LOBRY Jean

Par Allain Malherbe

Né le 27 janvier 1922 à Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine) ; fonctionnaire préfectoral puis administrateur civil ; militant syndicaliste CGT ; militant socialiste SFIO ; l’un des pionniers du tourisme social et rural moderne.

Le père de Jean Lobry était employé de banque et sa mère concierge, ni l’un ni l’autre n’était engagé politiquement.

Après avoir suivi des études secondaires et obtenu une capacité en droit, Jean Lobry, tout en pratiquant son sport favori au Centre activité sportive et gymnique de Paris de 1936 à 1939, entra rapidement dans la vie active à l’âge de 19 ans.

Il fut d’abord auxiliaire aux PTT et au Trésor puis, à partir de septembre 1941, dans différents services à la préfecture de la Seine où il resta jusqu’en 1955 après avoir dirigé le service social et la mutuelle. Mais en fait pendant cette période ses centres d’intérêt se tournaient vers le tourisme social et principalement vers Tourisme et Travail.

Après avoir apporté son concours épisodique, interrompu par la maladie en 1943, au mouvement de résistance Libé Nord de 1942 à 1944, Jean Lobry adhéra à la CGT en 1945 et devint président de la Mutuelle de la préfecture de la Seine.

À ce titre il représenta la mutuelle, collectivité adhérente, au sein de Tourisme et Travail. De 1946 à 1954 il présida la puissante délégation de la région parisienne et simultanément assuma la vice-présidence de la fédération nationale en charge de l’organisation des prestations touristiques.

Jean Lobry déploya une intense activité d’organisation et de création dans le domaine du tourisme à une époque où, au sortir de la guerre, soufflait un vent de liberté et un besoin de reconstruction du pays et de développement du tourisme populaire.

Très attaché à Tourisme et Travail, association rassemblant tous les courants de pensée républicains et progressistes à la Libération, Jean Lobry poursuivit son action malgré les départs successifs des représentants de la CFTC, de FO, de la CGA. En 1954, au Xe congrès à Bordeaux, il conduisit l’opposition interne qui disposait de huit sièges sur seize du comité directeur.

Les désaccords portaient sur l’engagement politique de Tourisme et Travail (signature de l’Appel de Stockholm en 1950, soutien aux grévistes en 1953, refus d’organiser des voyages en Espagne franquiste) ; sur la centralisation parisienne des décisions politiques et des services techniques ; et sur la place prépondérante faite aux représentants des collectivités, au détriment des adhérents individuels.

Au congrès suivant tenu à Paris en octobre de la même année, la scission fut confirmée et toucha dix-sept délégations régionales sur trente.

Jean Lobry quitta alors Tourisme et Travail fin octobre 1954. Il créa avec la plupart des scissionnistes la fédération Loisirs de France composée de délégations régionales juridiquement responsables.

Après quelques temps de succès, Loisirs de France n’eut guère d’influence. La fédération devint par la suite un label de qualité et de garantie d’une centaine d’installations associatives rassemblées dans un guide diffusant des offres à travers l’Europe. Fin 1954 Jean Lobry quitta également la CGT et la SFIO.

En juin 1955, nommé administrateur civil, il devint le collaborateur direct de Pierre Sudreau, successivement au commissariat à la construction et à l’urbanisme de la région parisienne, en juin 1958 au ministère de la Construction et d’avril à octobre 1962 au ministère de l’Éducation.

À partir de 1963 et jusqu’en 1980, Jean Lobry dirigea le service informations et relations publiques de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) et de ses filiales ; il collabora avec Louis Tissot le secrétaire général et François Bloch-Lainé le directeur général. A ce poste Jean Lobry joua un rôle important pour le développement du tourisme social et rural, la CDC étant, en effet, le principal financeur des installations de vacances et du tourisme rural.

En 1971, Jean Lobry participa à la création de Tourisme et Espace Rural, une structure de coordination des principales organisations de tourisme familial et social en milieu rural.

En 1989, Jean Lobry passa au premier plan dans le domaine politique, il adhéra au mouvement des radicaux de gauche puis au parti radical et au parti radical socialiste dont il présida la fédération de l’Eure. Il devint maire de la ville de l’Hosmes dans l’Eure à partir de 1989 et vice-président de la communauté des communes du pays de Damville en 1994.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article118737, notice LOBRY Jean par Allain Malherbe, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 2 mai 2022.

Par Allain Malherbe

ŒUVRE : Jean Lobry a publié, depuis 1945, de nombreux articles sur le tourisme populaire, le tourisme social et familial, et le tourisme rural, ainsi que deux ouvrages sur l’action du tourisme en espace rural en 1982 et 1985 et Le Printemps du Tourisme Vert, acteurs et témoins, 1945-1970, TER 1994.

SOURCES : Allain Malherbe, L’Association Tourisme et Travail, 1944-1954, maîtrise d’histoire, Université de Paris VIII-Vincennes à Saint-Denis, 1984. — Allain Malherbe, L’Association Tourisme et Travail, 1944-1985, DEA d’histoire sociale, Universités de Paris VIII et de Paris I Sorbonne, 1985. — Entretiens et correspondances entre Jean Lobry et Allain Malherbe, en décembre 1983, et d’avril à octobre 1997.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable