MAGNE Louis, Paul

Par Jacques Girault

Né et mort à Flassans (Var) : 6 juin 1891-23 août 1967 ; agriculteur ; maire socialiste SFIO de Flassans (1929-1944, 1945-1967) ; conseiller général du canton de Besse (1931-1940, 1945-1967).

Fils d’un cultivateur propriétaire d’opinions républicaines et membre du cercle "rouge", Louis Magne reçut les premiers sacrements catholiques. Après avoir obtenu le Certificat d’études primaires, il s’engagea dans la Marine nationale en 1910. Matelot, saxophoniste de la musique des équipages de la Flotte, mobilisé comme brancardier dans l’infanterie au début de la guerre, il fut fait prisonnier en juillet 1918. Marié uniquement civilement à Flassans, en septembre 1919, il entretenait de bonnes relations avec la famille Gavoty. Il dirigeait en effet la Lyre flassanaise dans les années 1930. Administrateur de la coopérative vinicole en 1925, trésorier en 1926-1927, vice-président en 1927, il abandonna ces responsabilités en 1929 quand il devint maire de la commune. 



Magne, élu conseiller municipal, le 5 mai 1929, sur la liste « d’Union des gauches et de concorde locale », devenu maire, était classé par la préfecture comme « républicain-socialiste ». Adhérent du Parti socialiste SFIO en 1931, il le représenta aux élections pour le conseil général, le 18 octobre 1931, dans le canton de Besse. Il l’emporta au deuxième tour avec trois voix d’avance sur son adversaire radical, le candidat communiste du premier tour s’étant retiré. A nouveau candidat le 10 octobre 1937, il triompha le dimanche suivant. 

Au conseil général, il fit partie de la commission départementale en 1933 et en 1935, exerça les responsabilités de vice-président en 1934 et de secrétaire en 1932. De 1931 à 1940, il participa à la troisième commission qu’il présida à partir de 1937. Suppléant du conseil départemental des allocations, titulaire à partir de 1937, il en fut le rapporteur à partir de 1936. 


Magne fut confirmé comme maire de Flassans après avoir été réélu, le 5 mai 1935, sur la liste « d’union des gauches et de concorde », comprenant quatre membres du cercle de la Liberté (rouges), quatre membres du cercle des Travailleurs (blancs) et des indépendants. Il avait participé au congrès de la Fédération socialiste SFIO du 24 juin 1933. Suivit-il en décembre les élus au Parti socialiste de France ou resta-t-il dans l’expectative ? Le Populaire du Var du 16 novembre 1935, annonçait son adhésion au Parti socialiste SFIO. Il participa alors à de nombreuses manifestations paysannes organisées par son parti. Il présidait, sous le Front populaire, l’Amicale des maires de l’arrondissement de Brignoles. 



Pendant la Seconde Guerre mondiale, Magne resta à la tête de sa commune. En novembre 1940, un conseiller municipal ayant tenu des propos désobligeants vis-à-vis du maréchal Pétain, il leva la séance. Aussi, le commissaire spécial, quelques mois plus tard, rapportant ce fait, ajoutait-il : « Son attitude actuelle, tant au point de vue administration que collaboration ne le montre pas hostile à l’égard de la Révolution nationale. » Il refusa d’adhérer à la Légion et de participer à la prestation de serment de la Légion à Besse. Par la suite, sa situation se compliqua et il envoya le 19 mars 1944 une lettre de démission de son poste de maire au préfet joignant un certificat médical, expliquant qu’il s’entendrait avec la Légion pour proposer une délégation spéciale. Convoqué à la préfecture, le 29 avril, il écrivit à nouveau, le 1er mai pour demander un congé de trois mois. Relancé par le préfet, le 26 juin, il confirma sa démission à deux reprises par télégrammes, les 26 juin et 1er juillet. 

Ces difficultés expliquent que le comité départemental de Libération ait proclamé sa déchéance de maire et son remplacement par une délégation municipale présidée par un membre du Front national. Pourtant, le comité fédéral du Parti socialiste SFIO le maintint dans ses rangs avec ses mandats, estimant : « N’a jamais fait partie d’aucune organisation vichyssoise... A organisé le sabotage des lois de Vichy. » Cette décision fut confirmée le 15 janvier 1945. 



Magne retrouva son poste de maire en mai 1945 après les premières élections municipales, « malgré la très grande opposition qui lui venait non seulement des communistes, mais encore de certains socialistes », selon le préfet. En fait, la section socialiste, forte alors d’une trentaine de membres, l’avait désigné à l’unanimité et la Fédération du Var avait ratifié cette décision. Il exerça cette fonction jusqu’à son décès, et conserva son mandat de conseiller général du canton de Besse qu’il avait retrouvé en septembre 1945. Vice-président du conseil général en 1953, il fut rapporteur du plan départemental d’équipement forestier en 1946, 1948, 1950, 1953, contre les calamités agricoles et prévoyant la création d’une caisse de compensation (1956). Membre du comité départemental d’équipement rural, du comité technique des transports, il fit aussi partie des conseils d’administration du syndicat des vignerons et de la Caisse de crédit agricole.

Membre du comité fédéral du Parti socialiste SFIO, Magne se prononça, à l’automne 1958, pour une réponse positive au référendum. Il fut candidat suppléant, le 26 avril 1959, aux élections sénatoriales. 



Magne fut enterré civilement.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article119419, notice MAGNE Louis, Paul par Jacques Girault, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 4 mars 2012.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Dép. Var, 2 M 5 280, 292, 293, 2 M 7 31 1, 2 M 7 35 1, 2, 4, 4 M 50, 18 M 91. — Arch. Jean Charlot* (Centre d’histoire sociale du XXeme siècle). — Presse locale. — Renseignements fournis par la famille de l’intéressé, la mairie et par la cave-coopérative de Flassans.

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