MANTOUX Paul

Par Michel Dreyfus

Né et mort à Paris : 14 avril 1877-12 décembre 1956 ; historien ; collaborateur d’Albert Thomas au ministère de l’Armement pendant la Première Guerre mondiale.

Paul Mantoux
Paul Mantoux

Fils d’un industriel, Paul Mantoux entra à l’École normale supérieure et fut reçu premier à l’agrégation d’histoire et de géographie en 1897. Il enseigna en 1904 au lycée Turgot, puis en 1906 au collège Chaptal et devint en 1913 professeur d’histoire de France contemporaine à l’Université de Londres.

Au début du siècle il fréquenta les intellectuels socialistes, appartint au "réseau" qu’ils formaient et, comme le montrent ses premiers travaux, s’intéressa au mouvement socialiste. C’est à cette époque, qu’en préparant sa thèse sur la révolution industrielle au XVIIIe siècle et les débuts de la grande industrie en Angleterre, il rencontra Albert Thomas qui secondait alors Lucien Herr à la bibliothèque de l’École normale. Il était également proche des milieux durkheimiens et connut François Simiand.

Après avoir soutenu sa thèse en 1906, Paul Mantoux s’éloigna du socialisme, suivant en cela l’exemple de nombreux intellectuels qui avaient été dreyfusards. Jusqu’à la Première Guerre mondiale, il se consacra plus particulièrement à la recherche et l’enseignement. Bon connaisseur du monde anglo-saxon, il parlait parfaitement l’anglais.

Mobilisé comme simple soldat en 1914 dans la territoriale, il devint dès janvier 1915 interprète auprès du 28e régiment d’infanterie britannique. Blessé à la suite d’un accident de cheval, il fut appelé en mai 1915 par A. Thomas, sous-secrétaire d’État à l’armement et aux munitions depuis peu, qui lui demanda d’établir une liaison avec Lloyd George récemment nommé ministre anglais de l’armement. Thomas voulait être informé de la façon dont réagissait sur tous les plans le peuple anglais à la guerre. Paul Mantoux accepta avec enthousiasme cette mission et contribua à une coopération étroite entre les deux ministres, puis entre les deux gouvernements jusqu’à la fin de la guerre. Par cet intermédiaire, les conférences interalliées progressèrent — non sans difficultés — et aboutirent à l’instauration du commandement unique en 1918. Mantoux fut appelé comme interprète à la plupart d’entre elles, puis fut l’interprète unique de la Conférence de la Paix où les "Quatre" (Clemenceau, Lloyd George, Orlando, Wilson) préparèrent le traité de Versailles et les traités annexes. Mantoux publia ultérieurement ces délibérations.

De 1920 à 1927, il fut directeur de la section politique du secrétariat de la Société des Nations, et de 1927 à 1951, directeur de l’Institut des hautes études internationales de Genève. Une partie de sa bibliothèque et de ses papiers personnels ont été déposés à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) de Nanterre.

Marié en 1911 à Mathilde Dreyfus, Paul Mantoux était père de trois enfants, Étienne, Philippe et Jacques. Son fils Étienne (né en 1913, mort au front en Allemagne le 29 avril 1945) est l’auteur de La Paix calomniée ou les conséquences économiques de M. Keynes, Paris, Gallimard, 1946, 330 p.

Il créa le 23 janvier 1954 la société "Le Souvenir d’Albert Thomas" et en prit la présidence.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article119898, notice MANTOUX Paul par Michel Dreyfus, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 19 septembre 2022.

Par Michel Dreyfus

Paul Mantoux
Paul Mantoux

ŒUVRE : Patrons et ouvriers en juillet 1830 (1902). — En coll. avec Maurice Alfassa, La Crise du Trade-Unionisme— Notes sur les comptes rendus des séances du Parlement anglais au XVIIIe siècle conservés aux Archives du ministre des Affaires étrangères, Thèse, 1906. — La Révolution industrielle au XVIIIe siècle, 1906. — Coll. à : Le Socialisme à l’œuvre. Ce qu’on a fait, ce qu’on peut faire, dirigé par G. Renard, Paris, Cornely, 1907, 494 p. — A travers l’Angleterre contemporaine. — En coll. : Le Désarmement et l’opinion internationale. — Les Délibérations du Conseil des Quatre, 24 mars-28 juin 1919, Paris, CNRS, 1955. — Préf. à É. Mantoux, La Paix calomniée, op. cit.

SOURCES : Fonds G. Renard, Bibliothèque historique de la ville de Paris. — H. Temerson, Biographies des principales personnalités françaises décédées en 1956, chez l’auteur, 1957, p. 93. — A l’occasion du départ de l’Institut universitaire des hautes études internationales de M. Paul Mantoux le 1er juillet 1951, 22 p. — Mathilde Mantoux, Historique de la mission confiée par A. Thomas à P. Mantoux, 2 feuillets dactylographiés, BDIC (fonds Mantoux), F pièce 4213/1. — Christophe Prochasson, Le Socialisme normalien. Recherches et réflexions autour du groupe d’études socialistes et de l’école socialiste, 1907-1914, Mémoire de Maîtrise, Paris I, 1981. — L’Actualité de l’histoire, 1954.

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