LODS Jean, René, Édouard

Par Nicole Racine

Né le 22 mars 1903 à Vesoul (Haute-Saône), mort le 1er mars 1974 au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) ; cinéaste ; fondateur du ciné-club "Les Amis de Spartacus" en 1928.

Jean Lods avec les artistes de la FTOF à Athis-Mons le 17 juillet 1932. Jean Lods est en haut, au milieu avec le numéro 4, Ida Lods est à gauche, au milieu avec le n° 3.On reconnait Jean-Paul Le Chanois n°2, Suzanne Montel n°8, Rose Fuschmann n°6, Jeanne Moussinac n°9.

D’origine franc-comtoise (son père Pierre Frédéric Lods, inspecteur d’académie, était né à Aibre, près de Montbéliard, dans le Doubs, d’un père tisserand devenu sabotier), Jean Lods fit ses études secondaires au lycée Fustel-de-Coulanges à Strasbourg. Doué pour la musique, il fit des études au conservatoire de Strasbourg. Il eut son premier contact avec le cinéma grâce à son beau-frère Léon Moussinac*, mari de sa sœur Jeanne.

Il rencontra, en 1922, Jean Epstein. L’année suivante, tandis que Léon Moussinac* achevait Naissance du cinéma, il effectua son service militaire, puis, en 1923-1924, il travailla chez Manuel frères.

En 1928, il fonda avec Léon Moussinac* "Les Amis de Spartacus, société d’études documentaires pour l’amélioration de la production cinématographique" dont il fut secrétaire général. Un journal du même nom vit le jour et publia quatre numéros en 1928. La société présenta en premier lieu des films soviétiques interdits par la censure. "Les Amis de Spartacus", qui avaient connu un rapide succès à Paris et en banlieue, furent interdits au bout de six mois.

C’est en 1929 que Jean Lods réalisa ses premiers courts et moyens métrages : avec Boris Kaufman Vingt-quatre heures en 30 minutes ; Champs Élysées. L’année suivante, il lança le genre de films chirurgicaux. En 1931, il tourna La vie d’un fleuve : la Seine qui inspira Jean Vigo pour l’Atalante et, en 1931, il réalisa une des plus célèbres biographies sportives de l’histoire du cinéma, Ladoumègue (Le Mille). L’œuvre architecturale d’André Lurcat* lui inspira en 1932-1933 La plus belle école du monde.

Jean Lods partit pour l’URSS en juin 1934 et y resta trois ans. Après avoir séjourné à Moscou, il gagna Odessa avec un ordre de mission des responsables soviétiques qui le chargèrent de faire un rapport sur les studios de cette ville ; il y réalisa le film Odessa (avec notamment le concours de l’écrivain Isaac Babel) qui fut par la suite projeté devant Staline.

Revenu en France en 1937, il milita à l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires (AEAR) dont il anima les activités touchant au cinéma, notamment les séances de cinéma salle Cadet ou à La Bellevilloise.

En 1940, il fut gravement blessé sur la front de la Somme. Il fut soigné à Bormes-les-Mimosas en 1942, dans la clinique du docteur Dupuy de Fresnel où il réalisa un film sur les traitements : La Maison du soleil. En 1943, il réalisa avec des camarades techniciens le film Aristide Maillol, sculpteur (daté de 1942 dans la plupart des sources) peu de temps avant la mort du grand artiste à Banyuls en 1944. Cette même année, il rejoignit le Centre artistique et technique des Jeunes du Cinéma, à Nice, qui allait s’installer à Paris sous la dénomination d’Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC) et y créa, avec le concours de Georges Damas, un "cours de technique cinématographique". Jean Lods fut cofondateur, directeur des études et directeur général adjoint de l’IDHEC (1943-1952).

Après la guerre, Jean Lods forma le projet de réaliser une "chronique des Hommes vivants", qui laisserait un portrait filmé des personnalités intellectuelles et des documents sur la période. Il tourna dans cette perspective Aubusson et Jean Lurçat* (1946). Si Jean Lods ne put mettre à réalisation ce projet, du moins en posa-t-il les jalons.

Il réalisa avec l’aide du Parti communiste un certain nombre de courts métrages : La nouvelle bataille (1946) sur la formation professionnelle (pour le compte du ministère du Travail), un Hommage à Albert Einstein en 1955, réalisé pour une soirée du Mouvement de la Paix salle Pleyel, un Jean Jaurès (1959), une Ballade bulgare (1960), 20 000 matins pour le 60e anniversaire de l’Humanité (qui fut présenté au Palais des sports) et qui abordait la vie du quotidien communiste (1964), Le 12 juillet 1964. Maurice Thorez (1964). En 1970, il réalisa un Romain Rolland.

Jean Lods fut un précurseur dans les domaines du film biographique, du film scientifique, du documentaire d’art ; il pensait que le cinéma avait un rôle social à jouer et pouvait témoigner de son époque.

Il avait été marié avec Ida Klatcho, fille d’un courtier en bourse, membre de la chorale de l’AEAR qui l’avait suivi en URSS. Elle eut d’ailleurs des difficultés pour revenir en France. Elle fut par la suite la femme de Pierre Jamet, photographe et chanteur des Quatre barbus.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article118759, notice LODS Jean, René, Édouard par Nicole Racine, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 29 mars 2019.

Par Nicole Racine

Jean Lods avec les artistes de la FTOF à Athis-Mons le 17 juillet 1932. Jean Lods est en haut, au milieu avec le numéro 4, Ida Lods est à gauche, au milieu avec le n° 3.On reconnait Jean-Paul Le Chanois n°2, Suzanne Montel n°8, Rose Fuschmann n°6, Jeanne Moussinac n°9.

ŒUVRE : J. Lods écrivit pour l’UNESCO La Formation professionnelle des techniciens du film, Paris, 1951, 158 p.

SOURCES : Georges Sadoul, Dictionnaire des cinéastes, édition remise à jour par Émile Breton et Michel Marie, Le Seuil, 1982, 302 p. — id., Histoire générale du cinéma, Flammarion, tomes 5 et 6, L’Art muet : 1919-1926, 568 p. et 586 p. — Écran 74, avril 1974, n° 24. — Les Amis de Spartacus, 1928. — Cahiers de l’Institut Maurice Thorez, n° 9, 1968, interview de J. Moussinac par Cl. Willard. — Robert Brécy, Autour de La Muse rouge, op. cit. — Entretiens avec Sabine Lods, 14 décembre 1982.

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