LONGLE René, Charles

Par Claude Pennetier, Yves Jégouzo

Né le 19 août 1900 à Paris (XIVe arr.), mort déporté le 15 janvier 1943 à Birkenau (Pologne occupée) ; ouvrier boulanger ; élu communiste de Clichy-la-Garenne (Seine, Hauts-de-Seine) ; militant de Granville (Manche).

René, Charles, Longle naquit à la maternité de Port-Royal, fils de René Longle, 27 ans, employé, et de Louise Charles, son épouse, 26 ans, domiciliés au 88, rue du Bois, à Clichy (Hauts-de-Seine).

René Longle fut ouvrier boulanger à partir de1914 à Clichy (Seine). Il travailla de 1919 à 1924 à Paris, rue de la Roquette, puis de 1924 à 1926, rue de Rivoli, dans diverses maisons entre 1926 et 1929, et enfin à Clichy. En 1931, il entra à la coopérative la Fraternelle de Clichy, mais dès 1932, il était à Levallois-Perret et quelques mois plus tard à Granville dans la Manche. Il s’était marié le 31 juillet 1920 à Clichy et était père de cinq enfants. Son épouse, Marie Longhe née Bonnefoy, employée de commerce, fut une active militante communiste ;

Militant communiste depuis juin 1926, il entra, le 5 mai 1929, au conseil municipal avec la liste de Charles Auffray, 25e sur 34. Il ne suivit pas le maire et la majorité des édiles dans la dissidence et était considéré, en 1931, par le Prolétaire de Clichy-Levallois comme le "chef de la fraction communiste". Dans son numéro du 13 mars 1931, le journal ironisait sur l’échec d’une mobilisation, l’appel du 7e rayon communiste qui n’aurait réuni que vingt-cinq personnes : « attristant symbole de cette déchéance morale de nos ’purs’ leur délégation était conduite par l’escroc Longle ».

Très instable professionnellement, Longle ne semble pas avoir disposé d’appuis solides à Clichy et son départ pour la Manche, en 1932, renforça encore le déclin du communisme officiel à Clichy.

Membre de l’Union locale CGT de Granville (Manche), dont il devint secrétaire adjoint lors du renouvellement de bureau, le 21 janvier 1937, Charles Longle fut candidat du Parti communiste aux élections législatives de 1936 dans la circonscription de Mortain. Il recueillit 63 voix, soit 0,5 % des suffrages exprimés. En avril 1937, à l’élection législative partielle, il obtint 129 voix, soit 1,1 % des suffrages exprimés. Longle, toujours membre de la section communiste de Granville en 1939. Il avait délégué au congrès d’Arles en 1937.

Son autobiographie communiste d’institution, rédigée le24 janvier 1938, ne gardait de l’épisode de Clichy que l’élection au conseil en 1929. La commission des cadres le notait « A » (à maintenir dans les fonctions) en ajoutant « à convoquer ». Longle faisait confirmer sa biographie par Castel et Honel.
_En 1932, il s’installa à Granville (Manche). Au moment de son arrestation, il était domicilié au 42, rue Couraye. Membre de l’Union locale CGT de Granville, il en devint secrétaire adjoint lors du renouvellement de bureau du 21 janvier 1937.
René Longle fut le candidat du Parti communiste aux élections législatives de 1936 dans la circonscription de Mortain. Puis en avril 1937, lors d’une élection législative partielle. Lors des élections cantonales d’octobre 1937, le Parti communiste le présenta comme candidat au conseil général dans la circonscription de Granville. Cette même année, il fut délégué au congrès national du PCF à Arles.
Le 24 janvier 1938, il remplit le formulaire de son autobiographie communiste pour la commission des cadres, qui le note « A » (à maintenir dans les fonctions).
En 1939, Longle toujours membre de la section communiste de Granville.

Sous l’Occupation, il participa à la reconstitution clandestine du PCF avec Léon Lamort et Charles Passot. René Longle fut arrêté le 22 juin 1941, en même temps que ses deux camarades.

Entre fin avril et fin juin 1942, René Longle fut sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus furent conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrirent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, René Longle fut enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45802, selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule n’a pas été retrouvée).

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants furent entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit. Le lendemain, vers 7 heures, tous furent conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils furent répartis dans les Blocks 19 et 20. Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire,, les Allemands les envoyèrent au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet – après les cinq premiers jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – René Longle fit parti de la moitié des membres du convoi qui restait dans le camp de Birkenau en construction choisi pour mettre en œuvre la “solution finale”.

Il mourut à Auschwitz (Birkenau) le 27 septembre 1942, selon les registres du camp..
La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. n° 184 du 8-08-2008).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article118846, notice LONGLE René, Charles par Claude Pennetier, Yves Jégouzo, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 4 février 2019.

Par Claude Pennetier, Yves Jégouzo

SOURCES : Arch. Dép. Seine, DM3 ; versement 10451/76/1. — Le Prolétaire de Clichy-Levallois, 13 mars 1931. — État civil. — RGASPI, 495 270 4284, dossier du Komintern, autobiographie du 24 janvier 1938, classé A. — Jean Quellien, Les Élections dans la Manche, étude de sociologie électorale (1919-1969).L’Avenir de la Manche. — La Normandie populaire, 23 avril 1939. — Notes de Jean Quellien.

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