MARLOT Eugène

Par B. Guerreau

Né le 19 novembre 1900 à Quincey (Côte-d’Or) ; agriculteur ; gérant d’une épicerie ; libraire ; chef du service des ventes d’un quotidien régional ; militant socialiste.

Fils d’un petit agriculteur socialisant du canton de Nuits-Saint-Georges, Eugène Marlot, qui, sans être communiste, se voulait d’extrême gauche dans les années vingt, fut amené à la SFIO en 1930 par Jean Bouhey dont il devint l’un des meilleurs amis et au côté duquel il milita pendant plus d’un quart de siècle. Secrétaire de la section socialiste de Corgoloin, village où il fut élu premier adjoint au maire en 1935, il fut par ailleurs la cheville ouvrière de l’organisation mise sur pied par son ami pour entreprendre la conquête de la circonscription de Beaune en 1936. Cette même année 1936, Jean Bouhey, qui avait décidé de fonder un quotidien régional de gauche, la Bourgogne républicaine, l’arracha à l’épicerie pour faire de lui un modeste libraire à Beaune, afin qu’il puisse se consacrer activement, en Côte-d’Or puis dans certains départements voisins, à la prospection des actionnaires, des abonnés et des dépositaires de ce journal.

Après la défaite de juin 1940, Eugène Marlot, qui avait appartenu au camp anti-munichois, fut d’emblée hostile au régime de Vichy. Au sein d’un petit groupe de militants socialistes réunis autour de Jean Bouhey, il organisa des passages dans la zone sud en 1941-1942, fit, en 1942, du renseignement pour le compte du réseau "Agir" qui travaillait pour les Anglais, et participa, en 1942-1943, à la rédaction et à la diffusion dans le département d’un périodique clandestin intitulé Espoir. Il adhéra en mars 1943 au mouvement "Ceux de la Libération", puis devint le responsable régional de "Libération-Nord" le 26 juillet 1943. Arrêté par la Gestapo le 11 août suivant, il fut interné à la prison parisienne du Cherche-Midi, avant d’être déporté au camp de Natzweiler-Struthof (de novembre 1943 à septembre 1944) et à Dachau, d’où il fut libéré par les troupes américaines à la fin avril 1945.

Rentré de déportation, il fut candidat, sur la liste de la SFIO de Côte-d’Or, aux élections aux deux Constituantes, à une place (3e sur 4) qui ne lui laissait aucun espoir ; il fut également candidat, dans les mêmes conditions, aux élections législatives de 1946 et de 1951 (2e sur 5). La SFIO le présenta aussi plusieurs fois aux élections cantonales : en 1945 dans le canton de Beaune-sud, contre le sortant, le maire de la capitale viticole de la Bourgogne, Roger Duchet, qu’il avait déjà affronté dans ce même canton en 1934 ; par la suite dans des "terres de mission" de la gauche, Montigny-sur-Aube en 1949, Sombernon en 1951.

En 1958, il accepta de représenter son parti, alors en très net déclin en Côte-d’Or, dans la première circonscription du département, contre le chanoine Kir, député-maire de Dijon : il recueillit 5 767 voix sur 45 772 suffrages exprimés.

Chef du service des ventes de la Bourgogne Républicaine (qui devint les Dépêches en 1958) jusqu’à sa retraite, en 1965, il fut aussi secrétaire à la propagande de la Fédération socialiste de 1946 au début des années cinquante, et rédacteur en chef de l’Espoir de la Côte-d’Or, l’hebdomadaire qu’elle fit paraître en 1950 et 1951. Favorable à l’élection du chef de l’État au suffrage universel et à la force nationale de dissuasion, Eugène Marlot démissionna de la SFIO à l’automne 1962, à l’époque du "cartel des non", parce que son secrétaire général, Guy Mollet, s’était déclaré favorable à une éventuelle candidature d’Antoine Pinay à la présidence de la République.

Secrétaire de l’Association départementale des déportés, internés et familles de disparus (ADDIF) de 1945 à 1963, il en devint, à cette date, le président. Eugène Marlot se maria à deux reprises.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article120314, notice MARLOT Eugène par B. Guerreau, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 7 juin 2021.

Par B. Guerreau

ŒUVRES : Articles dans Le Socialistecôte-d’orien. — Articles et reportages dans La Bourgogne Républicaine. — Coauteur d’un ouvrage sur Jean Bouhey. - Sac d’os, récit témoignage. Dijon : à compte d’auteur, 1999, 190 p.

SOURCES : Le Socialiste côte-d’orien.La Bourgogne Républicaine— La Résistance chez les fils de Gutenberg dans la Deuxième Guerre mondiale, pp. 220-221. — Interview d’Eugène Marlot.

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