MAHOUY A.

Par Jean-Louis Panné et Nathalie Viet-Depaule

Chaudronnier, syndicaliste CGTU de la Métallurgie et militant communiste de la région parisienne ; opposant à la bolchevisation, exclu en 1926 ; adhérent de la Ligue syndicaliste.

Chaudronnier, syndicaliste de la Métallurgie et militant communiste de la région parisienne, A. Mahouy fut élu, lors du IIIe congrès du Parti communiste (Lyon, 20-23 janvier 1924), membre suppléant du Comité directeur.
Au cours de la crise opposant Boris Souvarine à Albert Treint, soutenu par l’émissaire du Komintern D. Manouilsky, il se désolidarisa de la majorité du comité directeur à propos des thèses adoptées sur la question russe, devenant ainsi un des porte parole de l’opposition qui grandissait au sein du parti.

Mahouy intervint le 20 janvier 1925 au cours du Ve congrès (Clichy, 17-21 janvier), pour dénoncer l’inexistence du Comité directeur depuis six mois. Il y critiqua Pierre Semard pour son "apologie de l’ignorance". Il fut en conséquence écarté du nouveau Comité directeur.
En février 1925, il signa la Lettre des 80 de l’opposition, initiée notamment par Loriot. Il était alors membre de la cellule 343 du PC.
Fin juillet, avec Fernand Loriot, Amédée Dunois, Maurice Paz, Marcel Roy, Pierre Gourget, Marcel Hasfeld, etc, il s’adressa "A tous les membres du Parti" pour dénoncer l’absence de contrôle politique exercé par les masses du parti sur la direction, et, protester contre le report arbitraire de la conférence nationale convoquée le 27 juin, mais repoussée initialement à septembre. Le 13 août, le comité central envoya une lettre à laquelle Fernand Loriot répondit en son nom et ceux de Dunois, Paz, Hasfeld, César Hattenberger.

Le 30 septembre, il signa, cette fois-ci seulement avec M. Paz et Marcel Roy, un texte "Sur la guerre du Maroc" qui rejetait le mot d’ordre de fraternisation et proposait de lui substituer ceux de "Paix au Maroc ! Indépendance du Rif !", seuls susceptibles, selon eux, de "créer la base d’une action de masse" pour le parti. Lors de la conférence nationale, enfin tenue les 15-20 octobre, il prit la parole seulement pour expliquer qu’il refusait de présenter une défense de la "droite" devant une instance dépourvue des pouvoirs d’un congrès. Puis, en octobre, il signa la lettre à l’exécutif de l’Internationale communiste, dite Lettre des 250.

Début 1926, Mahouy participa à la création du Cercle communiste Marx et Lénine autour de Boris Souvarine, tout en entretenant d’étroites relations avec le groupe de Pierre Monatte : La Révolution prolétarienne. Il signa, en janvier 1926, une lettre de solidarité avec les exclus du parti, et, membre du comité de rédaction du Bulletin communiste, approuva la déclaration justifiant la cessation de parution de cet organe d’opposition.
L’Humanité du 22 janvier 1926 annonçait que l’ordre du jour de la réunion de la cellule 343 était : « exclusion de Mahouy ». Le Bulletin communiste du 29 janvier 1926 annonça son exclusion par son rayon, exclusion ratifiée, semble-t-il, début avril 1926 par le comité central.
En mars 1926, il avait cosigné un texte avec Georges Leroy et Hattenberger (non-retrouvé).

A partir d’août 1926, Mahouy travailla chez Citroën à Saint-Ouen. Il semble s’être tourné davantage vers des activités syndicales : il adhéra à la Ligue syndicaliste constituée en juillet 1926, et membre de la Fédération unitaire des métaux, participa à son IVe congrès (1927) au cours duquel il désapprouva le rapport moral. Il fut membre du Groupe d’études et d’action syndicales des métallurgistes de la Région parisienne, aux côtés de J. Roumeguère.

Il resta l’un des secrétaires du Cercle Marx et Lénine jusqu’en 1928, puisque, en janvier de cette année, il signa comme membre de sa commission exécutive le tract du cercle : "Les leaders de la Révolution sont en route pour l’exil", puis le 11 juin, en tant que secrétaire, il signa, avec Charles Rosen (voir Charles Ronsac), une lettre repoussant la proposition d’une rencontre, en vue d’une unification, de toutes les composantes de l’opposition.

En mars, il avait protesté contre la déportation de Trotsky, avec Loriot, Paz, Alfred Rosmer, par l’appel intitulé "Pour la révolution russe, pour le prolétariat international" qui se concluait par cette exhortation : "Ne permettez pas qu’à la belle devise du début : "Qui ne travaille pas ne mange pas", soit substituée celle-ci : "Tu ne mangeras pas si tu ne penses pas comme Staline"."

Après cette prise de position Mahouy disparut ensuite du mouvement syndical et politique, du moins en tant que responsable. Entré chez Renault à la mi-janvier 1928, il fut licencié un mois plus tard en raison de ses activités syndicales, notamment sa participation aux réunions de la section de l’entreprise. Plus tard, il s’exila aux USA.

Voir Madame Mahouy.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article119487, notice MAHOUY A. par Jean-Louis Panné et Nathalie Viet-Depaule, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 28 septembre 2020.

Par Jean-Louis Panné et Nathalie Viet-Depaule

SOURCES : Bulletin communiste, 2 mai 1924, 1925-1933. — La Révolution prolétarienne, 1925-1927. — Contre le Courant, n° 4, 10 décembre 1927 et n° 9, 6 mars 1928. —IVe congrès de la Fédération unitaire des métaux, 1927. — A. Audit, Les Fédérations confédérée et unitaire des Métaux, lieux d’émission d’analyses socio-économiques (1922-1935), Mémoire de Maîtrise, 1986. — Julien Chuzeville, Fernand Loriot, le fondateur oublié du Parti communiste, 2012.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable