MAROUF Mohammed Ben Kaddour

Par René Gallissot

Né le 23 février 1895 à Orléansville (aujourd’hui El Aman, Algérie) ; un des animateurs de l’Étoile nord-africaine à Paris, responsable communiste de la syndicalisation de la main-d’œuvre immigrée algérienne.

Mohammed Marouf fut travailleur immigré dans la région parisienne au début des années vingt. Marié à une Française, domicilié à Paris (XIXe arr.), il participa à l’activité de l’Union intercoloniale qui publiait le journal le Paria (1922-1925) et apparaissait comme secrétaire permanent de la commission de la main-d’œuvre coloniale de la 20e Union régionale de la CGTU, c’est-à-dire chargé de la syndicalisation de la main-d’œuvre nord-africaine. Il était aussi membre de la commission exécutive des travailleurs de la Métallurgie de la Région parisienne (CGTU) et appartenait à la section coloniale du parti. En 1927, il fut délégué, au titre de propagandiste, au congrès de la CGTU qui se tint à Bordeaux du 19 au 24 septembre.
En novembre 1927, Marouf participa au "Congrès des Amis de l’URSS", une réunion internationale avec 950 participants de 43 pays différents réalisé à l’instigation du Conseil britannique pour l’envoi de délégués ouvriers en URSS et y parle le 12 novembre devant les délégués. Son discours a été imprimé dans le procès-verbal des délibérations du congrès imprimé à Berlin en 1928 sous le titre "Im Zeichen von Hammer und Sichel - Protokoll des KONGRESSES DER FREUNDE DER SOWJETUNION" (p. 77-78).
Il tenta de revenir en Algérie en 1927-1928, mais fut arrêté à son débarquement, emprisonné puis déporté dans le sud pour six mois.

Le 24 mars 1929, Marouf participa à la conférence communiste de la région parisienne, salle Reflut à Clichy (Seine) et fut arrêté ainsi que les 129 délégués présents. En mai de cette même année 1929, il faisait partie, au titre de rédacteur et administrateur du Réveil colonial, organe périodique du bureau de la main-d’œuvre coloniale de la XXe région des syndicats unitaires. Il était demeuré permanent de la CGTU après la fondation de l’Étoile nord-africaine (ENA) en 1926. Son rôle ne devint toutefois primordial qu’à partir de 1929 ; il fit alors partie du Comité directeur et apparut chargé par le Parti communiste de maintenir l’ENA dans la mouvance communiste, alors que l’organisation tendait à devenir autonome sous l’impulsion de Messali Hadj ; ce qui fut effectif en 1933 à la suite de l’adoption des nouveaux statuts de l’ENA et la décision d’interdire la double appartenance. Marouf publia alors par l’intermédiaire de la CGTU le journal El Amel qui tendit à concurrencer El Duma, journal de l’ENA et de Messali (à partir de 1931).

Marouf fut présenté par le Parti communiste aux élections législatives des 1er et 8 mai 1932 dans la deuxième circonscription du VIe arr. de Paris (Notre-Dame-des-Champs, Saint-Germain-des-Prés). Il recueillit 714 voix sur 9 985 votants et 11 934 inscrits (6 %). A la section coloniale du PC, à laquelle il appartenait, il fut jugé "dévoué mais politiquement faible ; ne fait que du petit travail pratique parmi les Nord-Africains et de façon décousue". Aussi fut-il décidé qu’il retournerait en Algérie (1932). Il semble s’être fixé définitivement en Algérie en 1933 ; il s’installa à Pontéba, près d’Orléansville, où il vécut d’agriculture irriguée. Il s’employa à la syndicalisation des ouvriers agricoles dans la vallée du Chélif. En 1935, lors de la réunification syndicale, il entra au bureau de la région algérienne CGT et devint permanent syndical, chargé des ouvriers agricoles ; en 1937, il fut en outre responsable des mineurs.

Au IIe congrès du Parti communiste algérien en décembre 1937, déjà membre du comité central, il fut élu membre suppléant du Bureau politique.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article120341, notice MAROUF Mohammed Ben Kaddour par René Gallissot, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 21 février 2019.

Par René Gallissot

SOURCES : Arch. Nat. F7/13119. — Arch. Dép. Gironde, 1 M 577. — Arch. PPo. Ba 1716. — Bibliothèque. marxiste de Paris. — G. Lachapelle, Les Élections législatives, op. cit. — Interviews de Ben Ali Boukort et Amar Ouzegane, par J.-L. Planche. — "Protokoll. Der Kongress der Freunde der Sowjetunion". <10.-12.> - (Berlin) : Die Einheit 1928. 127 S. [Umschlagt. :] Im Zeichen von Hammer und Sichel. — Notes de Hans-Ulrich Seifert, Bibliothécaire à la B. U. de Trèves (Allemagne)

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