MARTIN Adrien

Par Roger Martin

Né et mort à Gérardmer (Vosges) : 3 mars 1876-12 mars 1960 ; militant socialiste et coopérateur.

Aîné de treize enfants, Adrien Martin travailla comme son père à l’usine de jouets Simonin à Gérardmer. Il adhéra au Parti socialiste dès 1905 et devint l’un des membres les plus actifs du groupe local.

Le 28 janvier 1906, il fonda la coopérative ouvrière "Le Réveil" avec vingt-quatre autres ouvriers. Le capital de départ était dérisoire (vingt-cinq actions de 25 F chacune) et la coopérative s’installa dans une ancienne ferme qu’elle loua à Saint-Dié. Le premier gérant fut Félix Gille. Ces débuts précaires ne l’empêchèrent pas de connaître une rapide expansion, et en 1906, les dirigeants de la coopérative procédèrent à l’achat d’un terrain afin de construire de nouveaux locaux. En 1910, la boulangerie, l’épicerie plus une salle des fêtes à l’étage fonctionnaient. La coopérative créa alors une section des pupilles des coopératives ; le socialiste Benoni Baradel fut le professeur de chant de ce "patronage laïc". Martin devint, cette année-là, administrateur délégué.

Élu en 1912 conseiller municipal de Gérardmer sur une liste de gauche, Martin participa à l’action contre la guerre, spécialement au moment du vote de la loi des trois ans. En 1913, il fit venir plusieurs personnalités connues pour leur antimilitarisme, Gabrielle Petit, Julia Bertrand et surtout Gustave Hervé, qui vint accompagné d’Émile Lorraine et d’Aimé Piton. Il participa également à la manifestation contre la loi des trois ans à Épinal.

Pendant la Première Guerre mondiale, Martin fut mobilisé comme garde-voie, puis réformé pour maladie. Il revint à la coopérative qui fonctionna pendant toute la durée de la guerre ; certains ouvriers ne recevaient alors plus leur paye, mais des billets de fournitures pour "Le Réveil". En 1919, la coopérative qui connaissait un brillant essor se rendit propriétaire du local de Saint-Dié. Ses assemblées générales étaient régulièrement animées par Léon Renaux , responsable des coopératives vosgiennes.

Réélu conseiller municipal en 1919, Martin resta membre de l’assemblée municipale de Gérardmer jusqu’en 1935 ; il devint adjoint au maire (le radical Charton) en 1924. Il fut aussi candidat aux élections législatives de 1919 sur la liste de la Fédération socialiste des Vosges conduite par Aimé Piton. Il suivit quelque temps la majorité qui adhéra à la IIIe Internationale après le congrès de Tours (décembre 1920) mais revint vite à la SFIO.

Après les graves incidents du 12 février 1934 à Gérardmer (manifestation antifasciste), plusieurs ouvriers communistes ayant été poursuivis en justice et licenciés, Martin s’efforça de leur donner un emploi au "Réveil".

Il ne prit aucune part au Front populaire. Il consacra le reste de son existence à la sauvegarde de l’indépendance de la coopérative ouvrière, menacée par l’évolution du commerce de détail.

La coopérative "Le Réveil" fut par la suite absorbée par la société COOP.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article120497, notice MARTIN Adrien par Roger Martin, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 26 janvier 2017.

Par Roger Martin

SOURCES : L’ouvrier vosgien, 1902-1913. — Le Courrier des Vosges, 1919-1924. — Témoignage de la fille et des fils d’Adrien Martin. — Le Coopérateur de France (Pâques 1960) et n° 246 de 1963.

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