armentières et préféra s’affilier à l’Union ouvrière syndicale dès sa création, le 27 novembre. Ce groupement était ainsi défini par un rapport du commissaire spécial adressé au préfet en 1910 : « Peut être considéré comme le syndicat jaune des ouvriers de l’industrie textile d’Armentières. »

Ayant quitté sa ville natale au début de la Première Guerre mondiale, Lesart retrouva une cité complètement détruite lorsqu’il revint en 1919. Cependant, la reconstruction s’effectua rapidement et la vie économique put reprendre dès la fin de l’année 1919 avec la réouverture de l’usine Jeanson. Chargé par Cyrille Danckaert* de redonner vie à l’Union ouvrière, Lesart parvint à reconstituer le groupement qui comptait 1 250 adhérents en 1925, chiffre cependant très en-deçà des 2 300 membres d’avant-guerre. Par sa pratique (refus de faire grève, bonne entente avec le patronnat au sein de la commission mixte), l’Union ouvrière était qualifiée de « jaune » par les militants confédérés et unitaires qui, par ailleurs, traitaient Lesart de briseur de grève. Ces accusations influencèrent vraisemblablement ce dernier, lorsqu’en 1926, Charlemagne Broutin*, dirigeant des syndicats libres du Nord, proposa l’intégration de l’Union ouvrière à la CFTC. Malgré l’opposition de Cyrille Danckaert*, Lesart parvint à faire adopter l’affiliation à la centrale chrétienne qui fut effective le 2 décembre 1926. Cette nouvelle étiquette ne changea pas pour autant la tactique de Lesart qui s’opposa à nouveau à toutes les grèves dans le textile à Armentières, et en particulier à celle déclenchée en 1928 par les unitaires, qui se solda par un échec total, les syndiqués de la CFTC ayant continué de travailler pendant le conflit. Secrétaire permanent du syndicat du Textile d’Armentières-Houplines, secrétaire de la section locale d’Armentières, Lesart siégea au bureau de l’Union régionale CFTC du Nord de 1927 à 1933.

Poussé par les confédérés et les unitaires ainsi que par une partie de sa base, il fit associer son syndicat aux grèves de 1930 et de 1933 (seize semaines), mais tenta toujours de substituer le compromis à l’épreuve de force.

Finalement, après la conclusion de la grève de 1933, Lesart annonça son retrait de l’action syndicale au cours du XIVe congrès de la CFTC qui eut lieu à Lille le 23 avril 1933 et transmit ses responsabilités à Valenduc.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article118181, notice LESART Xavier, Fleury par Yves Le Maner, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 24 novembre 2010.

Par Yves Le Maner

SOURCES : Arch. Dép. Nord, M 595/73 et M 595/74. — J.-C. Héras, Mémoire de Maîtrise, op. cit.

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