MANDRILLON César [MANDRILLON Jules, César]

Par Yves-Claude Lequin

Né le 15 mai 1852 à Septmoncel (Jura), mort le 21 juillet 1930 à Septmoncel ; paysan et ouvrier lapidaire ; animateur d’un coopérative familiale de production lapidaire ; militant socialiste puis communiste du Jura ; maire de Septmoncel.

La famille de Jules, César Mandrillon en 1900.
La famille de Jules, César Mandrillon en 1900.

Deuxième d’un fratrie de cinq, aysan et lapidaire comme ses ancètre et beaucoup de gens de la montagne jurassienne, César Mandrillon fut avec Henri Ponard, l’un des pionniers du socialisme dans la région, ardent militant malgré les difficultés qui furent siennes pour faire vivre une famille de treize enfants qu’il avait eu avec Marie Céline Grostabussiat (1854-1919). Anticlérical, il refusa de donner des noms de baptême aux derniers de ses enfants et leur attribua des noms tirés de l’Antiquité dont il aimait l’histoire : Aristarque, Démophile, Philarète, Pompée... En 1888, il était membre du Group démocratique de Septmoncel. Militant syndical, il fut un des fondateurs d’un syndicat des ouvriers lapidaires antérieurement à 1890, et, en 1893, il fit partie du premier comité exécutif du Cercle du Travail de Saint-Claude. Il participa également au développement du mouvement coopératif dans la région. Il fut, en 1893, le premier candidat socialiste présenté dans la circonscription de Saint-Claude. Imprégné d’un idéal très élevé du socialisme qui se rapprochait plus du socialisme utopique que du mouvement socialiste des années 1900, il entendait mettre ses principes en pratique. Ainsi en 1912 il construisit une très grande maison, encore visible actuellement à Septmoncel, afin que toute sa famille (enfants, gendres et belles-filles) pût vivre en communauté et travailler de même. Ensemble ils formèrent ainsi une coopérative lapidaire. Au fronton de cette maison, César Mandrillon fit graver l’inscription suivante : "Un pour tous, tous pour un." Vers 1920, cette maison abrita jusqu’à vingt-quatre personnes réparties en cinq familles. Elle restera dans les mémoire sous le nom du "phalanstère" de Septmoncel. En 1919, César Mandrillon avait été élu maire de Septmoncel.
La coopérative "Mandrillon frères" devint en 1919 "Aux Ateliers coopératifs des Lapidaires Jura et Ain" avec des statuts proches de ceux de la Fraternelle de Saint-Claude.En 1925, la famille acheta la ferme "Sur l’Etain" pour en faire une ferme modèle en des fonctionnalité mécanisées.

En 1920, les divisions qui partageaient le mouvement socialiste, touchèrent aussi la famille Mandrillon. Les trois fils aînés : Léopold, Léon et Alphonse optèrent pour le socialisme ; César et ses sept autres fils choisirent le communisme et, avec quelques autres, constituèrent ultérieurement une cellule. Ils se trouvèrent dès lors un peu à l’écart dans un village et dans une région en grande majorité socialiste ; cela n’alla pas non plus sans rupture avec ses anciens compagnons, et notamment avec Henri Ponard.

Il fut choisi, à l’âge de soixante-douze ans, pour être candidat communiste —et contre Ponard !— aux premières élections législatives qui suivirent la scission ; ainsi, au premier tour, le 11 mai 1924, il recueillit 1 687 voix sur 57 829 suffrages exprimés. Par la suite, il eut une activité progressivement réduite du fait de son âge.

Au nombre de ses fils signalons Alphonse, Albert, un des dirigeants du groupe des Jeunesses socialistes fondé à Saint-Claude en 1893, qui en 1920 était président du syndicat des ouvriers lapidaires de Septmoncel et qui fut très actif dans la Résistance ; arrêté le 17 juin 1944 par des nazis, ìl fut exécuté sur le champ en même temps que son fils Julien ; son autre fils Roger, fut arrêté le même jour et déporté à Dachau, dont il fut libéré en mai 1945 ; enfin Philarète (né à Septmoncel le 15 septembre 1894) qui aurait dirigé la cellule communiste en 1927. Une grande partie de la famille Mandrillon fut assignée à résidence surveillée, notamment Démophile (né à Septmoncel le 9 décembre 1892), artisan lapidaire, secrétaire de la cellule locale en 1932, qui le fut dès l’annonce du Pacte germano-soviétique.

Après 1945, cette famille se dispersa progressivement politiquement et économiquement.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article119819, notice MANDRILLON César [MANDRILLON Jules, César] par Yves-Claude Lequin, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 2 novembre 2018.

Par Yves-Claude Lequin

La famille de Jules, César Mandrillon en 1900.
La famille de Jules, César Mandrillon en 1900.
César Mandrillon
César Mandrillon
Le phalanstère en 1915.

SOURCES : Arch. Nat. F7/13110. — Arch. Dép. Jura, M 56, M suppl. 55. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes II pp. 272, 298. — Martelet, Le Mouvement ouvrier à Saint-Claude de 1880 à 1914, DES Besançon, 1966, p. 134. — Le Jura socialiste, notamment 3 septembre 1921 et 26 juillet 1930. — Le Semeur, 18 septembre 1923. — Lettres d’Aristarque Mandrillon, février 1975 et de Claire, veuve de Démophile Mandrillon, janvier 1975. — Témoignage d’André Camelin, juillet 1974. — Elie, Mandrillon, « César Mandrillon et le "phalanstère" de Septmoncel (1852-1930) », Les amis du Vieux Saint-Claude, n° 35 (Elie Mandrillon est un descendant en ligne directe de César. Il est l’arrière petit-fils d’Hector (1881-1954).

ICONOGRAPHIE : Hubert-Rouger, op. cit., p. 272.

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