MARQUÈS André, Jules

Par Jean-Michel Gaillard

Né le 15 novembre 1897 à Nîmes (Gard), mort le 30 janvier 1968 à Nîmes ; ouvrier des lignes PTT ; militant communiste et syndicaliste CGT du Gard.

André Marquès
André Marquès

Fils d’un boucher d’origine cévenole qui devint employé municipal et d’une piqueuse en chaussures, André Marquès fréquenta l’école jusqu’à l’âge de douze ans et devint garçon boucher, puis "lignard" c’est-à-dire ouvrier des lignes aux PTT à partir de 1919 et jusqu’en 1947.

Mariée le 14 avril 1917 avec Julienne Simone Allard, née le 21 février 1898 à Claranzac (Gard), André Marquès adhéra à la CGT dès sa démobilisation en 1919, puis au PCF dès sa fondation. Le couple qui eut deux enfants résidait Résidant cité Barbès à Nîmes. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, son activité militante se déroula surtout sur le plan syndical. Il fut en effet secrétaire départemental du syndicat des PTT, secrétaire de l’Union locale des syndicats CGT de Nîmes, puis de l’Union départementale. Participant à toutes les manifestations de son époque, on le trouve présent dans l’action contre la guerre du Maroc, à la tête des manifestations antifascistes qui se déroulèrent à Nîmes en février 1934, de celles du Front populaire et contre la guerre d’Espagne. Plusieurs fois suspendu pour fait de grève, il écrivait très régulièrement dans les journaux locaux du Parti communiste et de la CGT (le Cri du Gard, la Voix de la Patrie, etc...). Son rôle dans le mouvement syndical nîmois lui valut d’élaborer et de signer en tant que délégué CGT de nombreuses conventions collectives au moment du Front populaire, notamment dans les PTT, la Chaussure, le Commerce et l’Habillement.
Arrêté et emprisonné à Nîmes en 1940, il était considéré comme un des militants parmi les « plus violents de Nîmes », Resté fidèle au PC, il expliquait sa position ainsi en mars 1940 : "Oui, lorsque j’ai appris qu’un pacte avait été signé entre l’Allemagne et la Russie, je me suis élevé contre ; j’ai lu les diverses attaques contre la Russie par la presse bourgeoise... Je me suis complètement retourné et en ce moment j’approuve la Russie" (rapport du commissaire central au préfet, 31 mars 1940, cité par Fabrice Sugier et Monique Vézilier, p. 53). Il fut interné administrativement et transféré en Algérie dès le 11 octobre 1940. Interné à La Redoute de Bossuet, il fut libéré en mai 1943. Son dossier de Résistance le fait apparaître comme membre du Front national, ce qui recouvre son engagement dans le parti communiste clandestin.
Sa femme Julienne Simone, sa fille Julienne Henriette, son gendre Daniel Peretto et son fils Jacques partageaient ses convictions et participèrent à la Résistance communiste. Julienne Simone, militante communiste comme son mari, reprit son travail de chemisière lorsqu’il fut arrêté. Mais, soupçonnée d’activité communiste, elle fut l’objet d’un arrêté d’internement administratif pour six mois, tout comme sa fille Julienne Peretto, le 26 février 1942. Elle savait que sa fille et son fils avaient logés des dirigeants clandestins. Les deux femmes furent envoyées au camp de Brens (Lozère). Interrogée au camp, elle nia avoir eu une activité politique ou syndicale, affirma qu’elle s’était toujours conduite en bonne française et qu’elle voulait continuer à servir son pays et travailler pour ses vieux parents. Le chef de camp comme le préfet de Lozère estimèrent qu’elle était au camp depuis trop peu de temps pour donner un avis sur une libération éventuelle. Cependant, le commissaire de police du camp, le 23 octobre suivant et le préfet régional le 3 novembre donnèrent un avis défavorable à la libération de la mère comme de sa fille. Son dossier de Résistance la donne comme membre du Front national, ce qui recouvre souvent un engagement au Parti communiste clandestin.
Sa fille Julienne Henriette, qui résidait cité Armand Barbès à Nîmes comme ses parents, s’était mariée avec Daniel Perretto, ouvrier soudeur à la SNCF, le 30 novembre 1935. Ce dernier, militant lui aussi, furent interné administrativement un peu après son beau-père et envoyé au camp de Saint-Paul d’Eyjaux (Haute-Vienne). Julienne Perletto travailla alors comme manutentionnaire dans une usine de conserves. Son frère, Jacques, militant à la Jeunesse communiste (JC), fut arrêté le 2 février 1942 et et écroué au fort Saint-Nicolas à Marseille (Bouches-du-Rhône). Elle l’avait aidé à héberger des militants clandestins dans un mazet qu’il avait loué. Elle avait logé Jean Burles, dirigeant de la JC. Internée en même temps qu’elle au camp de Brens par l’arrêté du 26 février 1942, elle a sans doute été libérée avant sa mère. Après l’avis défavorable donné par le commissaire de police du camp et le préfet régional pour les deux femmes, quelques semaines plus tard, le 12 décembre 1942 , le chef du camp ne voyait pas d’inconvénient à une libération conditionnelle de la fille, n’ayant rien à signaler. Interrogée, elle avait affirmé n’avoir jamais fait de politique, ni de syndicalisme ; elle avait ajouté qu’« étant née Française, elle soutiendra l’œuvre du gouvernement du moment qu’il va servir la France » et qu’elle ne s’occuperait que de son mari si elle était libérée.

André Marquès fut de 1944 à 1952 membre du bureau de de l’union départementale CGT. Il mourut dans sa ville natale le 30 janvier 1968.

Une rue de Nîmes porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article120359, notice MARQUÈS André, Jules par Jean-Michel Gaillard, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 20 avril 2021.

Par Jean-Michel Gaillard

André Marquès
André Marquès

rr^té. SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône 5 W 199 (dossier internement de sa femme et de sa fille). — Vincennes GR 16 P 395777 pour André (nc) et GR 16 P 8587 pour son épouse (nc). —Stéphane Courtois, La Politique du PCF et ses aspects syndicaux, 1939-1944,Thèse, op. cit. — Fabrice Sugier et Monique Vézilier, Le Gard dans la guerre 1939-1945, Clermont-Ferrand, de Borée, 2017. — La Marseillaise. — Le Dauphiné libéré], 27 mai 2008. — Interview de Madame Veuve Marquès. — État civil. — Notes de Fabienne Sartori et de Jean-Marie Guillon.

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