MACHY Paul, Émile, Armand

Par Yves Le Maner

Né le 17 mai 1887 à Oye-Plage (Nord) ; mort en avril 1945 en déportation en Allemagne ; instituteur ; militant syndicaliste de la CGT et du SNI ; militant socialiste, maire de Rosendaël, conseiller général.

Fils d’un artisan charpentier-menuisier, Paul Machy reçut les premiers sacrements catholiques et passa toute son enfance à Bourbourg (Nord). Il y fréquenta l’école primaire avant de réussir le concours d’entrée à l’École normale d’instituteurs de Douai en 1903. Dès sa sortie de l’EN en 1905, fortement influencé par son père, militant socialiste convaincu, ainsi que par les lectures faites pendant ses études, il décida de s’engager dans le combat politique et syndical, s’inscrivant à la CGT et au Parti socialiste SFIO naissant. Jeune instituteur à Grand-Fort-Philippe, il devint rapidement secrétaire du syndicat CGT de l’Enseignement pour l’arrondissement de Dunkerque. Il se maria religieusement avec une institutrice. Leur fille ne fut pas baptisée.

Lorsque la Première Guerre mondiale éclata, il était instituteur à Dunkerque. Mobilisé au 110e régiment d’infanterie, il fut blessé en 1915 lors des combats des Éparges (Meuse) et obtint la Croix de guerre et la Médaille militaire. Après un bref retour au front à la fin de l’année 1916, il fut affecté à l’intendance jusqu’à l’armistice.

Démobilisé, officier de réserve, il fut nommé directeur d’école à Merckeghem, où il fut secrétaire de mairie, et reprit immédiatement ses activités syndicales et politiques. Resté fidèle au Parti socialiste et à la CGT lors des scissions politiques et syndicales de 1920-1922, il devint secrétaire départemental du Syndicat national (CGT) des instituteurs en 1925, poste qu’il allait occuper sans interruption jusqu’en 1935. 

Directeur d’école à Dunkerque-centre à partir de 1926, il put se consacrer plus facilement à l’action politique dans toute l’agglomération. 

Secrétaire local de la Ligue des droits de l’Homme, franc-maçon (Grand-Orient de France), candidat du Parti socialiste SFIO aux élections législatives de 1932 et 1936 dans la 2e circonscription de Dunkerque, il ne parvint pas à inquiéter les candidats de la droite traditionnellement élus dans cette circonscription rurale et cléricale. 

Très tôt conscient du péril fasciste, il fut le seul dirigeant socialiste dunkerquois à assister à la manifestation organisée lors de la grève générale du 12 février 1934 et, l’année suivante, il prit la tête du comité local antifasciste dès sa création (novembre 1935). Élu maire de Rosendaël, commune industrielle de l’agglomération de Dunkerque, aux élections municipales de 1935, Machy devint conseiller général du canton de Dunkerque-Est en 1937. Ce succès, doublé du soutien amical de Jean Lebas, laissait présager une brillante carrière politique au niveau régional. La guerre en décida autrement.


Hostile aux accords de Munich, dès le début de l’Occupation, il s’engagea dans la Résistance au sein du mouvement "Libération-Nord" et continua de militer clandestinement dans les rangs de la SFIO. Arrêté le 4 août 1944 à la suite d’une dénonciation, il fut emprisonné à la centrale de Loos-les-Lille, puis déporté au camp de Sachsenhausen (Allemagne) puis à Bergen-Belsen. Atteint du typhus, il fut transféré à Buchenwald. En avril 1945, devant l’avance des Alliés, les Jeunesses hitlériennes firent évacuer plus de mille prisonniers qui furent lancés sur les routes où ils furent abattus par groupes. Paul Machy fut l’un d’entre eux. Son corps ne fut jamais retrouvé. Le registre d’état civil d’Oye-Plage précise comme date du décès le 8 avril et comprend la mention « Mort pour la France ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article119319, notice MACHY Paul, Émile, Armand par Yves Le Maner, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 27 novembre 2018.

Par Yves Le Maner

SOURCES : Arch. Dép. Nord, M 35/8 et M 37/90b. — Renseignements fournis à Jacques Girault par sa fille en 1975. — M. Tibier, Mémoire de Maîtrise, Lille III, 1975, op. cit. — J.-M. Fossier, Zone interdite, op. cit.. — DBMOF, notice par Y. Le Maner.

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