L’HÉVÉDER Louis, François, Marie

Par Claude Geslin

Né le 24 janvier 1899 à Minihy-Tréguier (Côtes-du-Nord) ; mort le 9 octobre 1946 à Paris (XVe arr.) ; professeur au lycée de Lorient (Morbihan) ; militant socialiste et député du Morbihan.

Louis l’Hévéder
Louis l’Hévéder
Député 1932

Issu d’une famille de paysans, aîné de onze enfants, Louis L’Hévéder passa avec succès, à l’âge de dix ans, le concours des bourses des lycées et collèges et entra au collège de Lannion. Après son baccalauréat, il obtint une bourse pour suivre à Rennes les cours de mathématiques spéciales et pour préparer l’École polytechnique. Mobilisé en 1918, il dut attendre l’année suivante pour passer avec succès le concours d’entrée à l’École normale supérieure et à l’École polytechnique. Il opta pour l’École normale. Agrégé de mathématiques en 1923, il enseigna d’abord à Douai (Nord) puis fut nommé en 1924 à Lorient (Morbihan) où il s’installa définitivement avec sa famille.

Dès l’âge de vingt ans, il avait adhéré au socialisme, après avoir entendu dans une réunion publique son camarade de l’École normale, Marcel Déat. Une grande amitié devait unir les deux hommes et, Déat écrivit de nombreux articles dans le Rappel du Morbihan en 1927 et 1928 ; L’Hévéder fut particulièrement peiné par l’exclusion de Déat et de Pierre Renaudel du Parti socialiste en 1933 mais il resta malgré tout fidèle à la SFIO.

Inscrit, auparavant, dans la 5e section de Paris (celle de Jean Zyromski), L’Hévéder avait contribué avec Marcel Déat à fonder le groupe des Étudiants socialistes. Puis, une fois à Douai (Nord), il reconstitua la section socialiste et le comité de propagande de l’arrondissement et participa à la reconstitution de nombreuses sections dans la région. Il intervint à plusieurs reprises dans les congrès de la puissante Fédération socialiste du Nord.

Dès son arrivée dans le Morbihan, il reprit son œuvre de propagande et s’imposa au sein de la Fédération socialiste. Au bout de quelques mois, il fut nommé secrétaire de la Fédération. Il devait le rester jusqu’en 1939 sans rencontrer de véritable opposition sauf peut-être celle, tenace, de la petite section de Gourin qui, en 1933-1934, refusait le cumul du mandat de député avec le secrétariat fédéral.

Par son œuvre inlassable de propagande et d’éducation, parlant aussi bien le breton que le français, L’Hévéder contribua fortement au développement de l’influence socialiste dans le département. Il fut élu conseiller municipal de Lorient en 1925 sur la liste du Bloc des gauches. Battu en 1929 avec les autres socialistes, il revint au conseil municipal en 1935.

Candidat au conseil général dans le canton de Pont-Scorff en 1925, il obtint 1 125 voix au premier tour contre 1 405 à l’industriel radical Corbierre et 1 823 au royaliste Le Leannec, maire de Caudan. Son désistement assura au second tour la victoire de Corbierre. En avril 1928, il obtint 4 013 voix (sur 13 927 suffrages exprimés) lors des élections législatives dans la première circonscription de Lorient. Mais, arrivé en seconde position, il se retira au deuxième tour en faveur du radical Boulingan. En octobre 1928, il fut élu conseiller d’arrondissement du canton de Pont-Scorff avec 2 243 voix malgré la coalition des radicaux et de la droite. L’année suivante, il devint conseiller général du même canton avec 2 385 suffrages et fut régulièrement réélu par la suite en 1931 (3 051 voix sur 4 602 votants) et en 1937.

En mai 1930, il fut élu, au premier tour, député de cette même circonscription en remplacement de Boulingand, décédé, par 8 785 voix (sur 15 048 suffrages exprimés). Il fut réélu en 1932 (9 713 voix sur 15 196 suffrages exprimés) et en 1936 (8 407 voix sur 16 124 suffrages exprimés). Au Parlement, il intervint pour réclamer le maintien de l’Arsenal de Lorient — dont certains demandaient la fermeture —, en faveur des marins-pêcheurs, des retraités et surtout sur la question des baux à ferme.

Louis L’Hévéder avait été, à de nombreuses reprises, délégué du Morbihan aux congrès nationaux du Parti socialiste : Bordeaux (1930), Paris (1932), Mulhouse (1935), Paris (1936) et enfin Royan (1938) où il fit une intervention particulièrement remarquée. Appelant le parti à un examen de conscience méthodique, il avança l’idée que seul un règlement global des problèmes internationaux, "héritage du traité de Versailles", pouvait permettre de sauver la paix. Opposé au désarmement unilatéral, comme à la grève générale révolutionnaire en cas de guerre, il se déclara partisan d’un accord avec les "États totalitaires". À l’issue du congrès, il fut élu à la CAP. Désormais intégré dans les rangs de la tendance de Paul Faure, lié à André Delmas, il devait participer à différentes initiatives pacifistes ; signataire de la pétition du SNI : "Nous ne voulons pas la guerre", meeting en mars 1939 au moment de la seconde crise tchèque...

Le 10 juillet 1940, il vota les pleins pouvoirs au maréchal Pétain., et en janvier 1941 entra au Conseil national de Vichy. Il fut l’un des trois derniers parlementaires à y rester (avec Paul Faure et René Brunet) à l’été 1942, bien qu’il se tint sur la réserve. Il collabora également au journal de Paul Rives l’Effort, publié en zone sud. À la Libération, il fut, semble-t-il, incarcéré quelques temps. En 1945, il donna son adhésion au Parti socialiste démocratique de Paul Faure.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article118494, notice L'HÉVÉDER Louis, François, Marie par Claude Geslin, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 5 juin 2021.

Par Claude Geslin

Louis l'Hévéder
Louis l’Hévéder
Député 1932

SOURCES : Arch. Dép. Morbihan, série M. — Dictionnaire des parlementaires français, t. VI. — M. Sadoun, Les Socialistes sous l’Occupation, Presses FNSP, 1982. — Le Rappel du Morbihan, 1927-1939. — Le Travailleur de l’Ouest, 1930. — Jacques Bonhomme, 1936. — Compte rendu du XXXVe congrès national du Parti socialiste (Royan, 4-7 juin 1938) ; pp. 332-343.

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