MAO Hervé, Marie

Par Christian Bougeard, François Prigent

Né le 14 juin 1913 à Edern (Finistère), mort le 15 avril 1987 à Brest (Finistère) ; contrôleur puis inspecteur des PTT ; maire SFIO de Châteaulin (1944-1971) ; député SFIO du Finistère (1956-1958) ; secrétaire fédéral de la SFIO du Finistère (1959-1965) ; président de la FGDS du Finistère en 1967 ; résistant Libération-Nord et FFI ; militant SFIO dès 1932 puis PS ; militant de la CGT.

Né dans une famille de commerçants, toutefois sur son acte de naissance son père est noté cultivateur, Hervé Mao fut adopté par la Nation le 17 juin 1919.

Hervé Mao fit ses études à l’EPS de Concarneau où il obtint le brevet élémentaire. Reçu au concours des PTT, il fut nommé comme commis à Paris jusqu’à 1934, date de son départ au service militaire. Réformé au bout de quelques mois pour affection pulmonaire, il fut nommé à Brest en 1937 où il se maria. Il avait adhéré à la SFIO en 1932 et milita dans le port du Ponant, participant à des réunions politiques où il prit la parole. Hervé Mao était aussi très actif dans la CGT.

En poste à Châteaulin comme contrôleur principal des PTT en 1939, non mobilisé, Hervé Mao s’embarqua avec des collègues le 18 juin 1940 sur Le Guilvinec pour rejoindre l’Angleterre mais le bateau fit route sur le Maroc où le Finistérien séjourna deux mois à Casablanca et à Rabat. Rapatrié en France, Hervé Mao fut sanctionné par le gouvernement de Vichy, mis à pied puis réintégré dans les PTT. En mars 1942, le postier rejoignit le mouvement Libération Nord, organisé dans le Finistère notamment par Tanguy Prigent*. En outre, du 1er juillet 1943 au 1er mai 1944, Hervé Mao fut un agent reconnu (classé P 1) du réseau F2. Il fut notamment chargé d’organiser l’interception des lettres de dénonciation dans les principaux bureaux de poste de Brest, Landerneau et Châteaulin (diplôme d’honneur de la Résistance PTT). Responsable de l’Armée secrète, Hervé Mao organisa aussi des parachutages d’armes dans la région de Châteaulin et mit sur pied, à partir du 1er mai 1944, la compagnie FFI « de Gaulle » qu’il commanda avec le grade de lieutenant. Au sein du bataillon Stalingrad, cette compagnie participa en août 1944 aux combats pour la libération de la presqu’île de Crozon. Décoré de la Croix de guerre 1939-1945, Hervé Mao obtint la carte de combattant volontaire de la Résistance (CVR) le 21 janvier 1953. Admirateur du général de Gaulle qu’il reçut comme maire de Châteaulin en juillet 1945 et en septembre 1960 – il se disait volontiers « socialiste, Breton et gaulliste » — Hervé Mao n’en vota pas moins contre les conditions du retour au pouvoir du général de Gaulle en juin 1958.

Hervé Mao, encore contrôleur des PTT à Châteaulin en 1945 et 1946, fut ensuite nommé inspecteur-adjoint puis inspecteur. C’est à Châteaulin qu’il se lança dans une carrière politique. À la Libération, en 1944, il fut nommé maire de la cité, élu en 1945 et réélu en 1947, 1953, 1959 et 1965. Le maire eut un rôle de bâtisseur pour moderniser sa ville des bords de l’Aulne. Hervé Mao se présenta régulièrement aux élections cantonales : à Châteaulin en 1945 (24,6% au 1er tour), au Faou en 1951, à Châteaulin encore en 1958 et 1964, à Châteauneuf-du-Faou (partielle en 1957) et à Pleyben en 1961, mais il ne parvint jamais à entrer au conseil général du Finistère. Tenu par un radical socialiste avant la guerre, le canton de Châteaulin fut gagné en 1945 par le Dr Antoine Vourc’h, un résistant de Plomodiern très connu (réseau d’évasion puis français libre).

Au congrès fédéral du 5 novembre 1944, Hervé Mao devint l’un des délégués à la propagande de la SFIO. Membre du comité fédéral, il participa à de nombreuses campagnes de réunions en 1945 et 1946. Dès octobre 1945, il figura en 5e position (neuf sièges) sur la liste de la SFIO aux élections à l’Assemblée constituante dans le Finistère qui obtint deux députés : Tanguy Prigent* et Jean-Louis Rolland*, les deux élus socialistes de 1936. En juin et novembre 1946, il était en 7e position. Eugène Reeb*, placé second, devint député SFIO du Finistère en novembre 1946 et fut réélu en 1951, derrière Tanguy Prigent.

En janvier 1955, le décès de Joseph Halléguen, député ex-RPF de Quimper, provoqua une élection législative partielle. Contre Jean Crouan, CNI, ex-RPF soutenu par les républicains sociaux et les indépendants, Hervé Mao défendit les couleurs de la SFIO et arriva en troisième position le 20 mars 1955, derrière Crouan et Louis Orvoën, le candidat du MRP. Surtout, avec 18,8% des suffrages exprimés, il dépassa pour la première fois depuis 1945 le candidat du PCF de 1 500 voix mais Crouan fut élu au second tour. Si bien qu’aux élections législatives du 2 janvier 1956, c’est le maire de Châteaulin qui figura en seconde position sur la liste socialiste (9 listes pour dix sièges de députés dans le Finistère). Cette désignation à quelques voix près fut d’ailleurs contestée par la section de Concarneau mais Reeb accepta ce choix. Avec 16,6% des suffrages exprimés, la SFIO conserva deux députés : Tanguy Prigent et Hervé Mao (67 600 voix). Parlementaire au moment de la crise du 13 mai 1958, Hervé Mao suivit les positions de Tanguy Prigent, hostile au retour au pouvoir du au général de Gaulle, avec 49 députés de la SFIO sur 91 et le ralliement de Guy Mollet. Depuis 1957, la fédération SFIO du Finistère était divisée sur la question de la participation gouvernementale. Tanguy Prigent, Hervé Mao (plus discrètement) et la majorité de leur fédération, firent campagne pour le « non » au référendum contre l’avis de Hippolyte Masson*, l’ancien secrétaire fédéral.

En novembre 1958, Hervé Mao se présenta aux élections législatives dans la 6e circonscription du Finistère, celle de Châteaulin-Carhaix (6 candidats au premier tour) contre le sortant Jean Crouan. Le socialiste sortant obtint 13,2% des suffrages exprimés devançant de peu Roger Thomas*, maire de Spézet communiste (11,5%). Mais comme il avait fait campagne pour le non, le PCF se désista pour Hervé Mao qui avec 37,7% des voix fut nettement battu par Jean Crouan (62,2%). Le candidat du MRP Edouard Le Jeune s’était retiré deux jours avant le second tour. Hervé Mao fut aussi régulièrement candidat aux élections sénatoriales en 1955 (2e ), 1959 et 1962.

Quand au début octobre 1959, Tanguy Prigent décida de quitter la SFIO pour rejoindre le PSA, il ne fut pas suivi par les militants du Finistère. Hervé Mao resta fidèle à la « vieille maison ». Avec Robert Gravot, militant brestois, il défendit lors du congrès fédéral du 25 octobre 1959 une motion de synthèse pour préserver l’unité du parti socialiste qui évita une hémorragie militante à court terme. Membre de la commission exécutive fédérale, il devint le secrétaire fédéral de la SFIO du Finistère d’octobre 1959 à mai 1965. Il fut de nouveau candidat à Châteaulin aux élections législatives de novembre 1962 et arriva en 4e position avec 13,1 % des voix, devançant encore de peu le communiste Louis Hémery* (12,5 %). Jean Crouan n’était plus candidat. Mao bénéficia du désistement du PCF dans la quadrangulaire qui l’opposait à l’UNR Suzanne Ploux, au MRP Edouard Le Jeune et à l’ex-radical, Jean Rohou. Suzanne Ploux, résistante, maire de Pont-de-Buis et conseillère générale du Faou l’emporta au second tour avec 33,3 % des suffrages exprimés, Mao arrivant 3e position avec 21,4 % seulement.

Partisan au début des années 1960 de l’union de toutes les forces de gauche, Hervé Mao s’efforça de maintenir une fédération SFIO de plus en plus déclinante. Il soutint en 1964-1965 le projet de grande fédération de Gaston Defferre et travailla de 1966 à 1968 à la mise sur pied d’une FGDS regroupant les radicaux et les clubs en dépit de rivalités internes à la SFIO notamment avec René Heise*. Il devint président départemental de la FGDS en mars 1968. Le maire de Châteaulin fut de nouveau candidat aux élections législatives de mars 1967, affrontant les protagonistes de 1962 sauf Rohou. Cette fois, Hervé Mao fut devancé au premier tour par Louis Hémery, conseiller général et maire PCF de Leuhan. Il ne recueillait que 7 085 voix (15% des suffrages) contre 8 729 au communiste (18,5 %). En vertu de l’accord conclu entre la FGDS, le PCF et le PSU, Hervé Mao se désista pour Louis Hémery qui fut battu au second tour par Suzanne Ploux (61,1 %). En juin 1968, il ne fut pas candidat car la FGDS avait préféré laisser le champ libre au PCF et à au centriste du PDM pour tenter de battre l’UDR Suzanne Ploux qui fut réélue au second tour avec 45,9 % des voix.

En 1971, Hervé Mao perdit sa mairie de Châteaulin, sans doute du fait de l’usure mais aussi à cause de la construction d’une piscine municipale discutée. Il se présenta à nouveau pour le PS en mars 1973 (20,2 %). Mais le jeune communiste Jean-Pierre Jeudy* de Carhaix était arrivé en tête à gauche au 1er tour (21,8 %) ; il fut battu au second par Suzanne Ploux (59,5 %) nommée secrétaire d’État à l’Éducation nationale dans le 2e gouvernement Messmer. Mais le PS triplait ses suffrages dans le Finistère passant de 6 % en 1968 à 19,8 % en 1973, ce qui permit l’élection de Louis Le Pensec à Quimperlé. Une nouvelle génération socialiste allait prendre la relève d’Hervé Mao. Laïc convaincu, l’ancien résistant était délégué départemental de l’Éducation Nationale, commandeur dans l’ordre des palmes académiques et officier d’Académie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article119909, notice MAO Hervé, Marie par Christian Bougeard, François Prigent, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 27 avril 2013.

Par Christian Bougeard, François Prigent

SOURCES : Arch. Dép. Finistère, 145 W 103 et 104. Elections législatives de 1958. — Le Breton Socialiste, 1944-1959. — Ouest France, 1958, 1962, 1967. — Le Monde, 1973. — Fichier Gilles Morin. — Marie Férec, L’impact de la guerre d’Algérie sur la vie politique à gauche dans le Finistère (1954-1962), maîtrise d’histoire, Université de Bretagne occidentale, Brest, 1999. — Christian Bougeard, Tanguy Prigent, paysan ministre, Rennes, PUR, 2002.— Etat civil.

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