LIVI Julien [LIVI Giuliano, Marino]

Par Antoine Olivesi, Claude Pennetier

Né le 2 novembre 1917 à Monsummano-Alto (Italie), mort en 1994 ; militant syndicaliste et communiste ; secrétaire de la Fédération CGT de l’Alimentation (1956-1979) ; frère d’Yves Montand.

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Julien Livi
Julien Livi

Julien Livi naquit dans une famille de paysans à Monsummamo, en Toscane. Son père, Giovanni Livi, communiste, dut quitter l’Italie en janvier 1924 ; son atelier de fabrique de balais avait été incendié par les chemises noires qui avait apposé l’inscription « A morte communisti ». Il fut par la suite passé à tabac, fouetté avec des nerfs de bœuf. L’exil s’imposait. Il pensait partir pour les États-Unis mais n’ayant pu obtenir le visa, il vint s’installer à Marseille (Bouches-du-Rhône) où sa famille le rejoignit dans la banlieue Nord, quartier de la Cabucelle, et, ouvrier dans une huilerie puis artisan en balais, il contribua à organiser des groupes de communistes immigrés. Giovanni Livi fut naturalisé en 1929 en bénéficiant des nouvelles dispositions de la loi de 1927. Le frère cadet de Julien, Ivo, connut le succès sous son nom de scène, Yves Montand*. Sa sœur aînée, Lydia, exerça le métier de coiffeuse à Marseille.

Julien Livi obtint son certificat d’études primaires en 1928. Il exerça ensuite plusieurs métiers : raffineur de sucre [usine Saint-Louis], docker, maître d’hôtel. En 1933, il adhéra à la CGTU et aux Jeunesses communistes et participa aux grandes manifestations et grèves de 1934-1936 à Marseille. À la suite d’affrontements avec la police, il connut quelques jours d’arrestation.

De 1936 à 1938, Julien Livi fut secrétaire du syndicat de l’alimentation HCR (Hôtels-Cafés-Restaurants) et écrivit quelques articles dans le Peuple et Rouge-Midi.

Mobilisé en 1939, fait prisonnier et demeura en captivité en Allemagne jusqu’en 1945. De retour à Marseille, il fut élu secrétaire régional de son syndicat. Deux ans plus tard, en 1947, il participa à ce titre aux grandes manifestations organisées par la CGT, le PCF et l’UJRF pour le 1er Mai. La presse signale sa présence, le 3 mai, à la réception donnée en l’honneur de son frère, Yves Montand, par Rouge-Midi, qui salua « notre grand fantaisiste, ancien métallo, enfant de la Cabucelle ». Au cours du même week-end, Julien Livi participa à l’importante conférence de la Jeunesse tenue à la Bourse du Travail.

À partir de 1950, Julien Livi s’installa à Paris et devint permanent au 213 rue Lafayette. Il entra au bureau fédéral, puis il accéda aux fonctions de secrétaire fédéral CGT de l’Alimentation en 1956, fonction qu’il assuma jusqu’en 1979. Il présida de l’Union internationale des syndicats de l’Alimentation de la FSM dans les années 1960 et 1970. Il siégea également à la CA puis à la CE de la CGT de 1956 à 1974. Il resta communiste jusqu’à la fin de sa vie, sans occuper de fonctions politiques.

Militant marqué par le sérieux et la rigueur, Julien Livi ressemblait beaucoup physiquement à Yves Montand et son accent témoignait de ses origines marseillaises. Il avait habité avec sa femme Elvire et son fils dans un appartement de l’immeuble qu’Yves Montand possédait sur l’Ile de la cité. Elvire fut un temps la secrétaire de son beau-frère. Éloigné de son frère dans les années 1970-1980 et chagriné par ses déclarations très hostiles au communisme, Julien Livi le revit à nouveau dans les dernières années de la vie d’Yves Montand en 1991, grâce à l’entremise de leur sœur aînée.

Après son décès en 1994, la Fédération nationale agroalimentaire et forestière CGT créa un Institut Julien Livi. Son fils, Jean-Louis, travailla dans le cinéma en coopération avec Yves Montand et devint producteur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article118680, notice LIVI Julien [LIVI Giuliano, Marino] par Antoine Olivesi, Claude Pennetier, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 11 octobre 2018.

Par Antoine Olivesi, Claude Pennetier

Julien Livi
Julien Livi

SOURCES : Réponse de J. Livi à un questionnaire transmis par G. Righetti. — Communication au colloque " mai 1968 ", CRHMSS, novembre 1988. — Lettre de Julien Livi au Nouvel Observateur, 3-9 octobre 1977. — Rouge-Midi, mai 1947. — J. Semprun, Montand, la vie continue, 1983. — Who’s who in France, 1965 (notice Yves Montand). — Caroline Andréani, Du bon côté de la barrière, essai d’histoire de la Fédération nationale agroalimentaire et forestière CGT, Le Temps des cerises, 2002. — Institut Julien Livi, édité par la FNAF CGT, 30 p., reprise de quelques éditoriaux, 1996. — Doan Bui, Isabelle Monnin, Ils sont devenus français. Dans le secret des archives, p. 167-173 : « Giovanni Livi, père d’Yves Montand », J.-Cl. Lattès, Points, 2010.

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