MARTINEZ Felipe

Par Odette Hardy-Hémery

Né le 26 octobre 1915 à Raismes (Nord) ; mineur ; militant communiste ; combattant des Brigades internationales ; résistant ; déporté en Allemagne comme otage.

Felipe Martinez était le second d’une famille de quatre enfants. Ses parents arrivèrent en France en 1913 à Wallers-Aremberg où son père devint mineur, syndiqué à la CGTU puis à la CGT. La famille habita à Raismes-Sabatier, cité des Mines, puis un moment à Bruay-sur-l’Escaut pour revenir finalement à Raismes-Sabatier. Felipe fréquenta l’école primaire jusqu’en juin 1928 où il obtint son certificat d’études primaires. Son père ne voulant pas qu’il aille à la mine, il travailla de septembre 1928 à septembre 1936 dans les entreprises suivantes : Cycles Bemade de Bruay-sur-l’Escaut, Chantiers des mines d’Anzin, Usine Malissart-Taza à Beuvrages, Établissements André Hubert à Bruay-sur-l’Escaut, puis la Soierie d’Odomez d’où il fut licencié en 1936 pour activité syndicale, Fonderie Hallage Cochen de Bruay-sur-l’Escaut (il en fut également licencié pour activité syndicale durant la grève de 1936), enfin Usinor-Lourches.

Au début octobre 1936, après plusieurs entrevues au consulat d’Espagne à Lille et à l’ambassade de Paris, Felipe Martinez apprit par un employé de l’ambassade que l’on recrutait des volontaires pour l’Espagne républicaine au siège des syndicats à Paris, rue Mathurin Moreau. Étant aux Jeunesses communistes, Felipe Martinez s’engagea sans hésitation dans les Brigades internationales. Il rejoignit par Marseille, Alicante puis Albacete avec d’autres volontaires espagnols de Raismes-Sabatier : Daniel Lopez, Francisco Ruez, Bernardino Otero, tous trois tués au front, Isaac Vinuela, Manuel Vega, Amor Veñuela, Constantino Fulgueiras, Elios Vegas, Salvador Sanchez et deux Polonais, Stanis Suma et Leon Gool. Les combattants reçurent une préparation militaire dans les villages de Mahora et de Madrigueras. Felipe Martinez fut versé dans la 11e BI qui défendit Madrid et se battit sur les fronts de Jarama, Guadalajara, Utande, Brunette. Puis il fit partie d’une unité régulière de l’armée républicaine « Ejerato popular » jusqu’à son retour en France en février 1939. Il fut alors interné au camp de Saint-Cyprien d’où il s’évada. Il rentra chez ses parents en mars 1939. C’est alors qu’il se retrouva sans papiers et sans travail pendant dix mois.

En janvier 1940, il reprit son travail aux mines de Crespin jusqu’en mai, puis, d’octobre 1940 à septembre 1941, au puits Sabatier des mines d’Anzin. Dès le début de l’Occupation, avec plusieurs camarades espagnols, Joseph Mesa et son père, Vegas père et fils, Fernandez père et fils, il participa à la distribution de tracts qui leur étaient remis par des clandestins dont ils ignoraient l’identité. Le 1er mai 1941, ils placèrent des drapeaux rouges dans les fils électriques de Raismes-Sabatier. Felipe Martinez participa à la grève des mineurs de mai 1941. Il fut arrêté le 13 septembre 1941 à Raismes comme otage communiste et interné à la Feldkommandantur de Valenciennes où il retrouva José Fernandez, Alfred Dubois mort en déportation, Gilbert Coupez, Hyacinthe Mars et René Franck ces deux derniers fusillés.

En janvier 1942, il fut transféré à la prison de Loos-lez-Lille, puis à celle de Saint-Gilles près de Bruxelles (Belgique), toujours dans les quartiers allemands. Enfin, en mars 1942, il fut déporté en Allemagne, au camp de Mauthausen et participa à la première réunion clandestine pour organiser le combat des Espagnols et constituer une direction politique. Le 8 mai 1945, il fut libéré à Ebensee, kommando de Mauthausen, par les Américains et revint à Raismes en juin 1945. Il reprit son travail à la fosse Sabatier en septembre 1945 jusqu’en mars 1969. Il cessa d’appartenir au Parti communiste au début de 1960 tout en restant fidèle à son idéal.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article120691, notice MARTINEZ Felipe par Odette Hardy-Hémery, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par Odette Hardy-Hémery

SOURCES : Arch. du Musée de la Résistance à Denain (Nord). — Arch. personnelles de l’intéressé. — Jean-Marie Fossier, Nord-Pas-de-Calais, Zone interdite. Mai 1940-Mai 1945, Paris, Éditions sociales, 1977.

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