Par Nicolas Ksiss
Journaliste sportif ; dirigeant socialiste ; dirigeant du sport ouvrier.
Militant du Parti socialiste SFIO, Pierre Marie fut membre de la commission des conflits à partir d’octobre 1929 (titulaire) ; Suppléant en 1931 (motion Paul Faure), 1932 (motion Fédération du Nord), il redevint titulaire en 1933 (motion Paul Faure) et 1934, dernière année où il siégea. Dirigeant et journaliste sportif, il exprima et théorisa durant l’entre-deux-guerres la distinction socialiste au sein du mouvement sportif ouvrier français. Il fut ainsi secrétaire général dès 1925 de la FST-ISL (Internationale Sportive dite de Lucerne)- scission « réformiste » de la FST ayant de son coté rejoint l’IRS (Internationale Rouge des Sports)- puis régulièrement réélu à la commission administrative de l’USSGT, son nouveau nom à partir de 1927. Spécialiste du sport au sein du PS, il tint la rubrique sportive du Populaire jusqu’à la Seconde guerre mondiale et écrivit régulièrement dans divers organes socialistes SUR ce sujet (La Bataille socialiste).
Le 6 novembre 1932, il présenta devant le Conseil National un long texte, véritable plan d’action, commandé par la CAP et publié intégralement dans la Vie du Parti.. Le conseil national, ayant formellement entériné les mesures préconisées, refila l’enfant à la Fédération nationale des municipalités socialistes qui statua à l’occasion de sa 7ème conférence à Avignon le 15 avril 1933. Antonin Poggioli en présenta les conclusions lors du 30 congrès de Paris (14 juillet 1933). Elles furent votées à l’unanimité. Cette résolution fut insérée en annexe au manifeste de Pierre Marie, Pour le sport ouvrier, publié en 1934. Cette unique position nationale et officielle de le SFIO sur le sport concerna donc essentiellement les municipalités socialistes, sans aborder le rôle de l’Etat.
Pierre Marie fut logiquement élu à la première commission exécutive de la FSGT issue du congrès de fusion de décembre 1934. On le retrouva également à la direction du CLAJ sous le Front Populaire. Néanmoins il semble que son entrée dans le cabinet de Léo Lagrange ait mis un terme à ses responsabilité au sein de la fédération travailliste. Il entretint une brève correspondance avec Pierre de Coubertin, juste avant sa mort (survenue en 1937), quand ce dernier commença à s’intéresser à certains aspects et à certaines valeurs du sport ouvrier, admettant en bon Leplaysien que la classe ouvrière puisse se doter de ses propres organisations, du moment qu’elles reconnaissaient la tutelle du CIO.
Son parcours politique pendant l’occupation le conduisit dans les rangs des collaborationnistes de gauche, à la rédaction du Rouge et le Bleu de Charles Spinasse, ou plus modestement en donnant quelques articles au Midi socialiste. Cependant il ne paraît pas avoir participé à l’animation de l’USGT, qui avait succédé à la FSGT sous la houlette de socialistes généralement proches des néos, organisant par exemple des courses cyclistes sous le patronage de la France socialiste. De fait il fut absent de la liste des exclus à vie de la FSGT établie par la commission d’épuration mise en place à la libération par la direction résistante de Sport-libre.
Par Nicolas Ksiss
.ŒUVRE : P. Marie, " Les taches du sport travailliste " L’almanach du Populaire 1938, Paris, Librairie nouvelle. — Pierre Marie, Pour le sport ouvrier, Paris, Librairie populaire, 1934, 32 p. — P. Marie, « L’unité du sport ouvrier français est réalisée », La Bataille socialiste, 15 janvier1935. — P. Marie, « Le sport ouvrier et l’autre », L’almanach du Populaire, 1937, Paris, Imprimerie nouvelle.
SOURCES : Notes de Jacques Girault. — Sylvie Rab, "Les municipalités ouvrières et le sport dans les années trente. L’exemple de trois municipalités socialistes de banlieue (Boulogne, Puteaux et Suresnes)", in Les origines du sport ouvrier en Europe, sous la direction de Pierre Arnaud, L’Harmattan, collection "Espaces et temps du sport", 1994, p. 247. - Le Populaire, 1929-1939. — Pascal Ory, La Belle illusion, Paris, Plon, 1994, 996 p. — P. Ory, Les collaborateurs, Paris, Seuil, point histoire,p. 137-138. — Notes de Nicolas Kssis.