LE TROADEC Jules, Joseph, Marie

Par Claude Pennetier

Né le 27 janvier 1895 à Bourbriac (Côtes-du-Nord), mort le 3 février 1961 au Havre ; docker ; militant communiste et syndicaliste CGTU dans l’ouest parisien puis au Havre ; volontaire en Espagne républicaine.

Fils d’un charron rural et d’une paysanne, Jules Le Troadec naquit dans une famille catholique de quinze enfants ; le père était bonapartiste et la mère républicaine. Il alla à l’école de Bourbriac à partir de sept ans et commença à travailler en 1908, à treize ans. Il fit son service militaire dans les services automobiles et fut mobilisé pendant la Première guerre mondiale.
Forgeron-carrossier puis docker au Havre (Seine-Inférieure), membre de l’ARAC, Jules Le Troadec militait au Parti communiste depuis avril 1921 au Havre où il était domicilié 22 rue Saint-Jacques. Son frère aîné était membre du Parti communiste à Saint-Denis (Seine). En janvier 1922, il vint travailler à Levallois-Perret où il milita avec Marius et Maurice Honel puis fut membre de la cellule d’entreprise Talbot (section carrosserie) à Suresnes et secrétaire de comité intersyndical de Levallois-Perret de 1924 à 1927. Il était également membre de la CGTU, membre de la commission exécutive de la Fédération des métaux et participa à des grèves. Il connut alors les militants Henri Reynaud, Octave Rabaté, Albert Vassart et Pierre Sémard. Arrêté à Paris XIII arr. le 6 juillet 1926, pour propagande contre la guerre du Maroc, le Parti communiste l’envoya en tournée dans le Nord pour développer les comités de lutte contre la guerre du Maroc, mais il fut arrêté à Maubeuge le 10 juillet 1926 et condamné par le tribunal correctionnel d’Avesnes à 6 mois de prison. Il effectua 2 mois de sa peine à la prison d’Avesnes et 4 mois à la prison de Douai où il fit 20 jours de grève de la faim par solidarité avec ses camarades emprisonnés à Alger.
C’est donc un militant expérimenté et aguerri qui revint au Havre en novembre 1927 et fut affecté à la cellule du port Roger Laseur où il se battit contre l’influence libertaire alors dominante et anima l’opposition dans le Syndicat autonome.
La préfecture l’avait inscrit au carnet B, le 5 mai 1932.
Sa compagne Louise Mares était épicière et militante communiste. Aussi est-ce comme petit commerçant havrais, qu’il se présenta au conseil général dans le 2e canton du Havre, en 1934. Jules Le Troadec, communiste, fut le candidat unique du Front populaire aux élections législatives d’avril 1936 dans la première circonscription du Havre et obtint au premier tour 29 % des voix contre 44 % à Léon Meyer, député sortant radical-socialiste, et au second 39 % contre 46 % à Léon Meyer alors réélu.

Un Jules Le Troadec fut volontaire en Espagne républicaine de décembre 1936 au 18 août 1937, Le Troadec appartint au bataillon « Henri Vuillemin » de la 13e Brigade internationale. Il dut revenir, pour raisons de santé, au Havre. S’agit-il du même ? Jules Le Troadec ne parle pas de l’Espagne dans son autobiographie de 1937. De plus, il avait au moins un frère au Havre.

Jules Le Troadec fut élu en 1937, conseiller d’arrondissement du 4e canton.
Il militait au Secours populaire de France, aux Amis de l’URSS, au Comité antifasciste et à l’Union des coopérateurs.

Dans son autobiographie il déclarait : "Aucune instruction politique. Me suis instruit moi-même en lisant des oeuvres sociales, en militant, en observant également des événements sociaux et les contradictions des régimes bourgeois actuels." Il assista cependant à une école régionale à Rouen en octobre 1936.

Sous l’Occupation, il fut déporté dans le convoi dit des 45000, parti de Compiègne le 6 juillet 1942 pour Auschwitz. Affecté au camp de Flossenbürg puis au Kommando de Buchenwald Wansleben, il en revint le 14 avril 1945.

Marié au Havre en 1946, il y mourut le 3 février 1961.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article118326, notice LE TROADEC Jules, Joseph, Marie par Claude Pennetier, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 18 septembre 2022.

Par Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat. F7/13134. — Arch. AVER. — État civil. — RGASPI, 495 270 4287, dossier du Komintern à son nom, autobiographie de 1937. — Fondation pour la Mémoire de la Déportation, partie I liste 42.

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