LESESNE Gustave, Marcel, Maurice

Par Claude Pennetier, Nathalie Viet-Depaule

Né le 29 juillet 1878 à Clichy (Seine), mort le 13 octobre 1958 à Paris (Xe arr.) ; instituteur ; maire socialiste-communiste puis socialiste de Saint-Ouen (1929-1944) ; conseiller général (1925-1929 et 1943-1944) ; député (1928-1936).

Fils d’un instituteur qui fut pendant quarante ans directeur des écoles Michelet et Jean-Jaurès à Saint-Ouen, Gustave Lesesne grandit dans cette commune ouvrière du Nord de Paris. Élève à l’école communale de son père puis boursier au collège Chaptal, il obtint le brevet supérieur ainsi que le baccalauréat avant d’embrasser la profession d’instituteur. Nommé successivement, à partir de 1896, à Saint-Ouen, à Saint-Denis, à l’Ile-Saint-Denis et à Paris (dans le XVIIIe arr.), il habita toujours la ville de son enfance qu’il n’allait quitter qu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il s’y maria, le 13 avril 1907, avec Yvonne Fougerat, institutrice, fille d’un architecte-décorateur, militant socialiste. Il eut, en 1910, un fils qui deviendra métreur. Dès avant 1900, Gustave Lesesne était affilié à une loge maçonnique comme son père Adrien.

Dès qu’il commença à enseigner, Gustave Lesesne donna, parallèlement, des cours à l’Association philotechnique, à l’Université populaire de Saint-Ouen et au Cercle populaire d’enseignement laïque (section du XVIIIe). Il fonda « L’école du ménage », association d’éducation domestique et familiale dont il assura le secrétariat durant plusieurs années.

Très tôt, Gustave Lesesne participa à la création du premier syndicat des instituteurs et des institutrices publics de la Seine et à la constitution de sa Fédération nationale, adhérente à la CGT. Il fut alors délégué aux conseils syndical et fédéral et fit partie du comité central pour la défense du droit syndical des fonctionnaires. Il incita les amicales à se transformer en syndicats et refusa, en 1906, de souscrire à l’ordre gouvernemental de dissolution de son syndicat.

Son action syndicale, son adhésion à la Ligue des droits de l’Homme (il fut très longtemps secrétaire de la section locale qu’il avait fondée) allaient de pair avec son engagement politique. Il adhéra au groupe d’Études sociales et d’action politique de Saint-Ouen qui devint, en 1904, une section du Parti socialiste de France. Il y prit rapidement une place prépondérante et fut délégué au congrès de la salle du Globe, à Paris, en avril 1905. Il appartint dès lors à la commission exécutive de la Fédération de la Seine du Parti socialiste unifié qu’il représenta aux divers congrès. Il était secrétaire de la section socialiste de Saint-Ouen (25e section de la Fédération de la Seine) et secrétaire de l’Union des sections socialistes de la troisième circonscription de Saint-Denis (canton de Saint-Ouen et d’Asnières).

Lesesne brigua, à partir de 1904, un siège de conseiller municipal. Il n’entra à l’hôtel de ville que le 5 mai 1912. Désigné comme premier adjoint, il fut obligé de démissionner de cette fonction qui était alors incompatible avec sa profession. Réélu le 30 novembre 1919, il devint maire quelques jours plus tard mais dut, pour les mêmes raisons qu’en 1912, céder sa place à Émile Cordon*.

Partisan de la IIIe Internationale, Lesesne rallia les rangs du Parti communiste qu’il quitta à la fin de 1922, avec les édiles de Saint-Ouen, pour rejoindre l’Union socialiste-communiste. Le Parti communiste prononça son exclusion le 17 janvier 1923. Il fut l’un des 86 signataires de la déclaration du Comité de défense communiste qui s’opposait aux décisions du IVe congrès de l’Internationale communiste. Arrivé tête de liste le 5 mai 1925, battant Marcel Cachin* dès le premier tour du scrutin, il fut sollicité pour être maire. Il déclina l’offre et accepta les fonctions de troisième adjoint. Lors de l’instruction menée par la cours de justice de la Seine en 1946, il déclarera avoir décliné cette fonction pour des raisons financières, la salaire d’instituteur étant supérieur à celui de maire. Peu après, il fut élu au conseil général de la Seine et devint membre de la troisième commission permanente. Il quitta alors l’enseignement pour se consacrer à ses taches électives mais resta membre du syndicat national des instituteurs et institutrices publics.

En 1928, il se présenta aux élections législatives dans la sixième circonscription de d’arrondissement de Saint-Denis. Au second tour, il battit le candidat communiste, Palaric, (7 501 voix contre 5 585) et entra à l’Assemblée nationale. À nouveau plébiscité dans sa commune le 5 mai 1929, Gustave Lesesne accepta, cette fois, d’en être maire. Il conserva son siège de député en 1932, devançant encore le candidat communiste, Gaston Venet*, (7 939 voix contre 5 202) et son fauteuil de premier magistrat en mai 1935. Par contre, n’approuvant pas le Front populaire, il ne rassembla pas, en 1936, suffisamment de suffrages pour être reconduit à l’Assemblée nationale mais se désista au second tour en faveur du candidat communiste, Johanny Berlioz*.

Depuis sa rupture avec le Parti communiste, Lesesne siégeait au comité central, d’abord de l’Union socialiste-communiste puis du Parti d’unité prolétarienne. Il fit du Courrier socialiste — auquel il collaborait depuis longtemps déjà — le journal d’unité ouvrière du canton de Saint-Ouen. Il en fut l’administrateur délégué pendant des années. Lorsque le PUP fut dissous, il rallia le Parti socialiste SFIO non sans réticence écrivant : « Mon entrée, avec mes amis du défunt Parti d’unité prolétarienne dans les rangs du parti "fusionné", je ne puis la concevoir comme une abdication de mes idées, comme un reniement de tout mon passé de militant. J’entends rester ce que j’étais. Aucun souci de ménager l’avenir dans un but mesquin et égoïste de revanche et de satisfactions personnelles possibles ne saurait m’empêcher de rester moi-même. ». Il abandonna ses fonctions de directeur du journal Le Courrier socialiste.

Ne conservant plus d’autre mandat que celui de maire à partir de 1936, Lesesne compta parmi les figures marquantes de l’Union amicale des maires de la Seine. Il fit partie de son bureau en 1936-1937 et fut son président en 1938. Il avait été élu, l’année précédente, contre Henri Sellier*, à la présidence du syndicat intercommunal.

Gustave Lesesne, comme beaucoup d’anciens militants socialistes plusieurs fois plébiscités, persuadés d’être redevables de la confiance de ses électeurs, accepta de continuer à administrer sa commune sous le gouvernement de Vichy. Il fut maintenu maire le 9 mai 1941 par l’Amiral Darlan et nommé conseiller départemental le 3 février 1943. Il quitta Saint-Ouen avant la Libération et vint habiter Paris (Xe arr.)..

Sur plainte du Comité local de Libération de Saint-Ouen (séance du 25 septembre 1944), il fut arrêté le 3 septembre 1944 et détenu à Drancy puis à l’hôpital de la prison de la Santé. Libéré vers février 1946, il fut hébergé chez un ami à Saint-Maur-des-Fossès. L’information judiciaire pour « atteinte à la sûreté extérieure de l’État » aboutit à un non lieu devant la cour de justice de la Seine le 7 juin 1946.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article118218, notice LESESNE Gustave, Marcel, Maurice par Claude Pennetier, Nathalie Viet-Depaule, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 7 octobre 2022.

Par Claude Pennetier, Nathalie Viet-Depaule

SOURCES : Arch. Dép. Seine, DM3 ; versement 10451/76/1. — Arch. Com. Saint-Ouen. — Arch. Nat. Z6/NL/357 (dossier d’instruction de la Cour de Justice de la Seine, renseignements recueillis par Claude Dewaele). — G. Lachapelle, Les élections législatives, op. cit.Le Courrier socialiste, 1903-1932. — J. Jolly, Dictionnaire des parlementaires français, t. VI, op. cit. — Journal de Saint-Denis, 6 décembre 1919, 8 février 1934, 15 mai et 11 décembre 1937, 6 et 8 août 1938. — Ça ira, 27 décembre 1930, 27 décembre 1933. — L’Humanité, 13 décembre 1919, 18 janvier 1923, 7 mai 1929. — État civil.

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