MABRUT Adrien François

Par Gilles Morin, Justinien Raymond

Né le 4 février 1901 à Pontgibaud (Puy-de-Dôme), mort le 25 février 1987 à Riom (Puy-de-Dôme) ; avocat ; militant socialiste et député du Puy-de-Dôme (1936-1942, 1945-1958).

Adrien Mabrut passa son enfance dans le bourg de montagne d’Orcines où son père et sa mère, fervents laïques, furent instituteurs, pendant de longues années et où ses grands parents étaient paysans. Il fut élevé dans la tradition républicaine, comme il le rappela dans sa profession de foi en 1936. Il fit ses études secondaires au lycée de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) puis, tout en travaillant pour gagner sa vie, étudia le droit, obtint la licence et s’inscrivit comme avocat au barreau de Clermont-Ferrand, ville où il exerça à la cour d’appel.

Il entra jeune au Parti socialiste SFIO et, lorsqu’en 1936 le candidat, le docteur Georges Moreau*, maire de Meisseix, conseiller général, tomba malade, la fédération du Puy-de-Dôme le présenta aux élections législatives dans la troisième circonscription de Clermont-Ferrand. Arrivé derrière le candidat de droite, Mabrut se classa nettement en tête des candidats du Front populaire avec 4 514 suffrages sur 18 269 inscrits. Les candidats radicaux-socialistes et communistes se désistèrent pour lui. Il fut élu avec 8 013 voix. Il siégea aux commissions de l’aéronautique et de la législation civile et criminelle. Au congrès fédéral de mars 1938, il présenta une motion « de synthèse et d’union », contre la motion pivertiste. Elle fut adoptée par 243 mandats contre 49.
_Combattant durant la Seconde Guerre mondiale, prisonnier, il ne put participer au vote du 10 juillet 1940 à Vichy, alors que les cinq autres députés SFIO du département se prononcèrent pour Pétain. Il fut rapatrié pour raison de santé et entra dans la Résistance.

Adrien Mabrut fut maintenu dans le Parti socialiste à son congrès de Paris, en novembre 1944 et devint le leader socialiste du département.

Le 30 septembre 1945, il fut élu conseiller général dans le canton-nord de Clermont-Ferrand, contre le sortant ancien conseiller général de Chamalières (Chatrousse), et il présida l’assemblée départementale jusqu’au 25 mars 1949. Il siégea dans les deux Assemblées constituantes, puis fut élu à l’Assemblée nationale en 1946, 1951 et 1956. Il assura la vice-présidence de la commission de la justice après en avoir été secrétaire. Il appartint à la commission exécutive du groupe socialiste en juin 1946 et était vice-président du groupe parlementaire en décembre 1946.

Adrien Mabrut se tint en marge des luttes internes de son parti. Il se manifesta cependant lors de deux débats importants : il fut l’un des signataires de la motion « Pour le redressement du parti » présentée par Guy Mollet au congrès de 1946, puis s’opposa à la création de la Communauté européenne de défense ; il fut l’un des 17 députés exclus en février 1955 pour avoir refusé de voter les Accords de Londres et Paris, mais fut réintégré au congrès national de juillet 1955.

Durant la guerre d’Algérie, Adrien Mabrut soutint la majorité de son parti dans les votes internes, mais protesta en mars 1958 contre l’interdiction de la Tribune du socialisme. Le 1er juin 1958, il vota contre l’investiture au général de Gaulle et ne se présenta pas aux élections législatives en novembre. Il demeura actif durant plusieurs années, participant encore à des réunions nationales de la SFIO. Il fut ainsi membre de la commission de résolution du conseil national du 11 avril 1960 et appartint à la commission de vérification des mandats et à la commission de réintégration au CN du 6 septembre 1962.
_Adrien Mabrut fut aussi président du syndicat d’initiative et de la Fédération des œuvres laïques du Puy-de-Dôme.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article119274, notice MABRUT Adrien François par Gilles Morin, Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 9 mars 2016.

Par Gilles Morin, Justinien Raymond

SOURCES : Arch. Nat. F/1cII/270, 282. F/1cII/305. F/1cIV/154. — Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Arch. de l’OURS, F9/26MM. — J. Jolly, Dictionnaire des Parlementaires, op. cit., t. VII. — G. Lachapelle, Les Élections législatives, op. cit. — Compte rendu du congrès extraordinaire du PS à Paris, novembre 1944. — Documentation Paul Déhène, 1957. — Jean-Étienne Dubois, Les députés du Puy-de-Dôme de 1919 à 1942, mémoire de maîtrise sous la direction de Mathias Bernard, Université Blaise Pascal, 2004. — État civil.

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