LOUSTAU Kléber

Par Thérèse Burel

Né le 5 février 1915 à Romorantin (Loir-et-Cher), mort le 11 octobre 2008 ; ouvrier ajusteur-mécanicien ; militant syndicaliste et socialiste ; sous-secrétaire d’État, puis secrétaire d’État ; maire de Selles-sur-Cher (Loir-et-Cher) ; président du conseil général.

Issu d’une humble famille d’ouvriers d’usine (cultivateurs sur l’acte de naissance) — ses parents étaient pupilles de l’Assistance publique — Kléber Lousteau quitta l’école primaire à l’âge de treize ans. Après un apprentissage d’ajusteur-mécanicien il entra au service d’entretien des établissements Normant, une importante usine de textile de Romorantin. C’est dans cette entreprise qu’il commença à militer à la CGT à partir de 1932-1933. A cette époque, il n’y avait qu’un syndicat unitaire groupant seulement quelques dizaines d’adhérents. En mai 1933, Kléber Lousteau fonda le syndicat confédéré du Textile qui, en quelques mois, compta plusieurs centaines de cotisants. Partisan convaincu de l’unité syndicale, il œuvra à sa réalisation. Les événements allaient l’y aider : la crise économique frappait durement les travailleurs et brusquement, en mai 1935, la direction de l’usine diminua les salaires de 5 à 6 %. Loustau organisa immédiatement la résistance ouvrière en accord avec le syndicat confédéré et le syndicat unitaire. Sa tâche fut très délicate car aucune grève n’avait eu lieu à l’usine Normant depuis 1911. Il avait cependant derrière lui toutes les organisations syndicales de la ville et la majorité de la population. La direction se refusant à toute concession, la grève fut décidée. Au bout d’une dizaine de jours, les représentants ouvriers furent invités à se rendre à la préfecture pour y rencontrer les dirigeants patronaux en présence du préfet. Loustau fit partie de la délégation. Les négociations furent longues et difficiles, mais leur résultat fut positif et ce succès contribua au développement du syndicalisme dans le Loir-et-Cher. Loustau qui avait réalisé l’unité syndicale à Romorantin fut délégué au congrès de la Fédération nationale du Textile à Lyon où il intervint en faveur de l’unité. Celle-ci fut réalisée en septembre 1935. Le syndicat reprit l’ancien titre qu’il avait lors des nombreuses grèves de 1911 : syndicat des ouvrières et ouvriers en drap de Romorantin ; il groupa alors plus de la moitié du personnel de l’usine Normant, soit 600 cotisants. En décembre 1935, Loustau fut nommé membre du conseil national de la Fédération du Textile réunifiée. Secrétaire de droit, en 1936, après l’avoir été de fait, de la Bourse du Travail et de l’Union locale de Romorantin, il contribua à la création de nouveaux syndicats : Bâtiment, Confection, Métaux, Transports, Cuirs et Peaux, Gaz et Électricité. L’Union locale groupa 1 500 adhérents. Lors des événements de 1936, Loustau prit une large part au règlement des conflits sociaux en Loir-et-Cher et participa, dans de nombreuses entreprises, à l’élaboration des conventions collectives de travail ainsi qu’aux négociations relatives à la mise au point des accords salariaux, à l’application des quarante heures et des congés payés (entre autres la grève des engrenages Citroën, en août 1936).

Dès 1931, Kléber Lousteau avait adhéré aux Jeunesses socialistes SFIO. En septembre 1935, à la conférence de Lille, il fut nommé membre du Comité national mixte des Jeunesses socialistes (CNM) ; il fut délégué par le CNM au congrès organisé par le Parti socialiste à Limoges, pour étudier la question agraire. Chargé par le CNM de rapporter à la conférence de Moulins en avril 1936 sur les problèmes agricoles et ruraux, son rapport fut approuvé et il fut réélu au CNM. Aux élections législatives de 1936, Loustau qui avait quitté l’usine Normant, fit la campagne électorale dans la circonscription de Romorantin aux côtés de Beaugrand, candidat de la SFIO, qui fut élu au deuxième tour de scrutin. Loustau collabora également au journal le Solognot. A son retour du service militaire, il prépara un examen d’entrée à l’Office national interprofessionnel du blé où il fut admis comme agent technique en novembre 1938.

Mobilisé en 1939, Loustau participa à l’action clandestine et adhéra dès sa constitution à "Libération-Nord" où des missions importantes lui furent confiées. Le gouvernement provisoire le nomma à la Libération sous-préfet de Romorantin.

Il fut élu député socialiste SFIO de Loir-et-Cher à la deuxième Assemblée nationale constituante le 2 juin 1946. Il fut élu à l’Assemblée nationale le 10 novembre 1946, réélu le 17 juin 1951 et le 2 janvier 1956. De 1954 à 1969, il siégea au Comité directeur de la SFIO. Désigné comme responsable du parti pour les questions agricoles et rurales, il consacra alors la plus grande partie de son action parlementaire à l’agriculture. Sous-secrétaire d’État à l’Agriculture dans le gouvernement G. Mollet, du 1er février 1956 au 16 juin 1957 et secrétaire d’État à l’Équipement et au Plan agricole dans le gouvernement Bourgès-Maunoury du 17 juin au 17 octobre 1957, il fut chargé de préparer un projet de loi (n° 4722) fixant les principes de la politique agricole (loi-cadre pour l’agriculture). Ce texte, bien que voté par la commission compétente de l’Assemblée nationale, ne put, à cause des événements de mai et juin 1958, venir en discussion devant le Parlement. Toutefois, la loi du 5 août 1960, relative à l’orientation agricole s’inspira largement du projet préparé par Kléber Lousteau en 1956-1957. Lorsque, le 1er juin 1958, Charles de Gaulle sollicita l’investiture de l’Assemblée nationale en vue d’obtenir les pleins pouvoirs pour six mois, Kléber Lousteau s’y opposa. Il s’expliqua quelques jours plus tard devant la Fédération socialiste de Loir-et-Cher : "Je ne critique pas les députés socialistes qui se sont prononcés pour l’investiture. Je souhaite que l’avenir leur donne raison (...). Mais, en revanche, je leur demande de comprendre que d’autres n’aient pu se résoudre à remettre dans les mains d’un seul homme, fût-il prestigieux, les prérogatives du pouvoir législatif." Nommé secrétaire de la Fédération socialiste de Loir-et-Cher en juillet 1958, il occupa cette fonction jusqu’à la fin 1969. Battu le 30 novembre 1958 dans la circonscription de Romorantin, il retrouva son mandat de député de Romorantin aux élections législatives du 25 novembre 1962. Le 19 décembre 1962, il fut désigné par l’Assemblée nationale pour siéger au Parlement européen dont il resta membre jusqu’en 1968. Élu conseiller général de Loir-et-Cher (canton de Selles-sur-Cher) à une élection complémentaire le 26 avril 1963, il fut également élu conseiller municipal de Selles-sur-Cher le 6 octobre 1963 et maire le 13 octobre. Réélu député FGDS de Romorantin, ses collègues lui confièrent l’une des vice-présidences du groupe parlementaire. Candidat FGDS de Romorantin aux élections législatives des 23 et 30 juin 1968, il ne fut pas réélu au scrutin de ballotage du 30 juin 1968. En octobre 1973, Loustau fut élu président du conseil général de Loir-et-Cher, sans avoir fait acte de candidature.

Kléber Lousteau a, depuis, démissionné du Parti socialiste.

Divorcé en mars 1941, il se remaria en novembre 1948 à Paris XVIII avec Renée Bleslu.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article119022, notice LOUSTAU Kléber par Thérèse Burel, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 11 janvier 2013.

Par Thérèse Burel

SOURCES : Arch. Dép. Loir-et-Cher, série M, élections. — Notes biographiques de l’intéressé. — État civil. — Notes de Gilles Morin.

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