LION Suzanne

Par Claude Pennetier, Gilles Pichavant, complétée par Jean-Jacques Doré

Née le 26 novembre 1884 à Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), morte le 30 septembre 1958 à Eu (Seine-Maritime) ; couturière ; secrétaire du syndicat CGT de l’Aiguille de Rouen de 1915 à 1921, secrétaire adjointe de l’Union locale de Rouen en 1917, membre de la commission administrative de l’Union départementale de Seine-Inférieure en 1917 et 1918, membre de la commission exécutive de l’Union CGT de la Seine de 1923 à 1925, secrétaire du syndicat des couturières et tailleurs pour dames de la Seine à partir de 1923.

Fille d’un horticulteur domicilié 92 rue du Renard à Rouen, Suzanne Lion, couturière, fut à l’origine de la fondation du syndicat de l’Aiguille de Rouen, le 10 novembre 1915, dans le cadre d’un conflit survenu à la Chemiserie sottevillaise. Élue secrétaire à cette occasion, elle était assistée de Madame Beaupré (secrétaire adjointe) et de Madame Jouen (trésorière). Ce syndicat s’affilia immédiatement à la Bourse du Travail de Rouen et à l’Union départementale de Seine-Inférieure.

De fait, elle se retrouva à la tête des grèves de juin 1917 à Rouen et dans sa région, avec Edmond Dubois de l’Union départementale et Alfred Martin secrétaire de l’Union locale de Rouen, en relation avec Eugène Tilloy, le conseiller général et maire socialiste de Sotteville-lès-Rouen. Surgissant en pleine guerre, ce gigantesque mouvement de grève pour les salaires et la semaine anglaise, atteignit les 22 000 grévistes dans la confection, la chaussure, la filature, le tissage, la teinturerie et quelques usines métallurgiques et chimiques. Ce conflit fut marqué par de nombreuses manifestations de rues, tant à Rouen que dans sa grande banlieue (Darnetal, Montville, Barentin), ainsi que par la création de nombreux syndicats. Pourtant, dans une conférence donnée au Havre à l’automne 1917, pour aider à la création d’un syndicat local de l’aiguille, elle déclara n’être pas favorable aux grèves.

Suzanne Lion fut élue membre de la commission administrative de l’Union départementale lors du 4e congrès tenu à Sotteville le 16 décembre 1917. Participant au Comité national de la Fédération de l’Habillement le 24 décembre 1918, elle fut chargée de la propagande fédérale dans l’Ouest et le Centre.

Toujours secrétaire de l’Aiguille de Rouen, assistée d’Amélie Angot trésorière, elle participa au congrès de Copenhague les 15, 16 et 17 août 1920

En 1921, les minoritaires conduites par Adrienne Le Baron prirent le contrôle du syndicat de l’Aiguille. Privée de ressources (elle était permanente), elle quitta Rouen pour Paris en 1922, et intégra le syndicat des couturières de la Seine. Le 5 février 1922, elle devint membre suppléante à la commission exécutive de l’Union des syndicats ouvriers confédérés de la Seine lors du congrès de reconstitution (voir Gaston Guiraud). Au XIIIe congrès fédéral de la CGT (Paris, les 28-29 janvier 1923), elle présenta un rapport sur l’apprentissage qui fut approuvé, après discussion, à l’unanimité, et entra à la commission exécutive de l’Union CGT de la Seine, où elle fut réélue en mars 1925.

Secrétaire du syndicat des couturières et tailleurs pour dames dès 1923, elle rendit compte, dans les colonnes de l’Ouvrière de l’Habillement, de la grève des « midinettes » qui dura plusieurs semaines en 1923 et mobilisa jusqu’à 15 000 d’entre elles, les syndicats chrétiens participant au mouvement.

S’agit-il de la même Suzanne Lion, que l’on retrouve en même temps qu’une Madeleine Lion*, à souscrire pour les grévistes du Nord dans une liste de l’Union des syndicats de la Région parisienne publiée dans le Populaire du 7 septembre 1930 ?

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article118639, notice LION Suzanne par Claude Pennetier, Gilles Pichavant, complétée par Jean-Jacques Doré, version mise en ligne le 17 janvier 2022, dernière modification le 17 janvier 2022.

Par Claude Pennetier, Gilles Pichavant, complétée par Jean-Jacques Doré

SOURCES : Arch. Nat. F7/13618 et F7/13619. — Arch. Dép. Seine-Maritime 10 MP 1406, 4 MP 2873 Réunions et conférences 1916-1919, État civil. — Le Travailleur parisien, n° 1, juin 1922. — L’Ouvrière de l’Habillement, août-septembre 1923. — L’ouvrier de l’Habillement, Juillet 1917, août-septembre1920 août-septembre 1923 — Arch. Dép de Seine-Maritime, cote 10M350, 351 et 352. — Le Petit-Parisien, 13 août 1917. — Le Populaire, 19 avril 1923, 7 septembre 1930. — Le Travailleur parisien, juin 1922Le Réveil ouvrier n° 11 — Le Fil rouge, N°63, IHS-CGT-76, Gilles Pichavant, « 1917, la grande grèves des "midinettes" en région rouennaise ». — Notes de Gilles Pichavant.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable