MARTEL Wladimir, Paul, Albert

Par Alain Dalançon, Claude Pennetier

Né le 6 janvier 1887 à Sarceaux (Orne), mort le 7 septembre 1950 à Argentan (Orne) ; instituteur ; militant socialiste de l’Orne, résistant, maire communiste d’Argentan (1944-1947).

Fils de Clovis-Édouard Martel, employé aux chemins de fer de l’Ouest, et de Marie Lecoq « s’occupant des soins du ménage », Wladimir Martel devint instituteur. En poste à Macé à partir de 1912, il s’y maria le 28 août 1914 avec Hélène Marre. Exempté du service militaire en 1908, il fut rappelé en août 1914 et réformé définitif en avril 1915.

En 1919, militant socialiste, il fut élu conseiller municipal à Macé et était dirigeant en 1920 de la section de la Libre pensée, la seule de l’Orne à l’époque. Anticlérical et défenseur de l’école laïque, il était partisan de la collaboration avec les radicaux.
En 1925, il fut nommé à Neuilly-le-Bisson, puis à Saint-Martin-l’Aiguillon où il eut des difficultés avec les « cléricaux » : ceux-ci enfoncèrent les portes de l’école laïque.
Muté à Argentan, il siégea au conseil municipal de 1928 à 1935, et fut un temps adjoint au maire socialiste Yves Silvestre. Il démissionna en 1934 pour assurer le remplacement du secrétaire de mairie décédé, Charles Mollet (1861-1934).

En 1931, à l’occasion du cinquantenaire de l’école laïque, il publia une petite brochure pour mener campagne en sa faveur. Militant de la tendance Action socialiste, il était membre du comité de propagande du cartel d’action ornaise pour la paix. Il fut délégué au congrès d’Amsterdam contre la guerre (27-29 août 1932) et publia en 1933 un opuscule, Guerre ou Révolution, préfacé par Henri Barbusse. Et il assura en 1935 la vice-présidence de la Ligue des droits de l’Homme et du citoyen de l’Orne.

En septembre 1912, il avait fait la connaissance d’Ernest Granger, ancien lieutenant de Blanqui, avec qui il se lia d’amitié. Il nota leurs conversations et en tira un ouvrage qu’il rédigea en consultant Georges Renard, Lucien Descaves, A. Zévaès et Amédée Dunois, et qui fut publié en 1939.

Syndicaliste, sympathisant communiste, il entra dans la Résistance dans le maquis « France ». À la Libération, Yves Silvestre, son ancien camarade, maire depuis 1925, fut accusé de collaboration et dut démissionner. La municipalité fut remplacée par une délégation spéciale que Wladimir Martel présida. Il dut gérer la destruction de la ville par les bombardements alliés de juin 1944 : travaux de déblaiement, installation de baraquements, résolution des problèmes de ravitaillement, de chauffage, réorganisation des services municipaux… Devenu membre du PCF, il fut élu maire le 19 mai 1945. Il accueillit le général de Gaulle le 10 juin 1945, et la ville fut déclarée prioritaire pour la reconstruction. En 1947, il ne se représenta pas, Eugène Denis, son adjoint, lui succéda de 1947 à 1950.

En janvier 1950, sous le pseudonyme de Vincent Valdorne, il publia Argentan – 1939-1944 – ses 4 années d’occupation – sa libération – sa destruction – sa reconstruction où il racontait la vie pendant l’Occupation, ainsi que l’allégresse et les attentes qui régnaient dans la ville à l’occasion de la première venue du général de Gaulle, le 10 juin 1945.

À sa mort, il légua tous ses biens à sa commune natale, Sarceaux, où se trouve une rue Wladimir Martel, comme à Argentan depuis 1965.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article120453, notice MARTEL Wladimir, Paul, Albert par Alain Dalançon, Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 25 mars 2021.

Par Alain Dalançon, Claude Pennetier

ŒUVRE : Mes entretiens avec Granger, lieutenant de Blanqui, Paris, MLIP, 1939, 262 p. — "Un Militaire" (dans Le Pays d’Argentan), 1943. — La Bataille d’Argentan, 1945. —Notes de voyage et compte rendu vers la guerre ou la révolution, s. d. — Pseudo Vincent Valdorne, Argentan – 1939-1944 – ses 4 années d’occupation – sa libération – sa destruction – sa reconstruction. 86 p., éditeur-imprimerie du Réveil-Normand, l’Aigle-Orne.

SOURCES : Arch. Nat. F7/13084. — Arch. Dép. Orne, état civil, registre matricule. — SHD, Vincennes GR 16P/396679. — Le Populaire normand, 1920 ; Le Pays normand, 1925-1931 ; L’Œuvre, 2 mai 1933. — Alexandre Mallarte, L’action socialiste. Un mouvement d’unité révolutionnaire au sein de la SFIO (1930-1935), Master 2, Université de Bourgogne, 2016, p. 155. — Site de la mairie d’Argentan, mis à jour en juillet 2020.

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