MARCELLESI Toussaint

Par Antoine Olivesi

Né le 4 janvier 1900 à Sotta (Corse) ; mort le 7 décembre 1960 à Ajaccio (Corse du Sud) ; instituteur ; militant syndicaliste de la Fédération de l’Enseignement (CGTU), puis (après la fusion) du SNI ; membre du PCF de 1943 à sa mort.

Fils de paysans propriétaires très pauvres au hameau de Cuo, neuvième de treize enfants, Toussaint Marcellesi fit ses études à l’école primaire et au cours complémentaire de Sotta. Reçu à l’École normale d’instituteurs d’Ajaccio sur la liste supplémentaire, il fut employé de tramways à Marseille pendant un mois, avant d’être admis à l’EN de Mâcon (Saône-et-Loire) en 1917. Il adhéra en 1920 à la Fédération unitaire de l’Enseignement (FUE). Instituteur en Saône-et-Loire de 1920 à 1926, à Saint-Léger-sous-Beuvray, à Marizy et enfin à Chagny (1923-1926), il développa ses relations avec le monde ouvrier. Revenu en Corse en 1926, il occupa un poste près de Sartène pendant six mois, puis à Conca (1927-1929) avant d’être nommé à Porto-Vecchio. Marqué par la mort à la guerre de son frère Jean-Baptiste, plus âgé de cinq ans, il développa à Porto-Vecchio le syndicalisme unitaire et le pacifisme. Il se maria religieusement en avril 1929 à Sotta avec Marie Martinelli institutrice. Ils eurent trois garçons, et une fille. L’aînée Jean-Baptiste Marcellesi et la fille cadette Mathée* devinrent professeurs dans l’enseignement supérieur et militants syndicalistes et communistes.

Il anima avec son épouse, André Moreau, puis Joseph Damiani et Romanetti, le syndicat départemental de FUE de Corse (dont il fut longtemps le trésorier) et le groupe des Jeunes. Il écrivit dans L’École émancipée et participa aux congrès départementaux et nationaux, notamment aux congrès de Reims (1933) et d’Angers (1935). Toussaint Marcellesi appartenait à la tendance Bouët. Il contribua à la rédaction du Bulletin départemental de la FUE en Corse. Il accepta la fusion CGT-CGTU par discipline, sans conviction profonde. Entré au Parti socialiste SFIO en 1936 ("pour pousser Blum à l’action"), il le quitta dès la "pause" en 1937. Sur le terrain, à Porto-Vecchio, lui et sa femme étaient très proches des militants communistes et notamment de Fabrice Pietri (lutte contre la guerre, pour l’Espagne républicaine, Secours rouge). Ils ne condamnèrent ni n’approuvèrent le Pacte de non-agression germano-soviétique, restant "dans l’expectative".

En 1939, Toussaint Marcellesi fut mobilisé à Bonifacio, puis à Hyères et à la poudrière de Saint-Chamas. Dès 1940, lui et sa femme furent dénoncés comme communistes (ce qu’ils n’étaient pas alors). Déplacés d’office en décembre 1940 après une campagne de lettres et de pétitions des « Dames de la Légion » et d’une délibération du conseil municipal, ils furent nommés à Sartène, puis, l’année suivante, à Ajaccio.

Pendant l’arrestation et l’internement de 1942 à 1944 de son frère Léonard, Toussaint Marcellesi apporta son soutien au Front national, lors de l’insurrection conduisant à la libération de la Corse, et adhéra au Parti communiste en 1943. Il y resta jusqu’à son décès sans y avoir de responsabilités importantes. En revanche sur le plan syndical avec André Moreau, Don Quilichini, Joseph Bartoli, Albert Ferraci, Ange Stromboni, il reconstruisit en Corse le SNI et la FEN, alors affiliée à la CGT. Il fit la longue grève de 1948 jusqu’au bout, avec ses camarades du SNI. Lors de la scission, il entraîna, une large majorité de la section de la Corse en faveur du maintien à la CGT. Avec sa femme, responsable de l’Union des femmes françaises, il n’accepta "l’autonomie" votée sur le plan national que par discipline. Ils désapprouvèrent de même la disparition de la double affiliation à la FEN-CGT chez les instituteurs. Un an avant sa retraite, en 1954, il vit le vice-recteur de Corse ressortir les vieux dossiers d’avant-guerre et l’empêcher d’accéder à la direction de l’école Pascal-Paoli parce que du temps de la FUE il avait refusé de passer l’examen de directeur. Lors de son décès, le secrétaire du SNI, Ange Stromboni insistait sur le rôle de formateur, de conseiller et de pilier du syndicalisme enseignant en Corse qu’il avait tenu tout en refusant, du fait d’un caractère timide et taciturne, les mandats publics et les places voyantes. En 2007, le nom Marie et Toussaint Marcellesi fut donné à une école de Porto-Vecchio.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article119991, notice MARCELLESI Toussaint par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 17 décembre 2021.

Par Antoine Olivesi

SOURCES : Renseignements communiqués par Dominique et Jean-Baptiste Marcellesi, fils du militant, et Marie Marcellesi. — Le Mémorial des Corses, t. 4, p. 203. — DBMOF, notice par A. Olivesi. — R. Martin, Les Instituteurs de l’entre-deux-guerres, PUL, Lyon, 1982. — Bulletins départementaux de la FUE et du SNI.— Notes de Jacques Girault.

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