MALTERRE Henri [MALTERRE Marius, Henri]

Par Marc Giovaninetti, Claude Pennetier

Né le 20 octobre 1912 à Saint-Alpinien (Creuse), mort le 10 juillet 2002 à Riom (Puy-de-Dôme) ; ouvrier agricole, ouvrier cimentier ; dirigeant communiste du Puy-de-Dôme ; membre du bureau national des JC et secrétaire général de l’UJAF ; membre de la section agraire du comité central du PCF.

Henri Malterre
Henri Malterre
dans son dossier au RGASPI, vers 1937

Henri Malterre était le quatrième d’une famille de huit enfants de journaliers de la Creuse. Ses parents n’avaient pas d’engagement politique, mais un de ses frères aînés, Philémon, le précéda dans la voie du militantisme communiste. Lui-même fut instruit par un érudit de sa localité qui orientait ses lectures.

Malgré son goût de l’étude, il quitta « à regret » l’école sans certificat d’études « parce que celui-ci avait lieu en période de pleins travaux. » Il réussit l’examen plus tard, lorsqu’il fit son service militaire. Après quelques années à travailler la terre dans sa région natale, il rejoignit en 1929 ses frères aînés à Lille, pour les seconder dans le métier de cimentier-coffreur. Il s’engagea aux Jeunesses communistes, conquis lors d’un meeting de Cachin* et Doriot* à Lille, et adhéra au Parti communiste en 1933, en se syndiquant en janvier de la même année. Il dirigea à Lille le comité des jeunes contre la guerre et le fascisme.

Le service militaire l’amena à Clermont-Ferrand. Il prit rapidement des responsabilités dans son département d’adoption. Responsable des JC, il fut désigné secrétaire régional lors de la constitution de la « région Puy-de-Dôme » de l’organisation de jeunesse en septembre 1935, et promu à ce titre au comité de région du PCF. Il suivit l’année suivante l’École nationale des JC, et l’École centrale de six mois du PCF en 1937, dont il sortit avec une appréciation mitigée : « appliqué, fournit un bon effort, un peu effacé, ne remplit pas les conditions pour travailler parmi les jeunes, peu d’initiative, capacités de propagandiste ». Il ne put cependant pas prendre part au mouvement de grève de juin 1936 car il était durant tout le mois de juin en période de réserve au camp militaire de Bourg-Lastic (Puy-de-Dôme). Pourtant, secrétaire de l’Union départementale des Jeunesses agricoles créées à l’initiative des JC, il fut délégué à la Conférence des jeunes paysans tenue à Paris les 12-13 juillet 1937, et succéda à Léo Figuères*, parti à l’armée, au secrétariat général de l’Union des Jeunesses agricoles de France dont le premier congrès se tenait à Paris en novembre 1937. Dans la lignée, il fut promu au bureau de la fédération des Jeunesses communistes à leur Xe congrès à Issy-les-Moulineaux en avril 1939. Il était, au sein du parti adulte, devenu un des secrétaires de la région Auvergne du PCF en 1937-1938.

Il avait rencontré une ouvrière caoutchoutière aux usines Michelin, Marie-Madeleine Cros, née en 1915, membre elle aussi des Jeunesses communistes, qu’il épousa en 1937.

Mobilisé en septembre 1939, Henri Malterre fut fait prisonnier le 21 juin 1940 dans les Vosges, forêt de Charmes, à proximité de la frontière allemande. Avec ses camarades, ils furent conduits à pieds dans des conditions très difficiles jusqu’à un premier camp à Trèves où il resta 3 semaines. Il fut ensuite envoyé à Soren, près de Zimmern, dans la région de Coblence. Il travailla ici dans une usine de bois avec des journées de travail harassantes. Malterre et ses camarades s’opposèrent à l’obligation de travailler le dimanche et firent grève. Malgré l’envoi d’hommes en armes, il affirme qu’ils ne cédèrent pas.
Pendant toute la durée de la guerre, il tenta sept fois de s’évader, sans succès. Après une tentative en février 1941, la seconde eut lieu en juillet 1942. Le petit groupe auquel il s’était joint fut repris juste à la frontière, à cause de l’imprudence de l’un d’eux qui avait allumé un feu et alerté une paysanne du voisinage. Après l’échec de cette évasion, il fut affecté au Stalag 12 D pendant 24 jours, près de Trèves. Avec son Kommando, il décharge les wagons en gare de Trèves. Ce fut pour lui la période la plus difficile. Il est ensuite envoyé en Kommando de culture, dans des fermes, à Heimeskeil dont il s’évade au bout de trois jours avant d’être repris et mis en cellule. Il est ensuite envoyé dans un Kommando de culture à Bitburg. Il se casse ici une cheville et rejoint un hôpital deux mois avant d’être renvoyé au Kommando. En mai 1944, après avoir protesté contre le lynchage d’un parachutiste allié tombé sur Bitburg, il est dénoncé et mis en prison jusqu’au 10 septembre 1944. Avec l’arrivée des Alliés, il est évacué sur Limburg où il travaille jusqu’en mars 1945 dans une carrière près de Remagen. Lors de l’attaque des Alliés, il est replié et c’est là qu’il s’évade définitivement. Il est délivré dans un village par les chars américains le 27 mars 1944.
Sa femme, qui avait pourtant caché ses archives chez un camarade, préféra les brûler par sécurité. Elle-même fut d’abord réembauchée aux usines Michelin, puis soignée pendant deux ans dans un sanatorium.

À son retour d’Allemagne en avril 1945, une cellule du PCF qui portait son nom depuis la Libération prit le nom de Mazaudier, ancien membre du Conseil national du PCF. Il fut affecté à la section agraire du comité central, au 44 rue le Peletier, où il travailla longuement sous la direction de Waldeck Rochet*. Il y côtoya également Gaston Plissonnier*, et plus tard André Lajoinie*. Une de ses tâches principales consistait en la rédaction du mensuel La Terre, et il participait à de très fréquents déplacements à travers toute la France rurale. Le couple Malterre, qui n’eut pas d’enfants, habitait villa Gagliardini, à la porte des Lilas dans le XXe arrondissement. Elle resta militante de base, attachée à une cellule du XXe, lui, comme permanent, assistait très régulièrement à tous les congrès ou conférences du PCF.

Dans les années 1960, Henri Malterre fut sollicité par Marcel Paul* pour prendre la direction d’une maison de vacances de la CCAS de l’EDF dans les Hautes-Pyrénées. Il s’acquitta si bien de sa tâche qu’il fut ensuite appelé pour redresser des établissements analogues mal en point en d’autres lieux, dans la Sarthe, puis en dernier lieu au château de Vouzeron dans le Cher, qui relevait du syndicat CGT des Métaux. Il y passa quatre années avec son épouse, avant de prendre sa retraite en 1973.

Le couple décida alors de revenir s’établir dans le Puy-de-Dôme, où ils avaient gardé de nombreuses relations. Ils firent construire une maison dans le village de Chaptuzat, au nord du département, et continuèrent à rester de fidèles adhérents de leur parti. Henri Malterre décéda en juillet 2002 à l’hôpital de Riom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article119786, notice MALTERRE Henri [MALTERRE Marius, Henri] par Marc Giovaninetti, Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 15 août 2022.

Par Marc Giovaninetti, Claude Pennetier

Henri Malterre
Henri Malterre
dans son dossier au RGASPI, vers 1937

SOURCES : Archives du RGASPI, Moscou, 495 270 3994, autobiographie du 13 janvier 1937. — Arch. Dép. Puy-de-Dôme, M 05420. — L’Avant-Garde, n° 807, 14 avril 1939. — La Voix du Peuple, 14 août 1939. — Jacques Varin, Jeunes comme JC, op. cit. — La Terre. — Entretien avec Marie-Madeleine Malterre, 2011.- "Henri Malterre est de retour", La Voix du Peuple, 14 avril 1945. — RAGSPI : Fonds de la direction du Parti Communiste Français :1935 : cote 517_1_1744. Tournée dans le Puy-de-Dôme du 11 au 25 août 1935. Délégué : Seinforin. — Lettre de Henri Malterre à Chevalier, 15 juin 1936 (archives Roger Champrobert, Clermont-Ferrand). — Compléments par Eric Panthou.

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