MARTINET Octave, Alexandre

Né à Issoudun (Indre) le 23 septembre 1850 ; mort dans la même ville le 16 avril 1935 ; militant blanquiste ; secrétaire général de la Chevalerie du Travail française (1896-1898) ; socialiste.

En 1868, Octave Martinet éprouvait déjà de la sympathie pour A. Blanqui, mais sans plus, le plaçant au même rang que les hommes les plus connus d’alors pour leur dévouement à la cause populaire. À Moulins, il fit la connaissance du clerc de notaire Alphonse Michel, un ami du vétéran Félix Mathé. Michel, par son compatriote Henri Place (Verlet) était en relations avec les jeunes qui à Paris, sous la direction du "Vieux", menaient la lutte la plus vigoureuse contre l’Empire. Grâce à Michel, Martinet apprit à apprécier particulièrement Blanqui et à rendre justice à la netteté et à la justesse de ses vues, à l’énergie de son action. Toute sa vie il restera marqué par cette révélation.

En 1869, Michel s’étant rendu à Paris, Martinet le rejoignit. Il fut étudiant en pharmacie et demeura un moment, 78, rue du Faubourg-Saint-Germain. Par Michel et Verlet, il put s’affilier à un groupe de combat blanquiste et aussitôt, dans le logement de Michel, rue des Écoles, il participa à un exercice de barricade dirigé par Alfred Breuillé. Il fut dès lors de la "petite armée révolutionnaire" qui, combinant l’action souterraine et l’action publique, mettait la police sur les dents. Pour une exclamation au cours d’une manifestation place de la Sorbonne, il fut arrêté par un officier de police et retenu cinq heures au poste. On ne trouva pas un plan de barricade qu’il avait sur lui et il fut relâché.

En 1870, après les premiers désastres militaires, la question du renversement de l’Empire se posant, les blanquistes songèrent à s’emparer par surprise du fort de Vincennes qui, dans leur esprit, devait permettre l’armement du peuple de Paris. Martinet assista au conseil de guerre qui se tint chez Eudes pour préparer le plan d’action. Ce plan étant devenu impraticable, on se rabattit sur le coup de main de La Villette ; le 14 août 1870, Martinet y participa. L’affaire échoua, comme on sait, et ce n’est pas chez Martinet que Blanqui, traqué, se réfugia, ainsi que l’affirme une version.

Appelé comme conscrit et obligé, faute de ressources, de revenir à Issoudun, Martinet ne put prendre part au 4 septembre et se trouva séparé de Blanqui pour de longues années. Il devait le retrouver à Paris quand l’"Enfermé" sortit de la prison de Clairvaux (1879). Martinet tenait alors, avec Mme Roland sa compagne, une pharmacie vers le Jardin des Plantes, rue Geoffroy-Saint-Hilaire (Ve arr.). Il contribua avec Granger aux frais de loyer, d’entretien et de voyages du "Vieux", fut des collaborateurs de Ni Dieu ni Maître et lutta vainement aux côtés de Vaillant et du docteur Vimon pour sauver le vétéran. Ensuite, pour une affaire d’assurances et peut-être d’avortement assez trouble, Martinet fut arrêté et condamné à la prison. Il faut dire qu’il était en rapports avec Paul Robin et aidait à diffuser les moyens pratiques d’éviter la procréation.
Il se présenta aux élections municipales de 1881 dans le quartier du Jardin-des-Plantes comme socialiste indépendant, en 1884 comme candidat du CRC il obtint 6,80 % dans le quartier Saint-Victor. En juin 1886, il était encore dans le Ve arr. et il souscrivit pour les grévistes de Decazeville. Mais en 1892, passé dans le Xe arr., il tint boutique sous le couvert de Blachas, rue de l’Aqueduc, à la limite du XIXe arr. (pharmacie de la Rotonde). Il fut réadmis unanimement à la section du Comité révolutionnaire central de cet arr., le 21 juillet 1892. Vaillant, présent à la séance, après ses explications sur sa condamnation, déclara "qu’il n’avait jamais un seul instant cru à sa culpabilité et qu’il a toujours été convaincu, au contraire, qu’il était victime." Candidat unique des blanquistes et des broussistes aux élections municipales, en 1896, dans le quartier de la Goutte-d’Or (XVIIIe arr.), il ne fut pas élu (2 303 voix sur 7 350 votants).

En même temps qu’à la section parisienne du XIXe arr., Martinet, tenant à garder le contact socialiste avec son pays natal, appartenait au groupe d’Issoudun affilié à la même organisation. Il le quitta probablement quand ce groupe, après l’adhésion du futur député Jacques Dufour, adhéra au POF.

Martinet appartenait au chantier des Chevaliers du Travail français (CTF) du Xe arr. Il en fut le délégué avant de devenir, le 7 avril 1896, secrétaire adjoint de la CTF, puis, après la démission d’Adrien Véber, secrétaire général à son tour (juillet 1896). Il le resta jusqu’au printemps de 1898. À partir de ce moment, on ne retrouve plus sa trace dans le groupement.

Il quitta Paris postérieurement au 14 juillet 1898 pour s’établir pharmacien, boulevard Baron, à Issoudun. On l’inscrivit pour la première fois sur la liste électorale d’Issoudun en 1900.

Il ne fut délégué ni au congrès général de Japy (1899) ni à celui de Wagram (1900). Après l’échec des tentatives nationales d’unification, il se réveilla pour constituer une fédération autonome dont il fut le secrétaire. Il la représenta au congrès de Lyon en 1901. L’un des quatre délégués de l’Indre au congrès d’unité de la salle du Globe (avril 1905), il n’y prit pas la parole ; mais à son retour il devint secrétaire de la fédération unique de l’Indre. Dès lors, on le retrouve délégué aux divers congrès de la SFIO. Mais il ne fut d’aucun bureau et ne prit pas la parole. Après la scission de Tours, il resta dans la "vieille maison" ainsi qu’il était prévisible, puisque, au congrès de Strasbourg (25-29 février 1920), tout en portant les vingt-neuf mandats de l’Indre pour le retrait de la IIe Internationale, il donnait seulement trois mandats à la IIIe Internationale. Du 1er novembre 1919 à mai 1921, il collabora au Progrès social, journal de la Fédération.

Octave Martinet fut conseiller municipal d’Issoudun de 1912 à 1925, puis à nouveau de 1929 à 1935. Pendant cette dernière période, il fut en outre adjoint au maire. Élu conseiller d’arrondissement en 1919, il le resta jusqu’en 1935.

L’ancien bagarreur du Second Empire, l’ex-secrétaire général de la CTF était devenu très réformiste. Franc-maçon, à la tête de la Ligue des droits de l’Homme, président d’honneur de la fédération SFIO de l’Indre, son porte-drapeau, et à plusieurs reprises son élu au conseil municipal d’Issoudun (1919-1929) et au conseil d’arr. d’Issoudun Nord (14 déc. 1919, oct. 1928, oct. 1934), il se montrait partisan du Cartel des Gauches.

C’était un "fort brave homme", dit Lucien Roland qui l’a bien connu ; c’était, dit Georges Thomas, « un militant honnête, un véritable apôtre, respecté par tous dans l’Indre ».

Voir Thirifocq E.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article120686, notice MARTINET Octave, Alexandre, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 16 février 2020.

SOURCES : Biographie rédigée par M. Dommanget qui reproduit presque mot pour mot celle donnée dans La Chevalerie du Travail française 1893-1911, Éditions Rencontre, Lausanne, 1967, pp. 205-208. — Le Socialiste, 1er-8 janvier 1911. — Le Réveil social, n° 56, 7 décembre 1893. — Comptes rendus des congrès du Parti socialiste. — Témoignage de G. Deville. — Michel Offerlé, Les Socialistes et Paris, 1881-1900. Des communards aux conseillers municipaux, thèse de doctorat d’État en science politique, Paris 1, 1979. — Renseignements communiqués par la mairie d’Issoudun.

ICONOGRAPHIE : Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes II, op. cit., p. 209.

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