LUCIANO Étienne

Par Jacques Girault.

Né le 11 décembre 1910 à Draguignan (Var), mort le 18 décembre 1975 à Draguignan ; ouvrier plombier ; résistant ; militant communiste dans le Var ; directeur de journal du PCF.

Ses parents, d’origine piémontaise, naturalisés, étaient marchands forains en bonneterie. Son père mourut en 1913. Étienne Luciano, deuxième de trois enfants, reçut les premiers sacrements catholiques. Il apprit le métier de plombier et travailla à Sainte-Maxime (Var) jusqu’à son service militaire dans les Chasseurs alpins à Nice. Il se maria religieusement en décembre 1933 à Draguignan avec une modiste, fille d’un militant socialiste SFIO. Leurs trois enfants furent seulement baptisés.

Luciano fréquentait les milieux italiens de la ville. Secrétaire du syndicat du bâtiment en 1936, il fut un des quatre communistes élus sur les vingt-et-un membres de la commission exécutive de l’Union locale CGT. Il était aussi membre de la commission exécutive de la 29e région du syndicat CGT du bâtiment. Membre du Parti communiste depuis la fin de 1936, secrétaire de sa cellule, correspondant du Centre de diffusion du livre et de la presse, il fut signalé par la police parmi les communistes les plus actifs de localité à la fin des années 1930.

Mobilisé à Nice au début de la guerre, affecté sur le front italien, Luciano fut démobilisé à Argentière (Haute-Savoie) dans l’été 1940. Il reprit son travail chez un artisan de Draguignan qui l’employa jusqu’à la fin de l’été 1942. Peu après, il devint responsable politique du Parti communiste clandestin à Draguignan et dans le Nord-Est varois. Il assura les liaisons dans cette région et participa à la reconstruction du Parti dans un secteur élargi au Nord-Ouest et au Sud-Est du Var. Sous les pseudonymes de « Prosper » puis « Olivier », membre membre des Francs-Tireurs à partir de juin 1943, il recruta et organisa des groupes FTP dans le secteur de Draguignan. Il participa au développement du Front national dans la région. Il évoqua son action pendant cette période dans Le Petit Varois-La Marseillaise, le 14 août 1964.

Luciano prit part à la réunion clandestine, en juin 1944, où se reconstitua l’Union départementale CGT. En remplacement de Marius Guès, il représenta le Parti communiste français au Comité départemental de Libération vers juin 1944 et il en assura le secrétariat à partir du 25 juillet 1944. Dans son rapport, le préfet le jugeait « assez buté, cependant n’est pas antipathique lorsqu’on le connaît mieux. » Membre de la deuxième compagnie de Provence des FTP, il fut mis en congé provisoire, le 25 septembre 1944.

Luciano, par la suite, résida à Toulon où le retenaient des responsabilités dans la fédération communiste. Après avoir suivi l’école centrale du PCF d’un mois en décembre 1944, il devint en 1946 le secrétaire fédéral adjoint. Il présenta, lors de la conférence fédérale des 14-15 juin 1946, en tant que secrétaire à l’organisation, le rapport sur l’organisation du Parti. Représentant du PCF au conseil d’administration de La Liberté du Var, en avril 1948, il devint directeur du quotidien communiste Le Petit Varois dans lequel il signait ses articles « Prosper ». Il suivit un stage de rédacteur de presse en janvier 1950.

Le 13 juin 1952, à la suite d’une perquisition à son domicile, Luciano fut arrêté. Le juge se fondait sur le contenu des notes prises lors d’une réunion interfédérale de soutien à la presse démocratique avec André Stil, le 26 avril. Emprisonné avec treize autres communistes varois, au cœur de l’affaire « du complot », il fut libéré le 20 août.

Luciano, devant les difficultés de la presse (gestion et direction), entra progressivement en conflit avec la direction fédérale. Selon ses propres notes, lors de la conférence fédérale, le 14 février 1953, son retrait du comité fédéral et de la direction du journal fut proposé pour « difficultés avec le personnel, dureté de caractère ». Finalement, ces décisions ne furent pas prises après l’intervention de François Billoux. Lors de la fusion du Petit Varois et de La Marseillaise, au début d’avril 1953, il fut écarté alors qu’il pensait conserver son emploi dans la presse. Il ne fut pas réélu au comité fédéral le 23 mai 1954.

Luciano travailla trois mois chez un artisan plombier puis devint artisan plombier en association à La Garde, puis à Toulon. Malade, il s’arrêta de travailler en 1970. Il se retira à Draguignan en septembre 1974, tout en continuant à militer dans l’organisation locale du PCF. Après ses obsèques civiles, une plaque consacrée à son action dans la Résistance fut posée sur sa tombe en novembre 1976. Il fut homologué FFI.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article119133, notice LUCIANO Étienne par Jacques Girault., version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 6 septembre 2022.

Par Jacques Girault.

SOURCES : Arch. Dép. Var, 4 M 59 4 4, 18 M 4 8. — Archives du militant et renseignements fournis par l’épouse de l’intéressé. — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 380021. — Presse locale. — Sources orales. — Notes de Jean-Marie Guillon.

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