MALACRIDA Henri, Jean-Baptiste. Pseudonyme : Fontaine

Par Gilles Morin, Antoine Olivesi

Né le 11 novembre 1903 à Toulon (Var), mort le 29 mars 1965 à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) ; professeur ; résistant socialiste ; secrétaire de la fédération socialiste SFIO des Hautes-Alpes, membre du comité directeur de la SFIO (1946-1955, 1956-1963), trésorier adjoint du parti (1947-1955) ; Grand-Maitre adjoint du Grand orient de France.

Henri Malacrida
Henri Malacrida
Jean Claude Pouzet, La résistance mosaïque, ed Jeanne Lafitte, Marseille, 1990

Fils d’un géomètre des chemins de fer né en Lozère, Henri (parfois écrit Henry) Malacrida, issu d’une famille républicaine du Piémont exilée en France en 1848, artisans opticiens, orphelin très jeune, fut confié à l’Assistance publique. Boursier, il put faire des études aux lycées de Toulon et d’Aix. Diplômé de l’École supérieure de commerce de Marseille (1923), bachelier (lettres en 1927), il obtint la première partie du baccalauréat en droit (1929). Inscrit à la Faculté des lettres d’Aix-en-Provence, il obtint une licence d’Histoire et de Géographie (Certificats d’Histoire moderne et contemporaine en 1927, du Moyen-Age en 1929, de géographie en 1931, d’histoire ancienne en 1932) et un diplôme d’études supérieures de lettres en 1933 (« Hercule en Provence et la légende de la Crau »).

Henri Malacrida demanda un poste dans l’enseignement en 1927 et fut nommé instituteur suppléant chargé du cours supérieur de l’école primaire supérieure d’Aix. Titularisé en 1929, nommé dans une école rurale à classe unique à Entressen (1929-1931), il demanda à être intégré dans le corps des professeurs d’EPS en 1931. Muté dans l’école primaire Les Présentines à Marseille, il fut chargé du cours supérieur (préparation aux EPS et aux bourses) de 1931 à 1936. Nommé instituteur à Aix-en-Provence (1936-1937), il obtint une délégation ministérielle en 1937 et enseigna comme instituteur adjoint au cours préparatoire de l’EPS d’Aix en 1938 avant d’être nommé professeur délégué dans cette EPS en décembre 1938 puis d’être muté, après avoir été mobilisé dans l’infanterie en 1939-1940, comme professeur à l’EPS de Cannes en octobre 1941. Mais il fut déclaré démissionnaire d’office, le 18 octobre 1941 comme franc-maçon et admis à faire valoir ses droits à la retraite.

Henri Malacrida effectua son service militaire comme élève officier de réserve et participa à l’occupation de la Ruhr. Il se maria le 22 novembre 1924 à Marseille. Sans doute veuf, il se remaria le 30 septembre 1936 à Marseille avec Madeleine Curtil, professeur à l’École normale d’institutrices d’Aix-en-Provence. Le couple eut trois enfants. En mai 1925, Henri Malacrida adhéra au Parti socialiste SFIO à la 2e section de Marseille. Il milita ensuite activement dans le département des Hautes-Alpes et y fut secrétaire de la Fédération départementale SFIO.

Dès le mois de septembre 1940, Henri Malacrida entra en contact avec Henri Frenay et Chevance-Bertin, puis plus tard, fut en relation avec Max Juvénal. Sa compagne assurant la vie du couple, il se consacra totalement à la Résistance et fut l’un des fondateurs du mouvement « Combat » dans le Sud-Est. Sous le pseudonyme de « Fontaine », il recruta des résistants parmi les dockers et les cheminots de Marseille, ainsi qu’à l’Arsenal maritime de Toulon, puis dans les Basses-Alpes (Alpes de Haute-Provence) et dans toute la zone Sud. En mai 1942, il était l’adjoint régional d’Aubry dans les services de renseignements de Combat. Selon Henri Noguères, en février 1942, il fut chargé de trouver à Marseille des hommes susceptibles d’abattre Pucheu, projet d’attentat qui n’eut pas de suite. Organisateur de l’Armée secrète, il en fut l’inspecteur national dans la zone Sud, chargé du recrutement. Membre du Comité d’action socialiste clandestin à partir du 18 juin 1943, il diffusait Le Populaire, clandestin, qu’il allait chercher dans le Jura. Il fut arrêté par les Allemands et incarcéré aux Baumettes à Marseille du 21 novembre 1943 au 21 décembre 1943. Évadé, après l’arrestation du lieutenant-colonel De Jussieu (Pontcarral), il devint le chef des FFI dans les Bouches-du-Rhône et adjoint au chef d’État-major des FFI en juillet 1944. D’autre part, il assura la vie de Grand Orient à Marseille.

Après la Libération, Henri Malacrida fut réintégré dans l‘enseignement comme instituteur délégué, le 9 novembre 1944, mais n’occupa pas de poste puisque « en mission dans le mouvement FFI comme chef départemental ». Après les interventions de Frenay, de Félix Gouin pour qu’il devienne professeur à l’École normale d’instituteurs de d’Aix en novembre 1944, il fut nommé professeur au collège moderne d’Aix. Il n’occupa pas ce poste car mis à la disposition du Ministre des prisonniers, déportés et réfugiés à partir de décembre 1944, situation prolongée en avril 1946 comme inspecteur général adjoint auprès du ministre des prisonniers.

Sa situation administrative dut tenir compte de sa position de détaché dans divers ministères. En congé d’inactivité en 1947, nommé et payé jusqu’en 1954 comme professeur au collège d’Épernay (Marne), il fut chargé de mission dans des cabinets ministériels (forces armées, guerre, Air, Défense nationale, industrie et commerce), en disponibilité pour convenances personnelles en juillet 1955, mis à la disposition de l’association de la « Maison internationale des jeunes pour la paix et la culture » constituée en 1948, dont il était le secrétaire général en 1955, puis à nouveau en congé, il reprit un poste de professeur de lettres au lycée technique Rouvière à Toulon où il fut inspecté en 1956. Il fut à nouveau en congé avant d’être affecté en 1958-1959 au Centre national de télé-enseignement avec nomination administrative au lycée Michelet à Vanves. En 1962, au CNTE, il donnait un cours de français dans l’unité de « promotion sociale des jeunes travailleurs ». Il fut admis à la retraite en 1964.

Délégué au congrès des fédérations socialistes reconstituées de la SFIO en novembre 1944, Henri Malacrida siégea à la commission Jeunes. En 1944-1945, il fut l’un des délégués permanents à la propagande du Parti socialiste SFIO réorganisé puis fut délégué régional à la propagande dans le Sud-Est en 1946-1947. Il échoua comme candidat aux élections aux deux Assemblées nationales constituantes en 1945 et 1946. Sa candidature le 21 octobre 1945 pâtit de sa parenté avec un dirigeant de l’ancien Parti social français des Hautes-Alpes. Selon le préfet, il était « suspect aux yeux de la population à cause de son ascendance italienne et de sa parenté avec l’ex-président départemental du PSF » (F/1cII/11/A, rapport du 2 novembre 1946).

Henri Malacrida redevint secrétaire de la fédération socialiste SFIO des Hautes-Alpes au congrès fédéral du 17 février 1946. Cette désignation ne recueillait pas l’assentiment unanime selon le préfet, le président du Conseil général Eugène Pellegrin* ayant refusé la place. En juin 1946, pour l’élection à la deuxième Assemblée constituante, il figurait en deuxième position sur la liste socialiste derrière Pellegrin. Il fut une dernière fois candidat socialiste dans son département, figurant en tête de la liste, aux élections législatives de novembre 1946. Il lui était reproché au début des années 1950 de n’être quasiment pas présent dans les Hautes-Alpes, de n’y venir que pour se faire réélire à la direction fédérale pour justifier son mandat national. Devenu secrétaire fédéral-adjoint en janvier 1948, il résidait alors à Aix-en-Provence. En 1951, il fut candidat de principe en Lozère avec Georges Brutelle.

Au congrès national d’août 1946, il entra au Comité directeur du Parti socialiste SFIO. Il demeura dans la direction nationale, avec une seule interruption en 1955-1956 où il fut le troisième candidat non élu en 1955. Il y revint peu après, en remplacement de Henri Ribière* décédé, et y siégea jusqu’en 1963. Trésorier adjoint du parti de 1947 à 1955, il occupa une place de plus en plus importante dans les instances nationales de la SFIO et des organisations qui lui étaient associées. Il était délégué adulte et secrétaire général adjoint en 1948, puis secrétaire général des Jeunesses socialistes en 1950-1953, délégué adulte des Étudiants socialistes en 1950-1952 puis signalé comme membre du comité national des Étudiants en 1953, 1959 et 1960. Membre du Conseil d’administration du Populaire en 1950-1958, il appartenait au conseil d’administration de l’Entr’aide ouvrière française en 1949. Membre de la commission des Affaires internationales du parti en 1950 et 1953, il était aussi délégué à la fédération nationale des élus municipaux en 1951-1955.

Délégué régulièrement aux congrès et conseils nationaux de la SFIO, Malacrida siégea à la commission internationale du conseil national des 3 et 4 mai 1958, à la commission de la Défense nationale et participa aux Journées nationales d’études des 7 au 10 mai 1959 comme délégué du Var. Il fut enfin vice-président de la Fédération Léo-Lagrange.

Franc-maçon du Grand Orient de France, Malacrida, initié en mars 1933 à la loge « l’Étoile de la Crau » à Miramas, dont il fut successivement secrétaire et orateur, n’accepta jamais d’être vénérable. Il exerça d’importantes responsabilités : conseiller de l’Ordre à plusieurs reprises à partir de 1945, et même grand orateur (1950-1951) et grand maître adjoint entre 1951 et 1952. Souvent rapporteur dans les Convents, mais aussi orateur, il prit une part importante dans la vie de l’obédience. Investi dans les ateliers supérieurs, il participa à la naissance du chapitre Mirabeau, dont il fut le Très Sage jusqu’à son décès. En octobre 1964, après avoir obtenu le 33e, il participa à la création du Conseil philosophique Mirabeau qu’il présida.

Commandeur de la Légion d’honneur, médaillé de la Résistance (Rosette), il reçut la Croix de guerre 1939-1945.

Il décéda brutalement, le 29 mars 1965, d’une crise cardiaque, dans sa maison d’Aix-en-Provence.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article119641, notice MALACRIDA Henri, Jean-Baptiste. Pseudonyme : Fontaine par Gilles Morin, Antoine Olivesi, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 21 janvier 2016.

Par Gilles Morin, Antoine Olivesi

Henri Malacrida
Henri Malacrida
Jean Claude Pouzet, La résistance mosaïque, ed Jeanne Lafitte, Marseille, 1990

SOURCES : Arch. Nat., F/1cII/111A, 119, F/1cIII/1206, 1339. 19980419 art. 6/1202, F17 28336. — APPO B13, 43458 (dossier Bonissel). — OURS, fédération socialiste SFIO Lozère. — Henri Noguères, Histoire de la Résistance, op. cit., t. 1. — Daniel Ligou, Histoire du socialisme, op. cit., p. 486 et 501. — Notes de Justinien Raymond (d’après les archives de l’OURS). — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-1967. — Bulletin Intérieur de la SFIO, n° 108, 111. — Archives Daniel Mayer, 3 MA 28. — André Combes, La Franc-Maçonnerie sous l’Occupation. Persécution et résistance (1939-1945), Paris, Éditions du Rocher, 2001, p. 281-282. — Notes de Jacques Girault et Denis Lefebvre.

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