MARLIN Paul, René

Par Jacques Girault, Claude Pennetier

Né le 15 septembre 1894 à Pannes (Loiret), mort le 5 octobre 1975 à Montargis (Loiret) ; instituteur ; militant syndicaliste de la FUE puis du SNI ; résistant ; militant socialiste, puis communiste, conseiller municipal de Montargis.

Fils d’un petit cultivateur exploitant, ardemment républicain, qui fut pendant quinze ans maire radical-socialiste de Pannes, Paul Marlin entra à l’École normale d’instituteurs d’Orléans et obtint le brevet supérieur.

Il se maria le 30 octobre 1919 à Chantecoq (Loiret) avec Germaine Poget, institutrice, militante communiste, qui était, dans les années 1950-1960, secrétaire de la Fédération de l’union des vieux de France. Le couple eut deux enfants.

Admirateur de Jean Jaurès, les épreuves de la guerre allaient mûrir ses convictions. Soldat au 122e régiment d’infanterie, il lisait l’Humanité et, vers la fin de la guerre, La Vague de P. Brizon. Démobilisé au grade de caporal et la Croix de guerre, il adhéra, en 1919, à la section socialiste de Pannes, participa à la campagne pour les élections législatives de novembre 1919, mais refusa le secrétariat de la fédération socialiste qu’on lui proposait. La même année, il quitta la Ligue des droits de l’Homme.

Après le congrès de Tours (décembre 1920), Paul Marlin rallia le Parti communiste et fut présent dans toutes ses campagnes : grève des ouvriers de Hutchinson (Montargis) en 1920, opposition à l’occupation de la Ruhr en 1923, élections avec le Bloc ouvrier et paysan en 1924. Instituteur à Gaubertin de 1924 à 1929, il était rattaché à la cellule de Puiseaux. En 1928, lors des élections législatives, il subit des attaques personnelles particulièrement vives. Nommé à Vimory (Loiret), il exerça également la fonction de secrétaire de mairie.

Il adhéra au syndicat en 1919 et choisit, en 1922, de rejoindre la Fédération unitaire de l’enseignement. En 1932, il devint secrétaire du syndicat départemental de la FUE et responsable régional du comité Amsterdam-Pleyel.

Après février 1934, il participa aux comités antifascistes et aux manifestations de Front populaire. Animateur de sociétés postscolaires laïques, secrétaire du comité antifasciste de Vimory, secrétaire du mouvement Amsterdam Pleyel dans le Loiret depuis sa fondation en 1933, il luttait localement contre les militants du Parti agraire.

Paul Marlin, dont l’action déplaisait, fut accusé par des parents, à l’instigation des dorgéristes, « d’outrage public à la pudeur ». À la suite d’une enquête jugée irrégulière, l’administration le suspendit puis il reçut un blâme après son passage devant un conseil de discipline, sa défense étant assurée par l’Autonome. Lors du procès au Tribunal correctionnel, le 22 août 1935, alors que le Procureur ne réclamait rien, il fut condamné à six mois de prison et 100 francs d’amende et dix ans de suspension. Or l’enquête administrative conduite sous la direction de l’Inspection académique s’avérait favorable. Son recours en appel fut rejeté, mais soutenu par la majorité des parents d’élève, et le conseil municipal de Vimory, l’inspecteur primaire et l’inspecteur d’Académie, le conseil général et le conseil d’arrondissement soutinrent son pourvoi en cassation. Même ses adversaires politiques, J. Zay, E. Frot, Dézarnauld, prirent sa défense. La presse de gauche lui était favorable, mais l’Humanité tarda à réagir, ce qui provoqua une réaction des communistes de Montargis qui saisirent la direction du Parti communiste pour qu’une enquête sur place soit engagée. Un comité de défense des « Amis de Paul Marlin » se constitua et édita une brochure. Son traitement, étant suspendu, de 1935 à 1939, le Syndicat national des instituteurs le versa. La procédure de révision engagée en 1939 fut ralentie par la guerre, la cour d’Appel d’Orléans le réhabilita en 1945 et il fut réintégré dans l’enseignement en février 1945.

Pendant la guerre d’Espagne, il fut secrétaire du comité de soutien aux réfugiés espagnols de la région de Montargis.

Son épouse, institutrice et syndicaliste fut révoquée en 1939. En septembre, les Marlin furent arrêtés, ainsi que leur fils, membre des Jeunesses communistes, pour « atteinte au moral de la nation », ce qui leur valut quatre mois de prison avec sursis.

Pendant l’Occupation, Paul Marlin était secrétaire de mairie à Guy-les-Nonains. Habitant Vimory, il pratiqua en liaison avec les FTPF des entraves aux réquisitions, des falsifications de listes de recensement de jeunes, de la population, du parc autos, de cartes alimentaires, de cartes d’identité. Après l’assassinat d’un gendarme par des « terroristes », à la suite d’un vol des titres d’alimentation, il fut interné à Pithiviers puis emprisonné à Orléans.

Son fils dut s’enfuir après un sabotage en gare de Montereau (Seine-et-Marne) ; sous les ordres du colonel Fabien, il exécuta plus de trente missions à main armée. Arrêté le 21 juillet, il mourut en déportation au camp d’Erlich-Dora.

Après 1945, Paul Marlin fut membre du conseil syndical de la section départementale du SNI jusqu’en 1952. Secrétaire de la cellule communiste de Nuges-Corquillery de 1948 à 1952, membre du comité et du bureau de la section communiste de Montargis, il était secrétaire de la section de France-URSS de Montargis. Candidat sur la liste communiste aux élections municipales de Montargis en 1953, il entra au conseil municipal en 1954 et siégea jusqu’à la fin du mandat en 1959. Il fut candidat au conseil général dans le canton de Puiseaux en 1955 et en 1961 (245 voix sur 3 346 inscrits).

Il était aussi secrétaire adjoint de la Fédération nationale des internés, déportés et résistants patriotes et secrétaire adjoint de la section de Montargis.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article120311, notice MARLIN Paul, René par Jacques Girault, Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 4 décembre 2021.

Par Jacques Girault, Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat., F60 1554. — Arch. Dép. Loiret, 22 M 110. — RGASPI, 517 1 1747. — Archives du comité national du PCF. — Michel Kister* et Laurence Arambourou, PaulMarlin raconte, Fédération communiste du Loiret, Sens, 1978. — Bernard Sauvageot, Communisme et anticommunisme dans le Loiret..., Mémoire de Maîtrise, Paris-I, 1976. — Une grave erreur judiciaire : l’affaire Paul Marlin ; Un instituteur public victime d’une abominable machination, Montargis, s.d. — Le Travailleur (Loiret), 1935-1938. — Renseignements communiqués par Serge Marlin. . — Notice du DBMOF par C. Pennetier et Justinien Raymond

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